Face aux dossiers brûlants, Aoun et Hariri prônent l'unité

Le président libanais Michel Aoun et le Premier ministre Saad Hariri ont délivré des messages d'unité à l'occasion de la fête de l'Annonciation, alors que les dossiers des élections législatives et du budget, sur lesquels les deux hommes se sont engagés, n'ont toujours pas été tranchés.

Coexistence et économie
Le chef de l’État et le chef du gouvernement ont tous deux célébré la fête de l'Annonciation, symbolisant la coexistence islamo-chrétienne à travers la figure de Marie.

"Le président Michel Aoun, moi-même, le gouvernement et tous les principaux responsables de l'État, sommes déterminés à éviter toute discorde", a déclaré M. Hariri lors d'une conférence organisée samedi au Collège des pères jésuites de Jamhour, à l'occasion de l'Annonciation. "Notre plus grande cause est de protéger le Liban des turbulences du Moyen-Orient", a-t-il déclaré. "Nos frères arabes connaissent la valeur du pays et de son modèle de pluralité et de diversité".

De son côté, M. Aoun a exprimé samedi la nécessité de reconstruire l'économie du Liban. "Nous avons réussi à maintenir la stabilité et la sécurité. Nous allons maintenant agir afin de retrouver le cours normal des choses et reconstruire notre économie", a-t-il déclaré lors d'un office religieux célébrant le 25 Mars à Louaïzé. "Nous avons besoin aujourd'hui d'un plan économique stratégique afin de revitaliser l'économie", a-t-il ajouté, précisant qu'il s'adressera bientôt aux Libanais dans une allocution.

Le gouvernement étudie depuis plusieurs semaines un avant-projet de budget, dont l'examen se poursuivra lundi. Pour rappel, le Liban n'a plus voté de budget depuis 2005. Le projet préparé par le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, prévoit une hausse des taxes, notamment afin de financer la nouvelle grille des salaires du secteur public.

Le Parlement a déjà avalisé huit mesures fiscales, dont une hausse d'un point de la TVA (désormais à 11%), une augmentation des taxes sur les produits alcoolisés importés, ou encore sur les cigarettes, le tabac et les cigares. Il n'a toutefois pas réussi à voter l'intégralité des clauses du projet de loi relatif au financement de la grille. Les mesures fiscales contenues dans cette loi sont fortement contestées, car frappant indistinctement l'ensemble des contribuables, indépendamment de leurs revenus.

(Lire aussi : Entre discours identitaire et constituante, le sort du Liban est en jeu)

Loi électorale
Par ailleurs, les dossiers des élections législatives, prévues en principe cet été et dont le sort est plus que jamais incertain, et de la nouvelle loi électorale, continuent d'alimenter le débat politique.

Samedi, le chef des Forces Libanaises, Samir Geagea, a réaffirmé qu'il rejetait la proportionnelle intégrale, proposée par le Hezbollah, quel que soit le nombre des circonscriptions électorales, saluant la position du président Aoun sur ce dossier.
"Je ne pense pas que nous aurions un jour un président aussi solide qui nous donne l'espoir d'élaborer une nouvelle loi électorale. Par conséquent, nous devrions profiter de cette occasion afin d'aboutir à une loi juste et efficace", a-t-il expliqué, se déclarant favorable au projet proposé par le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui allie les modes de scrutin majoritaire et proportionnel.

De son côté, Ali Hassan Khalil, proche du président du Parlement et leader du mouvement chiite Amal, Nabih Berry, s'est dit optimiste quant à l'élaboration d'une nouvelle loi électorale avant le milieu du mois d'avril, soulignant que les parties politiques étaient conscientes de la nécessité de s'entendre sur un nouveau texte.

Les formations politiques ont jusqu'à présent échoué à s'accorder sur une nouvelle loi électorale. La législation actuelle prévoit un mode majoritaire plurinominal, officiellement critiqué par la plupart des partis. Les propositions sur la table sont la proportionnelle intégrale, ou le mode de scrutin mixte, sous différentes moutures.

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