Une occasion unique de relancer le modèle européen

L'Union européenne célèbre aujourd'hui le soixantième anniversaire de la signature du traité de Rome, qui a donné naissance à un projet unique en son genre et qui continue à évoluer.

Le sommet qui se tient ce même jour à Rome sous les auspices des Premiers ministres d'Italie et de Malte (actuel président du Conseil de l'UE), et auquel participent les chefs d'État et de gouvernement de 27 États membres ainsi que les chefs des institutions européennes, revêt une forte valeur symbolique.

Lorsque les six pays fondateurs – l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas – donnèrent vie au projet européen, ils sortaient tout juste de deux guerres mondiales qui les avait vus combattre en camps antagonistes, causant des millions de morts, des destructions et la remise à zéro de l'économie de tout le continent.

L'idéal qui les avait inspirés a puisé sa source dans la pensée politique de nombreux intellectuels et personnalités de l'époque (dont les Italiens Altiero Spinelli et Ernesto Rossi, qui rédigèrent leur Manifesto fédéraliste alors qu'ils étaient en exil sur l'île de Ventotene durant l'époque fasciste). Un idéal qui voyait dans l'Europe unie un objectif de paix, de stabilité, de croissance et de bien-être, fruit de l'union entre les peuples et d'une vision commune de l'avenir.

À soixante ans du 25 mars 1957, l'Europe unie a atteint de grands objectifs : la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux dans un espace qui compte aujourd'hui une population de 500 millions, une politique agricole commune, le marché et la monnaie uniques, la protection des droits fondamentaux de liberté, de dignité, d'égalité, de solidarité, de citoyenneté et de justice pour tous ses citoyens, la création d'une politique étrangère commune ayant son propre service diplomatique et le développement d'une politique de sécurité commune.

Nous ne pouvons pas ignorer que l'Europe traverse aujourd'hui une phase difficile, et que l'opinion publique dans de nombreux États membres débat de l'idée qu'un changement est nécessaire sur des questions-clés telles que la croissance économique, la réponse concertée au terrorisme et la gestion commune des flux migratoires. Aujourd'hui, nous avons une occasion unique de relancer le modèle européen : une Europe plus concrète, plus vitale et soucieuse des véritables défis des citoyens. Une Europe consciente que la diversité au sein de l'Union européenne est l'un de ses points forts, et que tout au long du chemin à parcourir on peut également miser sur la flexibilité et sur les différents niveaux d'intégration qui permettront à chaque État membre, le moment venu, de trouver sa propre dimension au sein de l'Union. Une Europe, enfin, qui regarde vers le sud, sachant que son propre destin se trouve dans le bassin méditerranéen, source d'importantes opportunités et de défis.

Aujourd'hui plus que jamais, il est nécessaire que les États membres regagnent le rôle actif et le courage qui animaient les pères fondateurs, pour faire avancer un projet qui demeure unique dans le monde et mérite d'être approfondi en vue d'œuvrer pour le progrès de l'UE et de continuer à promouvoir un modèle de coexistence dont les Européens sont fiers.

Les célébrations du 25 mars à Rome pour les soixante ans des traités de l'UE marquent donc un tournant pour l'Union européenne en ce moment difficile. L'objectif est de renforcer la cohésion des pays membres en concomitance avec l'annonce des imminentes négociations complexes sur le Brexit qui suivront l'activation, par le Premier ministre britannique, de l'article 50 du traité sur l'Union européenne.

La réunion de Rome vise à confirmer et renforcer la validité du projet d'intégration européenne, tout en réitérant en même temps la nécessité de le relancer pour inclure les différents niveaux d'ambition au sein des États membres. Le débat des chefs d'État et de gouvernement est axé sur quatre thèmes : l'Europe globale (sécurité extérieure et politique de défense, politique de voisinage, coopération au développement et commerce international) ; l'Europe prospère (Union économique et monétaire, marché unique et développement durable) ; l'Europe sûre (migration, lutte contre le terrorisme et le crime organisé, respect des droits fondamentaux) ; et l'Europe sociale (lutte contre l'exclusion sociale et la pauvreté, politiques de jeunesse, Erasmus, agenda urbain, culture).

L'Italie va organiser plus de 200 initiatives dans le monde à l'appui du nouvel appel, lancé avec force depuis Rome, à un « patriotisme européen » fondé sur la solidarité qui est également à la base du Livre blanc présenté par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, durant la session plénière du Parlement européen tenue en date du 1er mars 2017.

Nous débattrons autour de l'avenir de l'Europe, à soixante ans de sa naissance, le mercredi 29 mars auprès de la Lebanese American University (LAU), avec la participation du secrétaire général de l'Institut universitaire européen de Florence, Vincenzo Grassi, et de la chef de la Délégation de l'Union européenne à Beyrouth, Christina Lassen.

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