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Liban - Noël des Arméniens

25 décembre-6 janvier : une même fête christologique avec des colorations différentes

Scènes du baptême et de la circoncision de Jésus extraites d’un évangéliaire arménien.

Pourquoi deux fêtes de Noël ? Pourquoi l'Église apostolique arménienne célèbre-t-elle la Nativité le 6 janvier et non le 25 décembre « comme tout le monde » ? Pour comprendre cette différence, il nous faut faire un voyage dans le temps, et remonter au IIIe siècle.

Quelques mots d'abord sur le calendrier liturgique chrétien. La liturgie est une codification du déroulement du culte et de la temporalité de nos vies. Pour un chrétien, cette temporalité préfigure une réalité « qui ne passe pas ». C'est la raison pour laquelle, étant une « figure » ou « une ombre » des « réalités à venir », comme dit saint Paul, la liturgie ne doit pas être comprise comme une forme intangible. Elle reste un essai pour ordonner nos vies aux grands moments de l'histoire du salut, de la Création au second avènement du Christ. Certes, cet essai n'est pas arbitraire. Il se veut rationnel et obéit à des règles. Celles-ci sont à la fois cosmiques et historiques, sachant que le cosmique est toujours subordonné à l'historique. Ainsi, dans l'hémisphère sud, Noël tombe en plein été, ce qui n'empêche pas l'ordonnancement des fêtes d'être le même, bien qu'il ne corresponde pas aux mêmes saisons que dans l'hémisphère nord.
Mais ici ou là, cet ordonnancement obéit à des règles rationnelles. Ainsi, par exemple, dans la liturgie de l'Église catholique, la fête de l'Annonciation (25 mars) précède-t-elle de neuf mois celle de la Nativité (25 décembre).

Le pivot du calendrier liturgique chrétien est la date de la mort en croix de Jésus. C'est de cette date que l'on remonte ensuite à celle de sa naissance. L'Église des premiers temps a cherché à la déterminer historiquement aussi précisément que possible, à mesure qu'elle s'étendait, se structurait et prenait conscience d'elle-même. Elle n'y est pas parvenue vraiment. Toutes les dates proposées sont restées controversées, sur le plan historique, et il est fastidieux de tenter de les tirer au clair, d'autant que des erreurs de chronologie ont été jadis commises, par exemple dans le calcul du solstice d'hiver, fixé au 25 décembre, alors qu'il tombe quelques jours plus tôt, et que des calendriers différents ont été suivis par différentes Églises (ainsi les coptes fêtent l'Épiphanie le 11 du mois de touba de leur calendrier, en décalage par rapport aux Arméniens ; l'Église éthiopienne, elle, fête Noël le 7 janvier, en décalage d'un jour).

 

(Lire aussi :  Au Liban, on fête Noël deux fois)

 

Le concile de Nicée
Finalement, la date de Pâques fut fixée par le concile de Nicée (325) au premier dimanche suivant la première pleine lune du printemps. C'est la raison pour laquelle la date de cette fête reste, pour le moment, mobile, dans l'attente d'une unification de cette date qui ne vient toujours pas. Une autre tradition voulait qu'il fût célébré le 14 nissan (avril) du calendrier lunaire juif, date qui pouvait coïncider avec n'importe quel jour de la semaine, un inconvénient que le concile voulut éviter.

En ce qui concerne la fête de Noël, elle a pris sa forme définitive vers la fin du IIIe siècle, en même temps que la fête de l'Épiphanie en Orient, fixée au 6 janvier. « Au-delà des contextes religieux et culturels dans lesquels prirent naissance ces deux fêtes, et qui expliquent leur accentuation particulière, la vision symbolique est la même : il s'agit de célébrer le lever du véritable soleil de l'histoire, nouvelle lumière du monde », explique Benoît XVI dans son ouvrage L'esprit de la liturgie.

La date du 6 janvier précéda celle du 25 décembre. Ce jour-là, l'Église célèbre trois « théophanies », trois « manifestations » de Dieu : celle de sa nativité, celle de son baptême dans le Jourdain et celle du miracle du changement de l'eau en vin, à Cana, où l'Évangile de saint Jean nous dit que « Jésus manifesta pour la première fois sa gloire à ses disciples ».

Mais, selon la tradition, au temps de saint Jean Chrysostome, voyant des chrétiens s'associer, au solstice d'hiver, au culte qui était rendu, à Daphné (aujourd'hui en territoire turc), à une divinité païenne, culte de la fertilité marqué par l'union à des « prostituées sacrées », l'Église décida de « baptiser » cette date en y fixant la fête de la Nativité. Celle-ci fut détachée du 6 janvier et fixée au 25 décembre, une symbolique claire de la foi chrétienne et d'un Jésus « soleil de justice ». Toutes les Églises ne s'y conformèrent pas, mais pour des raisons purement contingentes.

Selon Benoît XVI, selon l'avons dit plus haut « les symboliques des deux fêtes restent les mêmes(...). Dans la forme qui est la sienne dans la tradition occidentale, cette fête interprète l'incarnation du Logos, du Verbe, comme une théophanie, c'est-à-dire comme une manifestation de Dieu à sa créature (...).
Toutes deux sont des fêtes solaires (...) ».
Toutefois, ajoute en substance le pape, dans la fête de Noël selon la tradition occidentale, l'élément « lunaire » sera introduit et fortement accentué, puisque à côté du soleil se trouve la lune qui nous renvoie la lumière du soleil. Ainsi, le cycle de Noël intégra naturellement Marie dans l'année liturgique, et manifesta la dimension intimement mariale de cette fête christologique. Un élément qui reste plus discret dans les célébrations du 6 janvier.

En revanche, dans la tradition occidentale, on insiste au 6 janvier sur l'arrivée des Rois mages, avec une « galette des rois » et, en Orient, sur le baptême, avec la croyance populaire en un passage du Christ à minuit et une bénédiction de l'eau et des provisions de la maison.

 

Dossier
Dossier spécial : Les 101 ans du génocide arménien 

De l'arrivée à l'intégration : un siècle de présence arménienne au Liban

 

Pourquoi deux fêtes de Noël ? Pourquoi l'Église apostolique arménienne célèbre-t-elle la Nativité le 6 janvier et non le 25 décembre « comme tout le monde » ? Pour comprendre cette différence, il nous faut faire un voyage dans le temps, et remonter au IIIe siècle.
Quelques mots d'abord sur le calendrier liturgique chrétien. La liturgie est une codification du déroulement du culte...
commentaires (2)

Benoît n'est pas devenu croyant, il l'a toujours été : De son côté la perfection immobile ; du côté des non-apostoliques : l'inconsistance ! Et s’il n'a pas été toujours dévot, il l'est certes devenu ! Cette fois, la volte-face est de son côté mais a retourné son immoralité et s'appelle désormais : "Se corriger". Mais, côté non-cathos, l'immuabilité a perdu sa moralité ; devenant l'incorrigibilité ! Demeurer sur place ou faire volte-face, l'une et l'autre sont choses morales ou immorales : Morale de son côté, immorale du côté de celui-là d’en face ! L'ignorance passant pour 1 défaut, que l'on voit alors comment la "magie" chrétienne change 1 moins de la morale en 1 plus de la morale : Son "accommodement moral" ! Le langage de la raison ayant été toujours "indigeste" pour notre "Panzer", lui qui n'est pas retombé dans la prétention immorale ; celle des "non-romains" ; de jamais trop se prévaloir de ce même langage de la raison, pas plus qu'on n'a entendu dire que ces non-apostoliques se sont prévalus d'un langage "très catholique" ! Or, l'attitude morale consiste à éviter l'occasion de l'attitude immorale, et comment pourrait-on mieux se protéger de la tentation immorale de se prévaloir d'un langage, qu'en ayant la prudence de pas le tester. Lui qui ne veut rien de la Raison, n'a donc pas à fréquenter l’école de la Raison. Son école, c'est "le bon sens marial" ! Et, contre le danger moral de renier 1 école, il n'y a pas de moyen + éprouvé que de n'y pas aller !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

13 h 01, le 07 janvier 2017

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Commentaires (2)

  • Benoît n'est pas devenu croyant, il l'a toujours été : De son côté la perfection immobile ; du côté des non-apostoliques : l'inconsistance ! Et s’il n'a pas été toujours dévot, il l'est certes devenu ! Cette fois, la volte-face est de son côté mais a retourné son immoralité et s'appelle désormais : "Se corriger". Mais, côté non-cathos, l'immuabilité a perdu sa moralité ; devenant l'incorrigibilité ! Demeurer sur place ou faire volte-face, l'une et l'autre sont choses morales ou immorales : Morale de son côté, immorale du côté de celui-là d’en face ! L'ignorance passant pour 1 défaut, que l'on voit alors comment la "magie" chrétienne change 1 moins de la morale en 1 plus de la morale : Son "accommodement moral" ! Le langage de la raison ayant été toujours "indigeste" pour notre "Panzer", lui qui n'est pas retombé dans la prétention immorale ; celle des "non-romains" ; de jamais trop se prévaloir de ce même langage de la raison, pas plus qu'on n'a entendu dire que ces non-apostoliques se sont prévalus d'un langage "très catholique" ! Or, l'attitude morale consiste à éviter l'occasion de l'attitude immorale, et comment pourrait-on mieux se protéger de la tentation immorale de se prévaloir d'un langage, qu'en ayant la prudence de pas le tester. Lui qui ne veut rien de la Raison, n'a donc pas à fréquenter l’école de la Raison. Son école, c'est "le bon sens marial" ! Et, contre le danger moral de renier 1 école, il n'y a pas de moyen + éprouvé que de n'y pas aller !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    13 h 01, le 07 janvier 2017

  • C'est un peu le même phénomène qui se passe en islam où certains musulmans fêtent les Eid avec 1 ou 2 jours de décalage. ..

    FRIK-A-FRAK

    15 h 42, le 06 janvier 2017

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