Human Rights Watch (HRW) a appelé lundi les autorités libanaises à relâcher et abandonner les poursuites contre un militant qui avait mis en ligne sur Facebook des propos critiques envers des personnalités politiques, notamment le président Michel Aoun.
L'arrestation d'Ahmad Amhaz s'inscrit dans le cadre d'une "tendance inquiétante", a indiqué dans un communiqué l'ONG, qui a demandé au Parlement libanais "d'abroger les lois approximatives et générales encadrant le droit à la liberté d'expression".
M. Amhaz a été emprisonné le 21 mars, probablement pour des critiques publiées sur Facebook contre le président, le Premier ministre et le président du Parlement libanais. Il a été déféré à un juge lundi, selon Ayman Mhanna, directeur de Skeyes, une ONG surveillant la liberté de la presse. "C'est la première fois que quelqu'un est placé en détention avant un procès, c'est pour cela que nous sommes particulièrement soucieux", a-t-il indiqué à l'AFP. "En plus, le responsable du barreau a interdit à l'avocat (de la défense) de discuter avec les médias".
Au Liban, la diffamation, la calomnie ou l'insulte de responsables publics relèvent du pénal et les personnes jugées coupables d'avoir insulté le président, le drapeau ou l'emblème de la nation encourent jusqu'à deux ans de prison. Pour HRW, ces dispositions "sont incompatibles avec les obligations internationales du Liban envers la protection de la liberté d'expression".
Les autorités libanaises arrêtent et même condamnent régulièrement des citoyens pour avoir critiqué des responsables publics, mais ils sont souvent graciés ou leurs sanctions allégées.
Ces dernières semaines, plusieurs personnes ont ainsi été convoquées par la justice pour avoir tenu des propos violents envers l’État libanais et ses dirigeants sur les réseaux sociaux. Le 2 février dernier, Hassan Saad, arrêté cinq jours plus tôt pour s'en être pris, dans un message posté sur Facebook, à Michel Aoun, Saad Hariri et Nabih Berry, avait été libéré sous caution.
En début d'année, un guide touristique libanais, Ramzi Kadi, était arrêté pour avoir posté sur son compte Twitter une série de messages violents et insultants envers les victimes de l'attaque meurtrière contre la célèbre discothèque d'Istanbul, Reina, qui avait notamment coûté la vie à trois Libanais. Le prévenu s'en était pris aussi à ceux qui leur rendaient hommage.
En décembre dernier, le journaliste Bassel el-Amine avait été arrêté pour un message publié sur sa page Facebook, dans lequel il s'en était pris à l'État et à ses responsables, dans un plaidoyer en faveur des réfugiés syriens et contre la xénophobie.
En 2014, un développeur web libanais avait aussi été condamné à deux mois de prison pour avoir insulté sur Twitter le président de l'époque, Michel Sleiman. La condamnation avait ensuite été annulée.
Pour mémoire
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Les insultes envers les victimes d'un attentat,constituent une apologie du crime. Mais les critiques envers les princes qui nous gouvernent sont parfaitement légitimes et doivent être permise comme dans toute démocratie. A condition, bien sûr, de ne pas transformer les critiques envers les actes en insultes envers les personnes.Mais ceci est valable pour tous. On ne voit pas pourquoi les hommes politiques, quelles que soient leurs fonctions, jouiraient d'une protection particulière en ce domaine.
07 h 29, le 28 mars 2017