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Mutineries en Côte d'Ivoire : appel au calme et promesses des autorités

Gendarmes et soldats mais aussi gardes pénitentiaires ont tiré en l'air dans plusieurs villes du pays, et notamment dans le port d'Abidjan, l'un des poumons économiques du pays.

Des soldats ivoiriens à Yamoussoukro, le 17 janvier 2017. AFP / Sia KAMBOU

Les autorités ivoiriennes ont appelé au calme mercredi, promettant "d'améliorer les conditions de vie" de toutes les forces de l'ordre pour enrayer le mouvement de colère des militaires et gendarmes qui menace de dégénérer en révolte généralisée. Selon un nouveau bilan annoncé par le gouvernement, les violences de mardi ont fait quatre tués à Yamoussoukro, deux soldats étant morts pendant la nuit.

Dans la matinée, gendarmes et soldats mais aussi gardes pénitentiaires ont tiré en l'air dans plusieurs villes du pays, et notamment dans le port d'Abidjan, l'un des poumons économiques du pays. Des gendarmes et douaniers ont chassé les employés du site, conduisant à l'arrêt des activités, selon un employé.
Mais la direction du port a assuré avoir pris à 11h30 (locale et GMT) des "dispositions" permettant "d'assurer le fonctionnement normal des activités portuaires" et "invité les opérateurs à reprendre leurs activités en toute sérénité", selon un communiqué. Parmi les plus grands d'Afrique de l'Ouest, le port constitue la porte d'entrée pour des marchandises allant jusqu'au Burkina Faso et au Niger.

Le gouvernement a aussi promis une rencontre jeudi aux syndicats de la fonction publique en grève, assurant qu'ils devraient y trouver "satisfaction".
Signe que le gouvernement a compris l'étendue de la menace et l'inquiétude des populations, quatre ministres ont assisté au point de presse du porte-parole du gouvernement, Bruno Koné.
"Rien ne peut se faire dans le chaos", a martelé le ministre de l'Intérieur Hamed Bakayoko, qui a reconnu sans ambages qu'il y avait un "processus de contagion aux autres corps" et que "la situation peut être alarmante".
"Nous ne pouvons pas accepter qu'une partie de notre armée puisse bénéficier d'une prime de 12 millions de francs CFA (18.000 euros) et que les autres n'en bénéficient pas. C'est pour cette raison que nous avons tiré en l'air", a affirmé à l'AFP, sous couvert de l'anonymat, un gardien de prison à Bouaké.

 

(Lire aussi : Des centaines d’élèves, dont 350 Libanais, retenus brièvement par des casseurs dans un lycée d’Abidjan)

 

Marge de manœuvre faible
Le gouvernement a refusé de révéler à la presse le montant des primes promises aux mutins, justifiant les concessions par une mauvaise "gestion" de l'armée et soulignant qu'elle ne s'adressait qu'aux anciens rebelles intégrés dans l'armée (8.500 hommes environ) au titre des accords de Ouagadougou de 2007. Il s'agirait selon le gouvernement de paiement d'arriérés de primes et de salaires.
Plusieurs mutins ont confirmé à l'AFP que cette somme était de 12 millions de CFA avec un versement de 5 millions avant le 5 février et plusieurs autres versements à venir avant fin 2017.

Selon le communiqué lu par le porte-parole du gouvernement, "le président a instruit les grands commandements d'initier des rencontres avec toutes les composantes de nos forces de sécurité"((armée, gendarmerie, police, douanes, prisons, eaux et forêts) et "assure (les forces de l'ordre) de la volonté d'améliorer leurs conditions de vie".
Le ministre de la Défense, Alain-Richard Donwahi a précisé que l'ambitieuse loi de programmation militaire de 2016 prévoyait des efforts dans tous les domaines (traitements, nourriture, logement, équipement, délais pour passer d'un grade à l'autre).

L'armée ivoirienne - 22.000 hommes au total - compte proportionnellement trop de gradés et beaucoup d'entre eux sont d'anciens rebelles intégrés après la crise. Les autorités cherchent à les inciter à quitter les forces armées.
"Nous allons reprendre cette armée en main", a conclu le ministre.

Il n'est pas sûr que les promesses calment les ardeurs. "Tous les +corps habillés+ ont participé à la guerre (dix années d'instabilité), donc s'il doit y avoir une prime, elle doit être pour tout le monde", assurait un gendarme mardi. "Tout le monde veut sa part du gâteau. Avec les morts, les antagonismes vont être exacerbées", estime un connaisseur avisé de l'armée ivoirienne.
Des observateurs craignent une division voire une bataille entre forces de sécurité. A Bouaké, la situation n'a pas été loin de dégénérer mardi en combats entre gendarmes et soldats ayant obtenu les primes.

La marge de manœuvre du gouvernement est faible. Les finances ne sont pas au mieux avec des tensions à la baisse sur le prix du cacao dont le pays est le premier producteur mondial et alors que les fonctionnaires ont reconduit mardi leur grève commencée le 9 janvier.
Ils revendiquent des augmentations salariales et refusent une réforme des retraites.
A ce propos, une annonce humoristique circulant sur les réseaux sociaux en dit long sur les chances de voir leurs revendications aboutir et la faveur faite aux mutins: "Jeune fille sexy cherche mutin pour relation. Fonctionnaires s'abstenir".

 

 

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