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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Les enjeux de la bataille d’al-Bab

L'EI assiégé dans son dernier fief de la province d'Alep.

Des membres de l’Armée syrienne libre (ASL) dans les environs de la ville d’al-Bab, le 4 février. Khalil Ashawi/Reuters

Aujourd'hui, c'est au tour d'al-Bab d'être au centre de toutes les attentions en Syrie. Ce dernier fief de l'État islamique dans la province d'Alep était en effet assiégé hier, visé par une double offensive.

Avançant par le sud, « les forces du régime syrien, appuyées par des combattants du Hezbollah et par des frappes russes, sont parvenues à assiéger complètement al-Bab et ses environs », selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Elles ont pour cela « réussi à prendre le contrôle de la seule route aux mains de l'EI qui liait cette ville au reste du territoire syrien ». Au moins 11 membres des forces gouvernementales ont été tués hier près de la ville, a également indiqué M. Abdel Rahmane.
De leur côté, les forces turques et les rebelles syriens sont rassemblés au Nord, à l'Est et à l'Ouest d'al-Bab mais éprouvent des difficultés à avancer face au groupe jihadiste. Ankara a lancé le 24 août l'opération « Bouclier de l'Euphrate » dans le nord de la Syrie, qui vise à la fois l'EI et les milices kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), alliées des États-Unis dans la lutte antijihadiste.

Toutefois, certains experts, dont Stéphane Mantoux, agrégé d'histoire et spécialiste des conflits syrien et irakien, nuancent les affirmations de l'OSDH et affirment que cet encerclement n'est pas total. Il resterait en effet un corridor au sud-est « qui relie al-Bab au territoire encore sous son contrôle plus à l'est, la route filant vers Raqqa notamment », explique l'expert à L'Orient-Le Jour. « Par contre, l'avance du régime au sud-ouest/sud de la ville met sous le feu la route qui permettait à l'EI de ravitailler la ville et d'amener des renforts ».

 

(Lire aussi : La vie est rude pour les Syriens ayant fui l'EI à Deir ez-Zor)

 

Bataille des 5 armées
Pour Stéphane Mantoux, la bataille pour la reprise d'al-Bab n'est pas sans rappeler la « bataille des cinq armées » qui figure à la fin du roman Le Hobbit de J. R. R. Tolkien. De fait, cette ville est stratégique pour l'EI – de nombreux cadres et combattants étrangers du groupe s'y trouvent, comme le porte-parole Abou Mohammad el-Adnani, qui y a été tué en août 2016 par une frappe aérienne. Elle sert aussi de point de jonction avec Raqqa et Deir ez-Zor.

Mais elle est également dans la ligne de mire de rebelles syriens appuyés par les troupes turques depuis près de deux mois. « Al-Bab est plus importante pour les Turcs, qui ont défini la ville comme un objectif prioritaire de leur opération Bouclier de l'Euphrate », souligne Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie, à l'AFP. Il s'agirait, pour Ankara, d'empêcher les Kurdes de rattacher leur canton d'Afrin, à l'ouest, au reste du Rojava, ou territoire kurde en Syrie, à l'est.

Pour le régime, l'important est de contrôler le sud de la ville pour « prévenir une avancée » des troupes turques et « protéger le flanc est d'Alep », toujours selon M. Pierret. L'implication d'Ankara suscite la colère de Damas, qui a récemment adressé deux missives au Conseil de sécurité de l'ONU pour dénoncer « les violations de la souveraineté de la Syrie » par la Turquie. D'un autre côté, la ville est majoritairement sunnite, et laisser faire les rebelles permettrait au régime et à ses alliés – majoritairement chiites – de se blanchir d'éventuelles exactions.

Pour l'instant, il n'est pas clair s'il s'agit d'une course entre le régime et les rebelles pour prendre al-Bab ou s'il y a une entente tacite entre les parrains de ces forces antagonistes. Après de profondes divergences sur le dossier syrien, la Turquie a en effet engagé un spectaculaire rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine à la suite du coup d'État avorté contre Recep Tayyip Erdogan en juillet. Si l'un ou l'autre devait entrer à al-Bab en premier, il n'est « pas sûr que les rebelles, contraints au combat contre l'EI pour être soutenus, soient très contents d'entrer en contact sur le front avec le régime », estime M. Mantoux, qui rappelle que les forces syriennes sont conduites par un vétéran de l'armée loyaliste, Souheil el-Hassan, commandant des « Tiger Forces » (Forces du tigre), « pas spécialement connues pour être des tendres ».

En attendant, impossible de savoir ce qui pourrait se passer si les différentes forces sur le terrain se rencontrent. L'EI joue, semble-t-il, sur les divisions entre les uns et les autres en concentrant ses contre-attaques contre les Turcs et leurs alliés. Pendant ce temps, le groupe laisse le régime avancer assez rapidement. Reste à voir si l'EI lui barrera finalement la route ou le laissera progresser pour justement le laisser entrer en contact avec les autres acteurs, suggère Stéphane Mantoux, avec toutes les tensions que cela implique.

 

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Avançant par le sud, « les forces du régime syrien, appuyées par des combattants du Hezbollah et par des frappes russes, sont parvenues à assiéger complètement al-Bab et ses...

commentaires (2)

AL BAB... 3AL BEB YAMOO... 3AL BEB... !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 53, le 07 février 2017

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Commentaires (2)

  • AL BAB... 3AL BEB YAMOO... 3AL BEB... !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 53, le 07 février 2017

  • Il ne sera pas possible que la guerre contre les bactéries wahabites ne se gagnent sans les forces du régime syrien du héros Bashar El Assad et de ses alliés russes et du hezb résistant.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 01, le 07 février 2017

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