Aïn Dara toujours sur le qui-vive

Les habitants de Aïn Dara ont de nouveau fermé hier les routes menant au terrain où est prévue la construction de la mégacimenterie des frères Moussa et Pierre Fattouche, appelant à garder le sit-in ouvert. Cette colère a été provoquée hier en matinée par des hommes « armés » de Pierre Fattouche qui essayaient d'introduire par force des équipements sur le terrain.
« Il est interdit d'entamer des travaux de construction sur le terrain tant que le conseil municipal n'a pas émis un permis dans ce sens conformément aux lois en vigueur », explique à L'Orient-Le Jour Abdallah Haddad, membre du Comité d'initiative civile à Aïn Dara. « La route qui mène au terrain est une route agricole qui est située dans le cadre de la réserve du Chouf, poursuit-il. Par conséquent, elle n'est pas aménagée pour la construction d'une mégacimenterie. On parle d'un projet qui sera édifié sur un terrain de 5 millions de mètres carrés, comme l'a annoncé M. Fattouche dans les médias. Cela sous-entend l'ouverture de nouvelles carrières. Déjà, les carrières qui se trouvent dans la région sont dans leur majorité illégales. Et celles qui sont légales ne respectent pas les conditions figurant dans le permis. »
« Les autorités concernées doivent assumer leurs responsabilités », martèle Abdallah Haddad, qui souligne que depuis plus de vingt ans, « Aïn Dara est en dehors de la juridiction libanaise, aucun gendarme ou contrôleur environnemental ne s'y rendant ».
Quelle sera la prochaine étape ? « Nous avons appelé les habitants à une réunion qui se tiendra mercredi. Nous nous conformerons à la décision de la majorité », répond-il.
Par ailleurs, le comité des Forces libanaises à Aïn Dara s'est déclaré opposé au projet de construction de la mégaciemnterie. Dans un communiqué publié hier, le comité des FL a affirmé qu'il luttera contre l'édification de cette cimenterie « par tous les moyens ».
De son côté, M. Pierre Fattouche a affirmé que le président du conseil municipal de Aïn Dara « est déterminé à défier la justice (...) en continuant de bloquer la route menant au terrain où est prévue la construction de la mégacimenterie, bien que le Conseil d'État avait autorisé dans une décision publiée le 30 août dernier l'édification de l'usine ». Il a appelé, dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur et les forces de sécurité à « mettre un terme à ces agissements qui portent atteinte à l'image de l'État ».