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Liban - Liban/Côte d’Ivoire

Des centaines d’élèves, dont 350 Libanais, retenus brièvement par des casseurs dans un lycée d’Abidjan

L'inquiétude règne à Abidjan, après l'irruption dans un lycée français privé de manifestants et de casseurs. Nombre d'écoles privées ont fermé leurs portes hier.

Au Lycée Jean-Mermoz d’Abidjan, les élèves, dont des Libanais, sont évacués. Photo fournies par des parents d’élèves

Inquiétude et incertitude règnent à Abidjan où près de 350 écoliers libanais (30 % du nombre total d'élèves) et des centaines d'élèves français, ivoiriens, étrangers et binationaux libano-ivoiriens et franco-ivoiriens, ont été retenus hier brièvement au Lycée international Jean-Mermoz, lorsque des manifestants se sont rués dans l'enceinte de l'établissement privé français. Protestant contre le retard dans le paiement des salaires des enseignants de l'école publique, nombre d'enseignants de la fonction publique, en grève depuis une semaine, entendaient pousser le secteur privé à se solidariser avec eux. Ils étaient accompagnés de « jeunes casseurs, probablement d'élèves de l'école publique », comme le constate un parent d'élève, contacté par L'Orient-Le Jour.

 

Une affaire traumatisante
L'irruption de ces manifestants au sein d'un des deux plus grands établissements éducatifs privés de la capitale (avec le Lycée Blaise Pascal), qui compte 2 000 élèves, a semé la panique dans l'école, et la confusion dans la capitale ivoirienne. « Et pour cause, les protestataires se sont emparés des matraques des agents de sécurité. Ils s'en sont pris à ces derniers, mais aussi à des élèves qui tentaient de leur résister. Ils les ont frappés et dévalisés. Ils ont aussi brisé les vitres des voitures de parents qui ont accouru à l'école », comme le raconte une source de l'ambassade du Liban à Abidjan, contactée par L'Orient-Le Jour. « Effrayés, des élèves ont pris la fuite, d'autres ont été abrités par leurs enseignants dans les classes au rez-de-chaussée, ce qui a poussé des médias à annoncer une prise d'otages d'élèves. Mais à aucun moment il n'y a eu de prise d'otage », assure la source, affirmant que l'affaire s'est terminée sans incident majeur. Elle soutient toutefois que l'affaire est « traumatisante », et que « des élèves ont été choqués », d'autant que les vigiles de garde ont été « incapables de contrôler la situation ». « Ce qui a poussé les forces spéciales françaises à prendre le contrôle de l'établissement », afin de circonscrire l'incident et de protéger les élèves. Le diplomate estime à ce propos que « les mesures de sécurité doivent être renforcées autour des établissements scolaires », la sécurité des enfants étant en jeu.

 

(Lire aussi : Attaque contre des écoles à Abidjan : des parents d'élèves libanais témoignent)

 

 

Le proviseur raconte
Selon le proviseur du Lycée Mermoz, Jean-François Rousset, qui s'exprimait devant la presse, « vers 9 heures heure locale, entre 30 et 50 jeunes adultes ont lancé des pierres contre le portail. Ce portail s'est ouvert. Il semblerait qu'ils aient pris en otage les vigiles de la société de gardiennage (...), le second portail n'a pas résisté », a-t-il rapporté. « Les casseurs sont ensuite entrés dans les salles de classe, ont fouillé les poches d'élèves, dérobé des téléphones portables et volé les portefeuilles de nos enseignants », a-t-il ajouté.

Cette intrusion, qui a duré une dizaine de minutes, a engendré « un petit mouvement de panique dans un nombre restreint de classes », a-t-il dit. Dans la cour, des stylos, crayons et gommes, une trousse éventrée étaient éparpillés sur le sol. Des vitres ont également été cassées. Un journaliste de l'AFP a vu plusieurs enfants en pleurs.
« Il n'y a pas d'enfants blessés mais sans doute des traumatismes psychologiques », a expliqué le proviseur, précisant que le lycée ne rouvrirait ses portes qu'après avoir reçu l'assurance d'une protection plus importante des forces de l'ordre. « On était en récréation. On a entendu des impacts sur le portail (...) ça ressemblait à des tirs », a expliqué de son côté à l'AFP Anne-Laure Charbonneau, professeur de français. « On est restés une heure confinés au sous-sol. Les enfants étaient effrayés. »

D'autres manifestants ont par ailleurs tenté de pénétrer dans l'enceinte du Lycée Blaise-Pascal, observe un parent d'élève libanais d'Abidjan, Nabil Chababi, également contacté par L'OLJ. « Mais la police a apporté des renforts », note-t-il, indiquant que la journée s'est déroulée normalement dans l'établissement, les élèves ayant appelé leurs parents pour les rassurer.
Résultat, une grande partie des écoles privées se sont prononcées en faveur de la fermeture de leurs établissements, hier, par précaution. D'autant que les parents sont inquiets, face aux menaces des protestataires de mener une action similaire dans d'autres écoles de la capitale ivoirienne, au cas où les autorités ne répondraient pas à leurs exigences. La question qui est sur toutes les lèvres est de savoir si cette action est politique ou non. « Nous ne le savons pas », déplore un parent d'élève, sous le couvert de l'anonymat, à L'OLJ.

 

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