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À La Une - France

Colonisation, "crime contre l'humanité" : Macron revendique un "discours de vérité" sur l'Algérie

Marine Le Pen dénonce les propos de l'ancien ministre.

Emmanuel Macron a revendiqué jeudi un "discours de vérité" sur l'Algérie après des déclarations sur la colonisation, un "crime contre l'humanité" selon lui, entretenant le tollé à son égard à droite à l'extrême droite. REUTERS/Ramzi Boudina.

Emmanuel Macron a revendiqué jeudi un "discours de vérité" sur l'Algérie après des déclarations sur la colonisation, un "crime contre l'humanité" selon lui, entretenant le tollé à son égard à droite à l'extrême droite.

Marine Le Pen a ainsi vigoureusement dénoncé jeudi les propos de l'ancien ministre. "Y a-t-il quelque chose de plus grave, quand on veut être président de la République, que d'aller à l'étranger pour accuser le pays que l'on veut diriger de crime contre l'humanité ?", a demandé la candidate du Front national lors d'une discussion avec des internautes via Facebook. "Il n'y a rien de plus grave." "C'est la justification utilisée par les voyous de banlieue pour agir, lutter, combattre contre la France et tout ce qui représente la France et notamment, évidemment, nos forces de l'ordre", a-t-elle ajouté. "Nous, la France, nous l'aimons d'une manière inconditionnelle".

Le candidat de la droite, François Fillon, avait dès mercredi soir, lors d'un meeting de campagne, critiqué "cette détestation de notre Histoire, cette repentance permanente" qu'il a jugée "indigne d'un candidat à la présidence".

 

(Lire aussi : La pression s'accroît sur Fillon, l'extrême droite renforcée)

 

"Le courage de dire les choses"
"La colonisation fait partie de l'histoire française. C'est un crime, c'est un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes", a déclaré le candidat centriste à la chaîne privée algérienne Echourouk News lors de son voyage en début de semaine.
La colonisation française en Algérie, débutée en 1830, s'est achevée avec l'indépendance du pays en 1962 après une guerre de huit ans qui continue de hanter les deux pays. Les détracteurs d'Emmanuel Macron ne citent toutefois pas la deuxième partie de son propos tenu lors de cette interview dans laquelle il estimait qu'il ne fallait pas "tout balayer" du passé.

 

Emmanuel Macron a répondu jeudi à la polémique dans une vidéo où il accuse ses adversaires d'"instrumentaliser ses propos à des fins électoralistes". Concernant le passé colonial français, "il est temps de laisser le passé... passer. Sans repentance, et j'ai toujours été clair sur ce point, et sans refouler aussi", affirme le candidat à la présidentielle dans cette vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux. "Et je ne céderai rien à tous les responsables politiques qui aujourd'hui cherchent à instrumentaliser notre histoire, à instrumentaliser mes propos à des fins clientélistes ou électoralistes", ajoute-t-il.


Sans revenir sur ses propos, mais sans les renouveler, le candidat affirme avoir tenu "un discours de vérité et de complexité" pour "clôturer le deuil" de la guerre d'Algérie. "Il est temps de clôturer ce deuil. Il faut pour cela avoir le courage de dire les choses et de ne céder à aucune simplification. C'est ce discours de vérité et de complexité que j'ai toujours tenu et que je tiens aujourd'hui", affirme-t-il.

 

(Lire aussi : Présidentielle française : le Kremlin, accusé d'ingérence, dément)


Le candidat d'En Marche! adresse toutefois plusieurs messages, aux anciens combattants de la guerre d'Algérie et aux pieds-noirs ayant dû quitter le pays en 1962. "Mes propos n'étaient pas destinés contre vous, en rien. C'était simplement reconnaître une responsabilité de l'Etat français et nous ne devons pas nous dérober", dit-il. Pour Emmanuel Macron, "la colonisation a introduit une modernité par effraction" et "des dizaines de milliers d'instituteurs, de médecins, de fermiers ont beaucoup donné à l'Algérie".


Quant aux pieds-noirs, ils "ont été les victimes de la politique algérienne de la France avant comme après la guerre : une colonisation à sens unique ne leur a pas laissé d'autre issue que de quitter brutalement et à jamais les terres où ils étaient nés. C'était une injustice et c'est encore une souffrance", dit-il.
Il s'adresse également aux harkis, ces soldats algériens restés du côté de la puissance coloniale: ils "ont été les victimes de la trahison de l'Etat français" et "nous les avons abandonnés alors qu'ils s'étaient battus dans nos rangs". C'était une "faute" et une "trahison", affirme M. Macron, qui cite également le cas des interprètes afghans de l'armée française durant la récente guerre d'Afghanistan.

 

M. Macron avait déjà suscité la polémique en déclarant, en octobre 216, au magazine le Point, "Alors oui, en Algérie il y a eu la torture, mais aussi l'émergence d'un État, de richesses, de classes moyennes, c'est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie".

 

 

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La colonisation française, thème récurrent de polémiques politiques

 

Le regard porté sur la colonisation est l'objet de polémiques récurrentes chez les hommes politiques français.

 

'Rôle positif'

En février 2005, la promulgation en France d'une loi dont un article évoque le "rôle positif" de la colonisation suscite une très vive polémique et tend les relations entre Paris et Alger. Le président Bouteflika reproche à Paris une "cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme".

Le 25 janvier 2006, au nom de la "concorde", le président Chirac demande la "suppression" de l'alinéa controversé qui stipule notamment que "les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord". Il est abrogé le mois suivant.

 

Nicolas Sarkozy: pas de "repentance"

Le 3 décembre 2007, le président Sarkozy en visite à Alger reconnaît que "le système colonial a été profondément injuste, contraire aux trois mots fondateurs de notre République: liberté, égalité, fraternité", mais dit son refus de toute idée de "repentance".

"A l'intérieur de ce système, il y avait beaucoup d'hommes et de femmes qui ont aimé l'Algérie avant de devoir la quitter", déclare Nicolas Sarkozy. "C'est toutes les victimes que je veux honorer", ajoute-t-il en évoquant les "crimes terribles commis tout au long de la guerre d'indépendance".

 

François Fillon: "partage de culture"

Le 28 août 2016, François Fillon, alors candidat à la primaire de la droite et du centre, déclare lors d'un discours à Sablé-sur-Sarthe, que "la France n'est pas coupable d'avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Nord" et qu'elle "n'a pas inventé l'esclavage".

"Aucun bénéfice politicien ne saurait excuser la régression morale ou une ignoble négation de l'Histoire", réagit, indigné, le député de Martinique Serge Letchimy (PS) dans une tribune. Selon lui, "avec ces harangues populistes", le candidat LR "offense des millions de personnes victimes de Traite, d'esclavages, de génocides".

Le 27 octobre 2016, accusé de "racisme" pour ses propos d'août par le syndicaliste guadeloupéen Elie Domota, François Fillon répète son refus d'une "repentance", tout en reconnaissant que "bien sûr que la colonisation aujourd'hui, avec les critères qui sont les nôtres, est un crime".

 

 

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commentaires (4)

UN DEMAGOGUE... ET RIEN D,AUTRE !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 16, le 17 février 2017

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Commentaires (4)

  • UN DEMAGOGUE... ET RIEN D,AUTRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 16, le 17 février 2017

  • BRAVO, pour cette SEULE fois, Macron ! Chapeau !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    21 h 34, le 16 février 2017

  • Pauvre politicien amateur, spéculer sur l'histoire , pour parler d'avenir..? c'est lamentablement raté..!

    M.V.

    21 h 05, le 16 février 2017

  • Si j'avais encore 20 ans je serai tombé dans ce genre de piège à 2 balles. Et l'esclavage des noirs on dit rien là dessus ?

    FRIK-A-FRAK

    19 h 18, le 16 février 2017

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