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Liban - Polémique

Rixe à Aïn Dara, le projet de mégacimenterie se politise

Le village s'insurge contre les propos « insultants » de Wahhab et attend la décision du Conseil d'État.

Aïn Dara est devenue l’épicentre d’une bataille pour la défense de l’environnement entre des activistes et le député Nicolas Fattouche. Photo d’archives

Le village de Aïn Dara est en émoi après l'agression samedi, par un groupe de jeunes, d'un élu municipal de Aghmid-Machkiti, Samir Bou Ghader. Liée au projet de mégacimenterie des frères Fattouche, dont les travaux sont interrompus depuis deux mois dans l'attente d'une décision du Conseil d'État, et à la prise de position de Wi'am Wahhab en faveur de ce projet sur la chaîne télévisée OTV, l'affaire risque de s'envenimer, au point de prendre une tournure politique, à quelques mois des législatives.

Dans les détails, les habitants de Aïn Dara avaient organisé samedi à 16 h une conférence de presse autour du président du conseil municipal, Fouad Haydamous, et en présence d'un certain nombre de représentants de municipalités voisines, dont Samir Bou Ghader. Ils entendaient répondre aux propos tenus la veille par l'ancien ministre Wi'am Wahhab sur la chaîne OTV à l'encontre des habitants du village. « Des propos insultants », affirme à L'Orient-Le Jour Abdallah Haddad, membre du Comité d'initiative civile de Aïn Dara. « M. Wahhab a non seulement vanté en direct le projet de mégacimenterie et souligné qu'il allait créer des emplois, mais il a directement attaqué son adversaire politique Walid Joumblatt, l'accusant d'avoir lâché ses hommes. » « Les habitants de Aïn Dara, eux, ont estimé que cette insulte leur était directement adressée. Car même si M. Wahhab n'a pas prononcé le mot » chien «, le terme était sous-entendu », assure le militant. « Sans oublier que de solides liens de respect lient Aïn Dara à Walid Joumblatt, depuis que ce dernier a épargné le village, durant la guerre civile. La municipalité a alors décidé de réagir à ces insultes. »

 

 (Pour mémoire : Aïn Dara toujours sur le qui-vive)

 

« Ils l'ont insulté... »
Au cours de la conférence de presse, le président du conseil municipal de Aïn Dara a dénoncé les propos tenus par Wi'am Wahhab. Il a aussi expliqué les raisons pour lesquelles le village rejette le projet de mégacimenterie. Il a rappelé que le zoning local et l'appartenance de Aïn Dara à la réserve des Cèdres du Chouf ne permet pas la création d'un projet industriel. « Ce village a une vocation touristique et écologique », martèle M. Haddad. Le président du Comité d'initiative civile, Maroun Badr, a ensuite présenté en détail le dossier légal préparé par les habitants du village avec le président du conseil municipal, dans le cadre de l'action juridique contre le projet Fattouche. « C'est alors que de jeunes partisans de Wi'am Wahhab, présents dans la salle, ont hurlé. Ils ont accusé les intervenants d'être proches de Walid Joumblatt et d'empêcher les habitants de trouver des emplois », raconte le militant. Les choses se sont calmées momentanément. Mais après la conférence de presse, le ton est monté une nouvelle fois lorsque ces hommes ont envahi le bureau du président du conseil municipal qui milite activement avec les habitants de Aïn Dara. « Ils l'ont insulté », poursuit M. Haddad, évoquant une « attaque milicienne ». « Les habitants ont tôt fait de réagir. Les hommes de Wahhab s'en sont alors pris à Samir Bou Ghader, invité par la municipalité, qui était toujours hospitalisé, hier après-midi. »

Les condamnations pleuvent, de part et d'autre. Les deux adversaires politiques druzes, à savoir Walid Joumblatt, chef du PSP, et Wi'am Wahhab, chef du parti Tawhid, se lancent implicitement des accusations. L'armée, elle, assure que les coupables sont recherchés et seront punis. Impassible, le village de Aïn Dara attend de pied ferme l'avis que donneront au Conseil d'État les différents ministères concernés, sur l'autorisation du ministère de l'Industrie au projet de mégacimenterie. À quelques mois des législatives, ils attendent surtout des actes, dans l'intérêt de leur localité.

 

 

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