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Économie - Infrastructures

L’avenir des prestataires d’EDL entre les mains du Conseil des ministres

Le ministère des Finances a refusé le prolongement pour quatre ans du contrat par lequel le fournisseur d'électricité confie la gestion du réseau de distribution aux sociétés NEUC, BUS et KVA.

EDL n’a communiqué aucune information officielle concernant les nouvelles modalités du partenariat et l’enveloppe attribuée à chaque prestataire. Photo P.H.B.

Le dossier du partenariat qui lie Électricité du Liban (EDL) à ses prestataires de services – National Electricity Utility Company (NEUC), BUS et KVA – depuis 2012, a connu un nouveau rebondissement. Sollicité depuis plusieurs semaines, le ministère des Finances a refusé d'entériner les protocoles d'accord conclus fin décembre pour prolonger, pour quatre années supplémentaires, le contrat entre le fournisseur et ces trois sociétés. « Alors que le ministère de l'Énergie – autorité de tutelle d'EDL – avait approuvé ces trois accords le 18 janvier, celui des Finances – qui doit débloquer les crédits pour financer le partenariat – a refusé de les approuver, dans deux décisions datées du 26 et du 27 du mois », a confirmé à L'Orient-Le Jour la direction d'EDL, qui s'est réuni lundi soir pour en discuter.

Pour rappel, EDL avait négocié in extremis, en décembre dernier, les nouveaux termes de ce contrat de service qui confie la gestion du réseau de distribution, sa modernisation ainsi que la collecte des factures à NEUC (dans le sud du Mont-Liban et le Liban-Sud), BUS (dans le Nord du Mont-Liban et du Liban-Nord) et KVA (à Beyrouth et dans la Békaa). L'accord devait toutefois être approuvé par les ministères concernés pour s'appliquer de façon définitive. « En cas de désaccord, c'est le Conseil des ministres qui tranche, comme le précise l'article 30 du décret n° 4517 du 13 décembre 1972 relatif à la réglementation des établissements publics », a précisé une source à la direction d'EDL. Contactés par L'Orient-Le Jour, ni les ministères concernés ni les directions de NEUC (groupe Debbas), BUS (groupe Butec) et KVA (détenue par la joint-venture Arabian Construction Company et Khatib & Alami), n'ont souhaité réagir.

 

(Pour mémoire : Le partenariat entre EDL et ses prestataires renouvelé pour 4 ans ?)

 

Enveloppe en baisse
Si EDL n'a communiqué aucune information officielle concernant les nouvelles modalités du partenariat et l'enveloppe attribuée à chaque prestataire, « l'établissement public aurait demandé au ministère des Finances de débloquer plus de 616,4 milliards de livres (409 millions de dollars) pour financer le partenariat entre 2017 et 2020 », révèle une source proche du dossier. « À cette somme s'ajoutent les 350 millions de dollars débloqués en 2012 et partagés entre les trois sociétés pour financer l'installation de compteurs » intelligents « auprès des 1,4 million abonnés d'EDL », poursuit la source précitée. « Ce projet n'ayant pas pu être mis en œuvre entre 2012 et 2016, les 350 millions de dollars vont être donc reportés sur la nouvelle enveloppe du partenariat, qui s'élèvera théoriquement à près de 760 millions de dollars au total, une somme légèrement inférieure aux 780 millions de dollars débloqués en 2012 », ajoute encore la source.
Il reste que si le ministère des Finances a bien fait part de la nécessité de réduire ses dépenses au moment d'approuver le budget d'EDL pour 2017, les raisons qui ont motivé son refus de débloquer les montants réclamés par l'établissement public sont plus liées à l'efficacité du partenariat et à la capacité des prestataires à atteindre les objectifs fixés depuis son lancement.

 

(Pour mémoire : EDL se donne 4 mois de plus pour évaluer ses prestataires)

 

Exécution retardée
En effet, le contrat entre EDL et ses prestataires vise principalement à réduire les pertes du fournisseur d'électricité à travers 3 axes majeurs : l'amélioration de la collecte des factures, la maintenance du réseau et l'installation de compteurs « intelligents ». Ce dernier projet devait démarrer en 2014 afin de limiter, à terme, les erreurs de lecture et les vols, mais son exécution a été retardée notamment en raison d'un désaccord entre EDL et certains de ses prestataires sur les fournisseurs sélectionnés par ces derniers.
EDL attribue également la responsabilité du retard accumulé aux mouvements sociaux organisés par ses travailleurs journaliers, de 2012 à 2016. « NEUC, BUS et KVA ont été retardés dans l'exécution de leurs missions à cause de ces mouvements organisés par environ 2 000 travailleurs journaliers d'EDL », plaide une source à la direction d'EDL. Pour rappel, nombre d'entre eux avaient accusé le fournisseur d'avoir organisé leur reclassement au sein des effectifs des trois sociétés dans le cadre du contrat de services afin de leur bloquer toute possibilité de devenir fonctionnaires. Une colère qui les avait notamment amenés à bloquer pendant 4 mois en 2014 le siège du fournisseur d'électricité, perturbant par la même occasion la collecte des factures pendant près d'un an.

Mais ces arguments n'ont apparemment pas suffi à convaincre le ministère des Finances. « Pour lui, le fournisseur d'électricité et ses partenaires auraient dû justifier leur demande de prolonger leur partenariat en exposant les résultats obtenus depuis 2012 en terme de réduction des pertes et d'amélioration des revenus de l'État », révèle encore la source précitée. La source à la direction d'EDL rétorque de son côté que le fournisseur avait mandaté, en avril 2016, la société suisse AF Consult pour évaluer l'efficacité des prestataires et s'était servi de ses conclusions pour justifier son intérêt à prolonger le partenariat. « Le rapport d'AF Consult est désormais entre les mains du gouvernement », affirme-t-elle.

Il reste qu'au moment de passer sous presse, ce dossier n'était pas inscrit à l'ordre du jour de la réunion du Conseil des ministres prévue aujourd'hui, même si rien n'empêche le Premier ministre d'accepter d'en débattre pendant la réunion à la demande de l'un des ministres concernés. Du côté d'EDL, on prend son mal en patience. « Les accords conclus fin décembre incluent une extension de trois mois pour permettre aux prestataires de poursuivre leurs mission en attendant que le partenariat soit entériné », indique EDL. « Dans le cas où le Conseil des ministres révoque l'accord, le contrat prévoit une période de deux mois pour organiser la transition », conclut la source précitée.


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