Le Libanais, bonne fourchette

Beyrouth a bon appétit. Une bonne descente, aussi. La santé va bien, merci. Faisans, dindes, caviar (...), saumon, esturgeon, fromages, champagne et saute-bouchon !... C'est le rêve pantagruélique des réveillons. Mais Pantagruel version Beyrouth 71 est aussi un gourmet...
Dans les établissements publics comme dans les maisons, grands chefs et cordons bleus sont sur les dents. Tout est paré, tout se prépare pour la plus longue nuit de l'année. (...) La boisson est chose importante, un soir de réveillon. Cette chaleur dans le cœur et dans la tête, on l'obtient de mille et une façons. Et d'abord avec le sacro-saint whisky des Libanais (...): 15 000 bouteilles seront consommées demain soir dans la capitale en liesse.
Mais il y a des gens qui ne conçoivent pas un repas de réveillon (...) autrement qu'avec du champagne. (...) Le soir de la Saint-Sylvestre, quelque 5 000 bouchons du plus léger des vins de France sauteront.
Quant au vin proprement dit, il vient au second plan. (...)
Mais si nous passions à des choses plus consistantes ? Le caviar perd de sa popularité. Le prix y est peut-être pour quelque chose. (...) Par contre, le foie gras a encore toutes les faveurs du public. (...) Si l'on pense que la consommation du pays à la période des fêtes est de 800 kilos et que le kilo vaut de 130 à 135 livres, c'est dire que certains ne se refusent rien.
Mais Beyrouth a des caprices. Car cette année est l'année-saumon. Mille kilos vont garnir les tables de réveillon. (...)
Et si l'on faisait un petit tour du côté du « roi du gibier » ? (...) La vente, pour une seule journée de fête chez lui, se traduit par « l'enlèvement » (...) de 50 lièvres, 100 perdreaux, 100 bécasses, 50 grives, 20 faisans, 20 canards. (...)
Et la bonne dinde de toujours ? (...). Près de 20 000 pièces sont consommées entre Noël et le Nouvel An. (...)
Mais peut-on terminer un repas fin sans bons fromages ? Savez-vous qu'il y a 18 000 pièces de fromages de France vendues à Beyrouth durant les fêtes ? (...)
Voilà l'appétit du Beyrouthin un soir de réveillon. Dieu le préserve des indigestions.
L'histoire ne nous dit pas encore l'état... de son portefeuille.

Marie-Thérèse ARBID et Christiane SALEH