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Liban - Décryptage

Les chrétiens de Baalbeck-Hermel se battent pour conserver le siège maronite

Route de Damas, 14h. Une trentaine de notables chrétiens de la région de Baalbeck-Hermel se regroupent pour aller en convoi chez le numéro deux du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem. C'est le député de la région, Émile Rahmé, allié du Hezb, qui a pris le rendez-vous et qui est en tête de la délégation. L'objectif de la rencontre : discuter en toute franchise de la situation dans cette région à la frontière libano-syrienne qui continue de vivre sous la menace terroriste venue de Syrie. Le but est aussi d'aider les chrétiens de la région à mieux connaître le Hezbollah pour tisser entre eux des liens solides, loin des considérations politiciennes ou confessionnelles. M. Rahmé a d'ailleurs poussé les membres de la délégation à exprimer le fond de leur pensée au numéro deux du Hezbollah, pour qu'il n'y ait pas de zones d'ombre ou des appréhensions qui pèseraient sur la relation entre les chrétiens et les chiites de la région.

Dimanche, le même noyau, mais accompagné d'une délégation élargie comptant près de 1 000 personnes, s'était rendu à Bkerké pour une rencontre suivie d'une messe célébrée par le patriarche maronite Béchara Raï, en présence du nonce apostolique. Depuis qu'il a été question de déplacer le siège maronite de Baalbeck-Hermel vers une autre circonscription où il y aurait, dit-on, une plus importante communauté maronite, des chrétiens, toutes confessions confondues, ont décidé de se mobiliser et de faire entendre leur voix. Il faut rappeler à cet égard qu'il y a exactement 22 700 électeurs maronites dans cette région, 17 000 grecs-catholiques et 3 000 grecs-orthodoxes, un nombre suffisant pour justifier leur représentation au Parlement à travers deux sièges, un maronite et l'autre grec-catholique. Selon Émile Rahmé, la possibilité de déplacer le siège maronite ne serait plus à l'ordre du jour, mais les chrétiens de la région souhaitent quand même exprimer leur attachement, voire leur enracinement dans la Békaa. C'est là le principal message porté par la délégation qui s'est rendue chez le cheikh Kassem ainsi que par la foule qui s'est rendue à Bkerké.

 

(Lire aussi : Les débats se poursuivent... en attendant la nouvelle formule composite de Bassil)

 

Parmi les notables, des membres de la famille Habché de Deir el-Ahmar que l'on a trop rapidement tendance à compter sur Bécharré. L'un d'eux tient d'ailleurs à préciser qu'il est vrai que certaines familles de Deir el-Ahmar sont originaires de Bécharré, comme les Rahmé, les Keyrouz et les Fakhri, mais, depuis des décennies, elles sont installées dans la Békaa-Nord et elles en font pleinement partie, sachant que traditionnellement, Bécharré était plus proche de Baalbeck que de Tripoli, qui, elle, est proche de la grande rivale, Zghorta.

La géographie aidant (la neige qui couvre la montagne qui sépare Bécharré de Baalbeck coupe la route entre les deux villes pendant près de six mois chaque année), les habitants originaires de Bécharré et installés dans la Békaa-Nord sont désormais pleinement intégrés à cette région. Ce sont eux qui ont été les premiers à s'impliquer aux côtés des chiites de la région lorsque ceux-ci étaient menacés par les factions rebelles syriennes de l'autre côté de la frontière.

 

(Pour mémoire : Un document d'entente Amal-CPL en perspective ?)

 

Dans ce contexte, les attentats-suicide de juin 2016 à Qaa sont encore présents dans toutes les mémoires et ils ont modifié la sensibilité des chrétiens de la région envers le Hezbollah. S'il est vrai que la tendance générale de la population de Deir el-Ahmar est proche des Forces libanaises, la popularité d'Émile Rahmé est en train d'augmenter en raison, d'une part, des services rendus, sans distinction aux habitants de la localité et, d'autre part, à cause de son action visant à renforcer la présence chrétienne dans la région. Grâce à ses contacts, M. Rahmé a ainsi fait construire une statue de la Vierge à Baalbeck (Saydet Baalbeck) et il a poussé à la restauration de toutes les églises de la région. Il a même organisé une visite du nonce apostolique à Ras Baalbeck au cours de l'été 2016 et ce dernier avait célébré l'office religieux dans l'église de la localité en présence d'un cheikh chiite et d'un autre sunnite.

En plus de ses efforts pour renforcer les relations entre les chiites et les chrétiens dans la région de Baalbeck-Hermel, Émile Rahmé cherche à pousser les chrétiens à devenir un bloc solidaire, loin des susceptibilités communautaires, pour justement renforcer leur présence. Selon l'une des personnalités participant à toutes les activités récentes, les chrétiens avaient commencé à déserter la région avant la pacification de Qousseir par le Hezbollah en Syrie. Mais depuis, ils sont convaincus de l'importance de rester sur leur terre et cherchent pour cela à avoir de bonnes relations avec toutes les parties, avec la bénédiction du patriarche maronite et des dignitaires religieux chrétiens.

La nouvelle de la nomination du général Joseph Aoun à la tête de l'armée est accueillie par ces personnalités avec une grande joie. Le général Joseph Aoun était en fait en charge du front de Ersal et tous les habitants de la région le connaissent et estiment que grâce à sa sagesse et sa fermeté le front s'est stabilisé. Et les membres de la délégation sont convaincus de l'efficacité de la coopération directe ou tacite entre l'armée et les combattants du Hezbollah le long de la frontière avec la Syrie. Pour eux, il ne s'agit pas d'une position politique, mais d'une conviction vécue au quotidien.

 

 

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commentaires (5)

COMMENCER POUR FINIR AVEC DU BARATIN !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 00, le 10 mars 2017

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Commentaires (5)

  • COMMENCER POUR FINIR AVEC DU BARATIN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 00, le 10 mars 2017

  • En toute simplicité, je souhaite le maintien du siège maronite à Baalbeck-Hermel, ainsi que le maintien du siège maronite à Tripoli et je souhaite la création d'un siège maronite dans les villages frontaliers du Sud. Pour ce dernier siège, je préconise qu'on le prélève du quota maronite au Kesrouan. La communauté maronite est la seule répandue sur la totalité du territoire national.

    Un Libanais

    11 h 33, le 10 mars 2017

  • Si cela ne s'appelle pas faire acte d'allegeance, je ne sais pas ce que c'est. Vous voyez les citoyens de Lassa aller a Meerab? Ils s'en foutent, ils saccagent les terrains qui leurs plaisent et puis c'est tout.

    George Khoury

    10 h 16, le 10 mars 2017

  • "Il faut rappeler qu'il y a 22 700 électeurs maronites dans cette région, 17 000 grecs-catholiques et 3 000 grecs-orthodoxes, un nombre suffisant pour justifier leur représentation au Parlement à travers deux sièges, un maronite et l'autre grec-catholique." ! Au milieu de.... 300 à 400 000 électeurs Chïïtes dans cette région mahééék aussi, qui décideront eux, et seulement eux, qui occupera ces fameux DEUX "sièges!".... Chrétiens ! Dans le "style" de ce R(l)ahméh e.g. ! Alors, autant laisser ces maronites et ces catholiques voter eux seuls pour pourvoir à ces deux sièges chrétiens dans cette région à Écrasante majorité chïïte, ou alors déplacer ces deux sièges vers B'charré et Zahlé e.g. qui sont, elles, à majorité Écrasante chrétienne. Et Basta ttôffnnîsses baäâââ !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    06 h 11, le 10 mars 2017

  • "La neige qui couvre la montagne qui sépare Bécharré de Baalbeck coupe la route entre les deux villes pendant près de six mois chaque année), les habitants originaires de Bécharré et installés dans la Békaa-Nord sont désormais pleinement intégrés à cette région." ! SIX mois !?! Wâlâââoû ! Disons DEUX à TROIS au grand maximum.... "Sacré" Scarlett !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 47, le 10 mars 2017

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