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Culture - Théâtre

« Oui, il y a une guerre en chacun de nous »

Trois acteurs, trois grands talents, se partagent la scène du Tournesol* jusqu'à la fin de février. Ils sont « Kelkon Sawa » (Tous ensemble) sous la houlette de Camille Salemeh.

« Kellna Sawa » de Camille Salameh au théâtre Tournesol, avec Badih Abou Chacra et Rodrogue Sleiman. (Photos Carl et Marc Salemeh)

Deux amis sont pris au piège dans une maison de l'un d'eux, alors que les bombardements font rage. Nul lieu, nul temps ne sont cités, mais l'on sait. Le public sait et, aux premières rafales, il est très vite propulsé dans le temps. Mais ce n'est pas de la guerre dont il s'agit dans cette pièce écrite par Camille Salemeh en 2001 et mise en scène aujourd'hui. Ce n'est pas de cette guerre dont il s'agit, bien qu'elle reste vivace dans la mémoire de tous. Cette pièce raconte les batailles de la vie et probablement un extrait de ce que chacun a pu vivre.

L'auteur et réalisateur, qui porte parfois la casquette d'acteur ou les trois à la fois, a su, avec brio, de sa plume délicate qui hache souvent dans la peau et dans les réalités de tous les jours, réveiller des démons et des souvenirs que seul un huis clos peut initier. Tout revient à la surface lorsque la survie est en cause et quand le danger guette à la porte. Les souvenirs des bancs d'école, les premières amours, les premiers émois et, par la suite, le mariage, l'éloignement, la séparation et, plus que tout, cette indéfectible amitié qui fait face à tout. « Oui, il y a une guerre en chacun de nous », répète Camille Salemeh quand on l'interroge.

Elle est même plus violente et plus dévastatrice que n'importe quel bombardement.
Badih Abou Chacra (récemment couronné meilleure star du dancefloor) n'est plus à présenter. Avec des études d'art dramatique à l'Université libanaise et de multiples ateliers de travail aux États-Unis et au Canada, le comédien a un corps qui parle. S'il gesticule un peu trop dans cette pièce, il a en face de lui un Rodrigue Sleiman tout en retenue. Ce dernier, depuis son retour de France en 2010, enchaîne films et pièces de théâtre. L'un est extraverti, l'autre introverti, mais tous deux se complètent et sont amis. Le metteur en scène dira d'eux : « En général, quand j'écris une pièce de théâtre, j'ai deux options pour le choix du comédien. Dans Kelkon Sawa, Badih et Rodrigue étaient mes seuls et uniques choix. »

Entre cette alchimie harmonieuse, intervient une femme. D'abord sous la forme d'une voix au téléphone, qu'on devine cependant très présente, et qui apparaît soudain au milieu de la pièce. Patricia Nammour incarne la flamme, le fantôme du passé, redevenu présent. Badih Abou Chacra et Rodrigue Sleiman sont donc ces deux amis d'enfance qui vont se retrouver cloîtrés entre quatre murs et qui vont faire revivre le passé, mélangeant ainsi l'amour, l'amitié, les rires et les pleurs, ainsi que les déchirements, sous le beau travail d'éclairage d'Hagop Der Goughassian. « Ce n'est pas du théâtre, c'est la vie », confie encore Camille Salemeh qui invite le spectateur à en partager ces moments. Alors quoi d'autre que la chanson de Serge Rezvani, interprétée par Jeanne Moreau dans Jules et Jim, pour illustrer ces tranches de vie qu'offre à voir Camille Salemeh sur les planches du Tournesol ? « On s'est connu, on s'est reconnu, on s'est perdu de vue, on s'est reperdu de vue. On s'est retrouvé, on s'est réchauffé, puis on s'est séparé. Chacun pour soi est reparti dans le tourbillon de la vie... »

 

*Au théâtre Tournesol jusqu'à fin février. Les jeudis, vendredis, samedis et dimanches.

 

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