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Liban - Conférence

Le Liban peut-il s’inspirer de l’expérience suisse en matière de défense ?

« L'enjeu n'est pas de gagner la guerre mais d'en rester à l'écart », souligne l'attaché de défense près l'ambassade helvétique au cours d'une conférence à la résidence de l'ambassadeur François Barras.

L’ambassadeur de Suisse, François Barras, présentant l’attaché de défense près l’ambassade, Urs Sulser.

C'est dans l'ambiance conviviale de la résidence de l'ambassadeur de Suisse, François Barras, que l'attaché de défense de l'ambassade, le colonel Urs Sulser, a donné mercredi une conférence intitulée « Défense et société : l'expérience suisse, similitudes avec le Liban ? ».

Le sujet, comportant un enjeu identitaire, ne peut être qualifié de léger, mais il a été quand même suivi avec grand intérêt par les quelques dizaines d'hôtes, confortablement installés dans le salon de la résidence. C'est qu'en présentant la politique sécuritaire de son pays, M. Sulser a sans doute permis à l'assistance de rêver qu'un jour le Liban s'en inspirerait et obtiendrait enfin la paix, mot d'ailleurs décliné en lettres majuscules sur le mur principal de la salle.
D'emblée, le conférencier aborde les similitudes entre la Suisse et le Liban, évoquant notamment une société pluraliste, la petite taille d'un pays entouré de voisins puissants, et... l'importance des arbres, « tant au pays des sapins qu'au pays du Cèdre », affirme-t-il. « Tout comme nos ascendants ont planté des arbres pour nous, il nous faut en semer d'autres pour les générations futures », prône M. Sulser, en allusion à la nécessité de toujours œuvrer pour la sécurité et la défense nationale.

Cohésion entre les citoyens
Selon le responsable militaire suisse, cette lutte pour la sauvegarde de la souveraineté ne peut aboutir qu'à la faveur d'un esprit de cohésion entre les citoyens. « Afin qu'une nation préserve sa liberté, elle doit rester unie, en dépit des différences d'origines, d'opinions, de couches sociales et de professions », estime-t-il, puisant quelques exemples d'unité dans l'histoire de son pays. « En 1857, face à la menace d'attaque brandie par la Prusse, les citoyens ont mis une sourdine à leurs querelles pour s'allier contre l'envahisseur », note M. Sulser, relevant qu'au fil des années, ils ont continué à transcender leurs clivages pour que les intérêts suprêmes de la nation restent protégés. Ainsi, rappelle-t-il, « lors de la Première Guerre mondiale (1914-1918), l'alliance confédérale est demeurée intacte pour veiller aux frontières et rester en dehors des batailles, en dépit du fossé existant entre les deux familles linguistiques suisses, alémanique et romande, qui avaient respectivement des sympathies pour l'Allemagne et la France ».
Outre ce défi linguistique, la Suisse se devait également de relever un défi social. « En 1917, lors de son séjour à Zurich, le futur père de la Révolution russe, Lénine, a tenté en vain de rallier à ses idées la classe prolétaire suisse », indique l'attaché de défense, expliquant cet échec par le refus des ouvriers que soient exploitées, au détriment de l'union nationale, les tensions les opposant à la classe bourgeoise.
« Plus tard, lors de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), les nazis n'ont pas trouvé non plus beaucoup de sympathisants en Suisse », relève M. Sulser, évoquant une détermination chez les nationaux de « contrer les tentatives allemandes d'ouvrir dans le territoire suisse des brèches permettant une incursion dans les autres pays européens ».

Interaction de l'armée et de la société
Outre la cohésion au niveau des citoyens, la défense de la Suisse s'appuie également sur la solidité des relations entre la société et l'armée. Intervient alors dans ce cadre un troisième défi, celui de la polarisation de l'intérêt individuel et de l'intérêt national. « En vue de servir son pays, il faut concilier les intérêts familiaux et le sens du devoir patriotique », souligne l'officier suisse, saluant à ce propos « les soldats libanais qui, loin de leurs familles, combattent sur le front de Ersal (Békaa) pour défendre les frontières de leur pays ». À son sens, « en même temps que l'armée s'engage dans la protection de l'individu, celui-ci doit être prêt à se sacrifier pour que la nation prospère ». Autrement dit, c'est la devise traditionnelle du « un pour tous, tous pour un, qui doit prévaloir », préconise-t-il, mettant l'accent sur l'importance de la solidarité.
Et de rendre par ailleurs hommage aux deux armées, suisse et libanaise qui, selon lui, jouent chacune un rôle fondamental dans l'unification des sociétés. « Tant en Suisse qu'au Liban, l'armée est un facteur de cohésion », estime le responsable militaire, se félicitant plus particulièrement du fait que « depuis que le groupe État islamique (EI) frappe aux portes, à l'est du Liban, toutes les parties locales sont conscientes de la nécessité de soutenir l'armée ».
Au passage, M. Sulser évoque les problèmes communs de budget dont pâtit chacune des deux institutions militaires, indiquant que pour sa part, la Suisse a réduit, dès le début des années 90, ses dépenses militaires.
Mais neutre depuis la signature du Traité de Vienne de 1815, la Confédération helvétique a l'obligation d'une neutralité armée, en vue de sauvegarder sa souveraineté face aux ambitions d'États voisins qui visent à se servir de son territoire pour attaquer d'autres pays. C'est dans ce cadre que le service militaire obligatoire est institué en Suisse. « Les hommes de 18 ans sont obligés d'effectuer six mois d'entraînement, à charge pour eux de suivre des sessions annuelles de trois semaines jusqu'à atteindre 30 ans », indique l'attaché de défense. Il mentionne à cette occasion l'autorisation pour chaque conscrit de garder son arme de service à la fin de chaque session de formation, « à condition, bien sûr, de ne pas la porter à l'extérieur de sa maison ».
Cette implication des citoyens suisses dans la défense nationale se manifeste également, indique M. Sulser, à travers « les exercices d'entraînement que l'armée pratique parfois à proximité de zones d'habitation, par exemple dans les champs agricoles ». De même, il n'est pas rare de voir dans les villes suisses des soldats en uniforme munis de leurs armes, « spectacle fréquemment visible au Liban, mais inexistant dans des pays comme le Japon », constate-t-il.
« Il s'agit d'une dépendance réciproque établie entre la société et l'armée pour développer une perception partagée du danger extérieur », précise encore le responsable militaire, indiquant dans ce cadre qu'en 1969, un officier a distribué à tous les ménages suisses un ouvrage intitulé Le Livre rouge de la défense civile, leur édictant le comportement à adopter pour soutenir l'armée en cas de menace étrangère contre le pays.
« Une telle interaction est essentielle face à la multiplication de nouveaux défis sécuritaires », affirme par ailleurs le colonel, évoquant la mondialisation, les mouvements migratoires, la recrudescence du terrorisme ainsi que les guerres régionales. Sur ce dernier point, il met en exergue la neutralité de son pays à l'égard de tout conflit entre les autres nations. « Tout l'effort de la Suisse n'est pas fourni en vue de gagner une guerre mais de garder la Suisse à l'écart de la guerre », précise M. Sulser, déplorant le fait qu'en « 1975 et 1983, les conflits régionaux ont été importés au Liban et (que) les tensions dont pâtit la Syrie s'invitent également au pays du Cèdre ».

C'est dans l'ambiance conviviale de la résidence de l'ambassadeur de Suisse, François Barras, que l'attaché de défense de l'ambassade, le colonel Urs Sulser, a donné mercredi une conférence intitulée « Défense et société : l'expérience suisse, similitudes avec le Liban ? ».
Le sujet, comportant un enjeu identitaire, ne peut être qualifié de léger, mais il a été quand même...

commentaires (8)

QU,IL S,INSPIRE AVANT EN MATIERE DE CO-EXISTENCE ET D,EXISTENCE MEME...

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 55, le 15 février 2017

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Commentaires (8)

  • QU,IL S,INSPIRE AVANT EN MATIERE DE CO-EXISTENCE ET D,EXISTENCE MEME...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 55, le 15 février 2017

  • Le Suisse : "L'armée pratique parfois des entrainements à proximité de zones d'habitation, par exemple dans les champs agricoles. De même, il n'est pas rare de voir dans les villes suisses des soldats en uniforme munis de leurs armes." ! Lééék, lééék, lééék ; bâllâââh ! Mais ce spectacle(!) est même fréquemment visible au Liban à proximité bien entendu des zones d'habitation que ce soit au cœur des patelins ou dans les "villes"-Bidonvilles ; mais à la différence que Chez Nous Ici, mahééék, "Ceux?" en "uniforme!" ne sont Nullement des soldats, mais des "Gens?!" genre.... Miliciens e.g. ! Äâââl la Suisse, äâââl !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 02, le 15 février 2017

  • Le Suisse "mentionne même à cette occasion, l'autorisation pour chaque conscrit de garder son arme de service à la fin de chaque session de formation ; à condition, bien sûr, de ne pas la porter à l'extérieur de sa maison." ! Yâ harâââm ! Tout à fait comme.... à Ddâhhïyéééh ! Yâ wâïyléééh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 47, le 15 février 2017

  • Le Suisse : "Le service militaire est obligatoire en Suisse. Les hommes de 18 ans sont obligés d'effectuer six mois d'entraînement, à charge pour eux de suivre des sessions annuelles de trois semaines jusqu'à atteindre 30 ans. Il mentionne à cette occasion l'autorisation pour chaque conscrit de garder son arme de service à la fin de chaque session de formation, à condition, bien sûr, de ne pas la porter à l'extérieur de sa maison." ! Yîhhh ! C'est tout à fait le cas chez le héZébbb Per(s)cé d'Ici, yâ hassirtîîîh ! En effet, tout homme chïïte Fakkihîste de même.... 16 ans(!), est obligé d'effectuer beaucoup plus que seulement six mois d'entrainement ; à charge pour lui de suivre des sessions annuelles de beaucoup plus que trois semaines seulement jusqu'à atteindre même.... SOIXANTE ans ! Yâ harâââm !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 42, le 15 février 2017

  • Le Suisse : "Qui se félicite plus particulièrement du fait que « depuis que le groupe État islamique (EI) frappe aux portes, à l'est du Liban, toutes les parties locales sont conscientes de la nécessité de soutenir l'armée." ! Oui, mais äâïynéééh, pourquoi depuis que Äsraël frappe aux portes au Sud du Liban, toutes les parties locales ne sont Nullement conscientes de la nécessité de soutenir l'armée ; surtout que "certaines?" sont carrément contre ! Léééh ? Suivez le regard.... !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 28, le 15 février 2017

  • Le Suisse : "Afin qu'une nation préserve sa liberté, elle doit rester unie, en dépit des différences d'origines, d'opinions et de professions." ! Yâââï ! Tout à fait comme au Liban ! Mahééék ? En fait Non, car en 1975 face à la menace de la bääSSyrie et DES "OLP", les peuplades libanaises Niaises n'ont même pas mis une sourdine à leurs querelles pour s'allier contre ces deux Dangers, et n'ont donc pas transcendé leurs clivages pour que les intérêts suprêmes de leurs "nations!" restent protégés. Aussi, lors de la Guerre Civile en Syrie, ces "peuples" à nations n'ont pas veiller aux frontières et rester en dehors des batailles, étant donné l'énorme fossé existant entre les deux "familles!" conFessionnelles d'Ici ; musulm(ent)ane et chréti(en)ne ; qui avaient, respectivement, ou bien des sympathies pour ces "OLP" et la bääSSyrie ou bien contre eux ! Yâ wâïyléééh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 13, le 15 février 2017

  • "La défense de la Suisse s'appuie également sur la solidité des relations entre la société et l'armée ! Saluant à ce propos, tout de go, « les soldats libanais qui, loin de leurs familles, combattent sur le front de Ërssééél (Békâää) pour défendre les frontières de leur pays »." ! Oui, mais pourquoi cette armée si bellement "saluée", ne combat pas sur le front.... du SUD (Libannn) ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 36, le 15 février 2017

  • M. Sulser a explique et tres bien decrit ce que pourrait faire le Liban en s'inspirant du model Suisse. Il a decrit mon reve de Libano-Suisse!

    Bibette

    13 h 20, le 14 février 2017

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