Le président libanais, Michel Aoun, a appelé mercredi à la fin des "guerres fratricides" dans le monde arabe et à l'instauration d'un dialogue, dans un discours prononcé devant les dirigeants arabes lors de leur sommet qui se tenait à Amman.
"Bonnes relations"
"C'est le Liban, dont les institutions sont revenues à la normale mais qui ressent encore de l'inquiétude, qui s'adresse à vous. Nous voyons le feu autour de nous et nous avons tendu la main pour aider au mieux que nous pouvions", a lancé M. Aoun.
Depuis le premier jour du conflit en Syrie, nous avons ouvert les portes de nos maisons et de nos écoles aux personnes fuyant la guerre. Mais depuis ce premier jour, nous avons mis en garde contre une situation pouvant devenir incontrôlable", a-il déclaré.
"C'est ce qui a fini par arriver. Le Liban accueille aujourd'hui des ressortissants syriens et palestiniens à hauteur de près de la moitié de sa population", a-t-il ajouté. "Pour épargner aux réfugiés leur malheur et au Liban les conséquences sociales, économiques et sécuritaires de cet afflux, ils doivent pouvoir revenir chez eux en sécurité".
"Nous sommes à une période décisive. Le Liban aspire à de bonnes relations avec l'ensemble des pays frères arabes en jetant des ponts et faisant renaître la langue du dialogue", a souligné le président libanais, expliquant que "le Liban, qui a vécu des guerres en tous genres, sait que rien ne vaut le dialogue".
Accompagné du Premier ministre, Saad Hariri, M. Aoun était arrivé mardi soir en Jordanie à la tête d'une délégation libanaise composée des ministres des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et de l'Économie, Raëd Khoury.
(Lire aussi : Le président Aoun fait une méchante chute au sommet arabe à Amman (vidéo))
"Les condamnations ne suffisent plus"
Michel Aoun a également évoqué dans son discours les derniers développements dans la région. "La gravité de la situation nous oblige aujourd'hui à mettre un terme aux guerres fratricides sur les plans militaire, matériel, médiatique et diplomatique, et à entamer un dialogue qui a pour objectif de déterminer les intérêts vitaux de chaque camp et de les respecter".
"J'aurais aimé m'adresser à vous pour vous parler de nos réalisations, de nos projets, de la coopération entre les pays arabes et les domaines dans lesquels nous pourrions les développer", a poursuivi M. Aoun, "mais le bruit des explosions et les images meurtrières écrasent tous les autres sujets".
"Guerres, carnages, morts, blessés, douleurs...qui a gagné la guerre ? Qui l'a perdue ? Tout le monde est perdant. Nous sommes tous des morts et des blessés", a encore lancé le président libanais, se demandant "pourquoi et pour qui nous nous entre-tuons. Est-ce pour la cause palestinienne ? Pour le retour des réfugiés" ?
"La tempête qui s'est abattue dans notre région a frappé tous nos pays. Certains ont été directement touchés, d'autres en ont subi les conséquences. Nous sommes tous concernés par ce qui se passe et nous ne pouvons pas attendre des solutions venant de l'extérieur", a indiqué M. Aoun. "Les condamnations ne suffisent plus. La Ligue arabe doit recouvrer son rôle et prendre l'initiative pour faire cesser les bains de sang".
Vingt et un pays participaient à ce 28e sommet ordinaire de la Ligue arabe, dont 15 étaient représentés par leur président ou leur monarque, dont le roi Salmane d'Arabie saoudite, poids-lourd régional. Le grand absent du sommet était le président syrien Bachar el-Assad, exclu depuis 2011 de la Ligue arabe.
En marge du sommet, le président Aoun s'est entretenu avec plusieurs dirigeants de la région. L'Agence nationale d'information (Ani, officielle) a appris en fin d'après-midi que le chef de l'Etat libanais a rencontré le roi Salmane d'Arabie saoudite au King Hussein Convention Center. Auparavant, le chef de l'Etat s'était également entretenu avec l'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, le président palestinien, Mahmoud Abbas, ainsi que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, indique l'Ani.
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"Bonnes relations""C'est le Liban, dont les institutions sont revenues à la normale mais qui ressent encore de l'inquiétude, qui s'adresse à vous....
commentaires (6)
"Nous devons mettre fin aux guerres fratricides" Sans préciser où ? Entre les pays et peuples arabes ou entre chrétiens au Liban ? Une précision est exigée. J'attends !
Un Libanais
19 h 51, le 29 mars 2017