Et encore un report de prévu des législatives ! Un report technique dans l'attente d'une nouvelle loi électorale, promettent-ils, espérant ainsi faire avaler la couleuvre. Mais un report qui pourrait cacher une prorogation déguisée, avertit le patriarche maronite, Béchara Raï.
Une prorogation de plus, après celles de 2013 et de 2014. Cela n'en finit pas ! En faisant le compte, les députés s'agrippent à leurs strapontins depuis deux mandats et n'envisagent pas de lâcher prise. Les dernières élections législatives remontent, elles, à... juin 2009. Huit ans donc que le citoyen est interdit de choisir ses représentants au Parlement. Huit longues années qu'on lui confisque le droit de voter, de s'exprimer, de sanctionner.
Et ne voilà-t-il pas qu'on lui annonce, avec beaucoup de doigté, certes, qu'en mai prochain il n'aura pas non plus la possibilité de déposer son bulletin dans l'urne.
Le vote est pourtant un droit à la base de tout système démocratique. Même imparfait, il est le droit d'une jeunesse qui aspire au changement, au renouvellement de la caste au pouvoir. Il est le droit d'une femme, qui aspire à représenter ses pairs, à être aussi mieux représentée.
Mais la classe politique ne l'entend pas de cette oreille. Engoncée dans ses tiraillements et ses divisions, incapable de prendre la moindre décision, elle va de report en report, tout en évitant de se remettre en question ou de s'attaquer au problème qui la mine.
Elle invoque alors divers prétextes, le conflit syrien et ses répercussions sur la scène libanaise, la mauvaise situation sécuritaire. À présent, c'est la réforme de la loi électorale qui n'aboutit toujours pas. Que trouveront-ils, demain, nos chers politiciens ?
Impuissant, les bras liés, le citoyen ne peut que déplorer. Il a bien tenté d'exprimer son mécontentement, dans la rue. Lors de la crise des déchets d'abord, lors des mouvements enseignants par la suite. Il s'est de nouveau mobilisé récemment, lorsque ces députés autoprorogés ont voulu lui imposer de nouvelles taxes, s'octroyant davantage de largesses financières, sans rien lui proposer en contrepartie.
Mais on l'a fait taire sans ménagement, infiltrant les manifestations, sabotant les initiatives, ridiculisant les porte-parole, sanctionnant les plus critiques jusqu'au harcèlement, jusqu'à la prison pour certains.
Revendicateur, il n'y a pas si longtemps, au sein d'une société civile vibrante mais désorganisée, le citoyen aurait-il, par son silence, accepté le fait accompli ? Le report annoncé des législatives est pourtant bien le report de trop.
Le citoyen grognon c'est aussi vous. Si vous avez été victime ou témoin de corruption, si vos droits ont été bafoués, racontez-nous votre expérience.
annemariehage@lorientlejour.com
Une prorogation de plus, après celles de 2013 et de 2014. Cela n'en finit pas ! En faisant le...
commentaires (5)
"Je le ferai encore si j'avais à le faire ". L adage de l 'électeur libanais qui, selon vous madame est "interdit " de ses droits aux urnes ,mais qui le moment venu tombe dans la récidive et nous ramène au parlement les mêmes tronches des dernières élections . Il n'est privé de rien l électeur libanais sauf de se donner un coup de fouet pour se dépoussiérer des idées reçues des dernieres décennies , de sortir du carcan de la génuflexion devant le petit leader ,le beik ou le cheikh .. Je ne vois rien de cela en perspective et les mentalités sclérosées ne pourraient pas changer de sitôt .
Hitti arlette
12 h 57, le 06 avril 2017