Les défis actuels de l’UE, sa force pour l’avenir

C'est dans une salle comble qu'a retenti l'Ode à la joie, œuvre de Beethoven mais également hymne européen. Organisée conjointement par l'ambassade d'Italie, la délégation de l'Union européenne et la Lebanese American University (LAU), la conférence, tenue hier, axée sur le soixantième anniversaire du traité de Rome, signé en 1957 par les six pays fondateurs de l'Union européenne, connaît une entrée en matière symbolique.

Pour le Dr Georges Najjar, doyen à la LAU, cette date anniversaire est l'occasion idéale pour les actuels États membres de « renouveler leurs vœux » fondés sur la coopération, notion dominante du préambule de ce traité. Parmi les valeurs défendues par l'Union européenne, M. Najjar prend soin de noter l'importance du respect des traditions, nécessaire dans la construction d'un futur durable.
Mais avant d'évoquer l'avenir, les quatre intervenants de la conférence font un bond dans le passé, dans le but de rappeler sur quelles bases l'Union européenne s'est fondée. « Il est important de noter que l'UE s'est construite dans une optique de paix, alors que les pays fondateurs ont servi de théâtre à deux guerres mondiales », rappelle l'ambassadeur Vicenzo Grassi, secrétaire général de l'Institut universitaire européen. Un passé qui pousse alors les six pays fondateurs à forger une volonté de paix durable basée sur la coopération, « et cela fonctionne depuis soixante ans », insiste l'ambassadrice Christina Lassen, à la tête de la délégation de l'UE. Pour ce faire, l'UE a dû se construire sur des piliers forts tels que la dignité, la solidarité et la sécurité de ses États membres. Difficile toutefois de ne pas ébranler ces piliers au fil des différentes intégrations. De l'Europe des Six à l'Europe des Vingt-Huit, et l'Europe des Vingt-Sept plus tard, l'UE a vu une nouvelle variable s'installer dans son mode de fonctionnement : la flexibilité. Il a fallu s'adapter, réfléchir, se renouveler pour contrer les challenges rencontrés par une Europe à plusieurs vitesses. Plus encore, Christina Lassen rappelle que si la paix en Europe est un élément fondamental pour les États membres, « la paix en dehors de ses frontières » l'est tout autant.

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Si l'optimisme est de mise pour ce 60e anniversaire, le discours des intervenants n'est pas pour autant dépourvu de réalisme. « Nous sommes conscients que l'UE fait face à de nombreux défis, notamment celui du terrorisme, de la montée du populisme en Europe, ou encore le chômage prédominant chez les jeunes citoyens européens », soutient Mme Lassen. Une vision partagée par Massimo Marotti, ambassadeur d'Italie. « Le livre blanc délivré cette année par la Commission européenne offre des éléments de réponse à ces défis. Il nous faut les mettre en action », explique-t-il, ajoutant : « Le processus d'intégration européen ne peut pas s'arrêter à la suite de la crise actuelle et des nouveaux défis. Répondre aux préoccupations de la population pour relancer le modèle européen est notre principal défi. »

Que ce soit sur le plan sécuritaire, diplomatique ou social, l'UE doit répondre aux crises contemporaines. Pour cela, Vicenzo Grassi évoque la valeur démocratique défendue par l'UE. « À ses débuts, la législation européenne s'est fondée sur un système top-down, souligne-t-il. Ce sont les élites européennes qui décidaient. Aujourd'hui, la parole est donnée également aux citoyens, c'est un système bottom-up. »
Ces citoyens, inclus dans le processus démocratique défendu par l'UE, se font la voix de la diversité du système. « La génération actuelle pense que la paix leur est due, que la libre circulation, les frontières ouvertes sont normales, mais c'est un privilège que nous avons », soutient Mme Lassen. Un élément retenu par les détracteurs de l'UE qui souhaitent voir ces frontières réglementées, voire fermées à toute immigration. « Nous avons besoin de réglementer l'immigration, oui, mais nous ne pouvons pas nous passer de cette dernière », explique Massimo Marotti qui précise que « l'UE a un problème démographique ».

Si l'UE semble en proie à des crises contemporaines, elle reste un modèle dans plusieurs domaines. Symbole de diversité et de paix, l'UE se présente également comme leader en matière de politique environnementale, problématique mondiale majeure que ses représentants comptent bien défendre encore lors de cette nouvelle décennie de coopération entamée.
« Il est temps de transformer notre faiblesse en une nouvelle force et de recréer une nouvelle solidarité européenne. Les raisons d'être ensemble en tant qu'union sont encore fortes et l'Europe peut toujours jouer un rôle-clé sur la scène internationale. Unis nous restons debout, divisés nous tombons », conclut M. Grassi.

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