Il y a quelques mois encore, l'idée de voir les députés débattre calmement dans l'hémicycle de sujets de politique générale aussi divers que variés semblait farfelue, tant la tension politique était à son comble. L'élection du président de la République Michel Aoun et la formation du cabinet Saad Hariri ont toutefois inversé la tendance après plus de deux années de paralysie institutionnelle à plus d'un niveau.
Dans la forme, une variante : pour la première fois depuis très longtemps, la première séance parlementaire de questions de politique générale au gouvernement de ce nouveau mandat s'est déroulée en l'absence du président de la Chambre, Nabih Berry. Ce dernier se remettant actuellement d'une intervention chirurgicale, il a été remplacé par le vice-président, Farid Makari.
Dans le fond, deux éléments sont à retenir : d'abord l'insistance du Premier ministre Saad Hariri sur la notion de sanction politique et sa détermination à œuvrer pour « rétablir la confiance », selon ses propres termes. Ensuite, cinq dossiers ont été discutés : la gestion des déchets ménagers, le réseau internet illégal, l'aéroport de Qleiaate (Akkar), les données des télécoms et la corruption. Une journée parlementaire chargée pour des députés longtemps contraints au chômage technique.
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Aussi haut placés qu'ils soient...
Le Premier ministre s'est employé à répéter lors de la séance parlementaire que la corruption était l'affaire de tous et que la sanction concernera tous les hommes politiques, « aussi haut placés qu'ils soient ». Ce à quoi le député du Hezbollah Ali Ammar a rétorqué, à l'adresse de M. Hariri : « Soyez sûr que nous sommes sur la même voie en ce qui concerne le rétablissement de la confiance. »
Se prononçant sur la crise des déchets – suite à une question posée par le député Robert Ghanem –, Saad Hariri a affirmé que le plan mis en place sous le gouvernement de Tammam Salam sera mis à exécution. « Nous avons un plan avec plusieurs dépotoirs, Costa Brava, Bourj Hammoud. Nous avons également des projets d'enfouissement des déchets et nous sommes prêts à aller jusqu'au bout. Il existe un autre plan que nous allons compléter concernant Costa Brava et les mouettes. »
La dangerosité du site de Costa Brava à cause des nombreux oiseaux qui viennent s'y nourrir à proximité de l'aéroport a poussé le juge des référés de Baabda à décider sa fermeture, avec un sursis de quatre mois. « Nous ne permettrons pas que les ordures s'amoncellent à nouveau dans les rues », a également déclaré M. Hariri, avant de donner la parole au ministre de l'Environnement, Tarek el-Khatib. Ce dernier a précisé que le gouvernement précédent avait mis en place « un plan complet mais auquel il manque un plan d'exécution technique et administratif » du dossier. « Il y a aussi le tri à la source et l'utilisation de l'énergie produite par les déchets ainsi que le renforcement des prérogatives des municipalités (...), et nous avons commencé l'opération de tri à la source. »
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L'internet illégal
Interrogé par Ali Ammar sur le dossier des réseaux internet illégaux, le Premier ministre a déclaré que le gouvernement n'avait pas l'intention de couvrir les individus ayant commis des infractions. « Si des infractions ont été commises, sachez que nous n'avons pas l'intention de couvrir qui que ce soit. Soyez assurés que celui qui a commis une infraction en paiera le prix et que nous présentons nos excuses à ceux qui ont été faussement accusés », a déclaré M. Hariri. « Est-il possible que 200 millions de dollars aient été dilapidés dans le cadre de l'affaire des réseaux internet illégaux ? » avait demandé M. Ammar, s'interrogeant sur le fait de savoir pourquoi plusieurs personnes impliquées dans cette affaire ne sont pas en prison.
Khaled Daher, député du Akkar, a voulu savoir comment l'ouverture de l'aéroport de Qleiaate est envisagée sur le plan logistique de l'accès et l'accueil des voyageurs, avant de souhaiter sa mise en service rapide. Il a aussi demandé au gouvernement des informations sur le sort des données télécom détenues par les services de renseignements de l'armée et qui constituent une entrave aux droits de l'homme.
« La mise en service d'un aéroport à Qleiaate reste suspendue à la nomination d'un comité de direction de l'administration de l'Aviation civile », a répondu M. Hariri. Quant au dossier des données télécom, le Premier ministre a dit qu'un plan est en train d'être mis en place car « il n'est pas normal que l'armée détienne un nombre aussi important de données ».
Hassan Fadlallah, un autre député du Hezbollah, a interrogé le gouvernement sur la lutte qu'il compte mener contre la dilapidation des deniers publics. M. Hariri a indiqué que l'État libanais, qui « loue des bâtiments pour près de 300 millions de dollars », pourrait faire des économies en regroupant des administrations et en limitant les dépenses.
Il convient de noter qu'en marge de la séance parlementaire, une réunion a regroupé au siège du Parlement le ministre (Forces libanaises) de l'Information, Melhem Riachi, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, et le secrétaire général du bloc du Changement et de la Réforme, dont le Courant patriotique libre est la principale composante, Ibrahim Kanaan. Les discussions ont été consacrées aux différentes formules de loi électorale proposées et actuellement en discussion, à quelques mois seulement du délai légal prévu pour la tenue des législatives.
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Le ministre de l’Environnement, Tarek El Khatib, a précisé que le gouvernement précédent avait mis en place « un plan complet mais auquel il manque un plan d'exécution technique et administratif » du dossier. « Il y a aussi LE TRI A LA SOURCE et l'utilisation de l'énergie produite par les déchets ainsi que LE RENFORCEMENT DES PREROGATIVES DES MUNICIPALITES Ministre El Khatib, Votre Excellence, Les citoyens Libanais vous implorent de publier, a votre plus proche convenance: (1) les détails du « plan d’exécution technique et administratif » qui manquent, et surtout (2) comment le gouvernement entend organiser et encourager le « TRI A LA SOURCE ». (3) Combien d'usines de compostage existent encore au Liban, et combien d'entre elles peuvent-elles operer? Sans ces trois INFORMATIONS ESSENTIELLES, permettez-moi de respectueusement suggerer que RIEN DE POSITIF ne peut etre entrepris dans ce domaine.
19 h 35, le 08 février 2017