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Liban - Justice

Aïn Dara : le Conseil d’État somme les édiles d’autoriser la construction de la cimenterie

L'instance administrative n'a pas encore tranché sur le fond au sujet du recours présenté par la municipalité contre le projet.

« La cimenterie ne passera pas », peut-on lire sur un écriteau brandi par un habitant de Aïn Dara, lors d’une manifestation en mai dernier.

Le Conseil d'État a demandé à la municipalité de Aïn Dara (caza de Aley) d'autoriser les travaux de construction de la mégacimenterie de Pierre et Moussa Fattouche, dans le cadre d'une décision préliminaire sur cette affaire. Les frères Fattouche avaient porté plainte contre la municipalité qui ne les avait pas autorisés à commencer les travaux de construction. La municipalité a fait savoir hier qu'elle maintenait son refus du projet et qu'elle allait étudier les moyens d'obtenir gain de cause.

Le Conseil d'État a considéré, à ce stade, que la municipalité n'avait pas le droit de remettre en question le permis de construire octroyé par le ministère de l'Industrie aux frères Fattouche.
« Nous allons répondre à la décision du Conseil d'État dans les jours à venir. Nous sommes dans notre droit et toute la population est mobilisée contre ce projet », a dit Fouad Haydamous, président de la municipalité de Aïn Dara, à L'Orient-Le Jour.

Bloquée depuis un moment par les habitants du village, la route menant à l'emplacement du chantier a été ouverte, dans la nuit de lundi à mardi, par les hommes de main de Pierre Fattouche, frère du député Nicolas Fattouche. « Si Pierre Fattouche était un homme clair, il aurait ouvert cette route durant le jour. Mais toutes ses actions sont faites dans l'obscurité. La fois passée, il a même envoyé des camions malaxeurs de ciment en pleine nuit pour reprendre les travaux. Il a démenti que ce soit lui qui ait demandé la réouverture de la route lundi, mais nous avons des enregistrements vidéo qui prouvent que ce sont ses hommes qui l'ont fait », a déclaré M. Haydamous. Selon lui, les habitants ont à nouveau bloqué l'accès au chantier hier avec des sacs de sable.

« Dès que la décision préliminaire du Conseil d'État a été rendue publique, Pierre Fattouche a considéré qu'il pouvait reprendre ses travaux. Des hommes armés ont donc ouvert la route durant la nuit », a précisé pour sa part Antoine Haddad, secrétaire général du Renouveau démocratique et originaire de Aïn Dara.

 

(Pour mémoire : L’opposition à la cimenterie de Pierre Fattouche à Aïn Dara se durcit... et se politise)

 

Le précédent à Zahlé
M. Haddad a rappelé que les habitants avaient présenté début août un recours devant le Conseil d'État afin de demander l'annulation du permis d'établissement de l'usine, accordé par le ministère de l'Industrie aux Fattouche en septembre 2015.

« Le permis a été donné aux Fattouche alors que l'ancienne municipalité était encore en place. L'ancien conseil de la municipalité, qui était peut-être de connivence avec eux, n'a pas usé de son droit de réponse dans les délais légaux. Nous avons donc présenté un recours au nom des habitants de Aïn Dara et nous espérons que le Conseil d'État nous donnera raison », a souligné M Haddad.

Deux raisons majeures devraient, selon lui, donner raison aux habitants de Aïn Dara dans leur bataille contre les frères Fattouche. « Tout d'abord, il n'y a pas eu d'audience publique avec les habitants lorsque le permis de construction a été accordé. Ensuite, selon la loi, les frères Fattouche n'avaient même pas le droit de demander un permis de construction puisqu'ils ont enfreint précédemment les règles du plan directeur des carrières dans le cadre de l'exploitation de la carrière de Aïn Dara, dont ils ont obtenu le permis en 1994 », a-t-il expliqué. « Les inspecteurs du ministère de l'Environnement n'osent pas mettre les pieds dans cette carrière où ont été enfreints tous les règlements, comme le terrassement et le reboisement par exemple. Nous n'avons toujours pas compris comment le ministère de l'Industrie leur a accordé un permis de construction pour leur cimenterie. »

« Pierre Fattouche essaie de donner l'impression que le Conseil d'État lui a donné raison sur tout alors qu'il ne s'est toujours pas prononcé par rapport au recours que nous lui avons présenté pour demander l'annulation de son permis de construction. Nous attendons de voir ce que le Conseil d'État va dire, mais nous ne lâcherons pas l'affaire. À Zahlé, le Conseil d'État était du côté des frères Fattouche, mais le projet a été annulé grâce à la pression des habitants », a rappelé Antoine Haddad. Le projet de mégacimenterie était prévu à Zahlé initialement, mais il a été transféré vers Aïn Dara après le refus opposé par les habitants et les partis politiques du chef-lieu de la Békaa.

 

(Pour mémoire : Entre sit-in et agressions, le ton monte d’un cran entre Aïn Dara et les frères Fattouche)

 

Une « affaire de vie ou de mort »
« Pour les Fattouche, c'est une usine de plus ou de moins. Mais, pour nous habitants de Aïn Dara, c'est une affaire de vie ou de mort. Si la cimenterie est bâtie, c'est toute notre vie qui va être altérée et la région risque une désertification complète. Nous sommes en train de nous battre pour préserver notre mode de vie et notre existence à Aïn Dara », a souligné Antoine Haddad.

Le moukhtar Antoine Badr a pour sa part adressé hier une lettre ouverte au député Nicolas Fattouche, lui demandant de convaincre son frère, Pierre, de revenir sur ce projet. « Est-il possible d'édifier une mégacimenterie rejetée par près de 200 000 personnes à Aïn Dara, Qabb Élias et les villages avoisinants ? Est-il possible de passer outre la volonté des habitants de la région, des experts environnementaux, des municipalités, de la société civile et des forces politiques qui toutes rejettent ce projet ? Nous vous demandons, M. le député, de prendre une décision courageuse et de convaincre votre frère de revenir sur son projet à Aïn Dara », écrit M. Badr.

 

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commentaires (2)

UNE SALADE FATTOUCHIENNE AUX AIGRES EPICES S,EST MANIFESTEE DANS LA NUIT... MAIS LE TABBOULE A REPRIS LE CONTROLE... GUERRE ENTRE CES DEUX PLATS... IL Y MANQUE LE HOMMOS !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 17, le 07 septembre 2016

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Commentaires (2)

  • UNE SALADE FATTOUCHIENNE AUX AIGRES EPICES S,EST MANIFESTEE DANS LA NUIT... MAIS LE TABBOULE A REPRIS LE CONTROLE... GUERRE ENTRE CES DEUX PLATS... IL Y MANQUE LE HOMMOS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 17, le 07 septembre 2016

  • voila a quoi meme la corruption, le pays entier est corrompu jusqu'a la moelle

    George Khoury

    09 h 39, le 07 septembre 2016

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