Une vingtaine de personnes qui entendaient se rassembler à Istanbul pour dénoncer "la responsabilité du gouvernement dans l'assassinat des deux soldats par l'EI" ont été arrêtées le 23 décembre 2016. AFP / OZAN KOSE
Le groupe Etat islamique (EI) a affirmé avoir brûlé vifs deux soldats turcs en Syrie, où Ankara continuait vendredi de bombarder le fief jihadiste farouchement défendu d'Al-Bab faisant, selon une ONG, des dizaines de morts parmi les civils.
Une vidéo diffusée jeudi soir par la "Province d'Alep" de l'EI montre deux hommes se présentant comme des soldats turcs retenus en otage par les jihadistes être enchaînés et immolés par le feu. La diffusion de ces images brutales survient alors que l'armée turque qui combat l'EI dans son bastion d'Al-Bab, dans le nord de la Syrie, a enregistré cette semaine ses plus lourdes pertes depuis le début de son incursion transfrontalière, fin août.
Sans évoquer la vidéo de l'EI, le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé vendredi que la question d'Al-Bab était "sur le point d'être réglée, nos forces armées et l'Armée syrienne libre sont en train de s'en occuper".
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué vendredi que 88 civils, dont 24 enfants, avaient été tués dans des frappes turques sur Al-Bab. Ankara, qui tente de prendre ce fief de l'EI depuis plusieurs semaines, assure que tout est fait pour éviter les pertes civiles. L'état-major turc, cité par l'agence progouvernementale Anadolu, a pour sa part affirmé avoir "tué 18 terroristes de Daech, dont des hauts responsables", et "détruit le quartier général de l'EI à Al-Bab" vendredi.
Les autorités turques n'avaient pas encore réagi à la publication de la vidéo de l'EI vendredi soir. M. Erdogan a prononcé trois discours dans la journée, sans mentionner le sujet. Un député du principal parti d'opposition CHP (social-démocrate), Ozgür Ozel, a adressé au Premier ministre Binali Yildirim une question écrite, demandant notamment si le gouvernement examinait les images et si celles-ci étaient avérées.
(Lire aussi : Ankara déterminé à combattre l'EI en Syrie malgré de lourdes pertes)
Twitter, YouTube perturbés
Dans la vidéo, le bourreau, qui s'exprime principalement en turc, s'en prend au président Erdogan, auquel il reproche notamment d'avoir ouvert la base aérienne turque d'Incirlik (sud) à la coalition internationale antijihadistes menée par les Etats-Unis, et appelle à "semer la destruction" en Turquie. La mise en scène macabre des images rappelle une vidéo publiée l'année dernière par l'EI montrant l'immolation par le feu d'un pilote jordanien qui avait été capturé par le groupe jihadiste.
De nombreux internautes turcs rencontraient depuis la diffusion de cette vidéo des difficultés à accéder à Twitter et YouTube, selon Turkey Blocks, un site spécialisé dans la surveillance de la censure sur Internet.
Malgré ces perturbations, la vidéo était très discutée par les usagers turcs de Twitter, qui étaient nombreux à manifester leur indignation: "C'est un cauchemar", a déclaré l'un d'eux, tandis qu'un autre affirmait être "sur le point de perdre la tête dans ce pays".
Sa publication ajoute aux traumatismes subis ces derniers mois par la Turquie, secouée par de nombreux attentats -dont plusieurs attribués à l'EI-, une sanglante tentative de coup d'Etat et, cette semaine, l'assassinat de l'ambassadeur de Russie à Ankara.
(Pour mémoire : Pilote brûlé vif : un « châtiment inédit » pour « infliger une douleur maximale à la coalition)
La police turque a interpellé vendredi à Istanbul 31 personnes soupçonnées de liens avec l'EI, selon Anadolu, qui n'a pas précisé si ce coup de filet était lié à la vidéo. Et une vingtaine de personnes qui entendaient se rassembler à Istanbul pour dénoncer "la responsabilité du gouvernement dans l'assassinat des deux soldats par l'EI" ont été arrêtées, ont constaté des journaliste de l'AFP.
Avant d'être brûlées, les deux victimes se sont présentées, en turc, comme étant Fethi Sahin, né à Konya (centre de la Turquie), et Sefter Tas, âgé de 21 ans et ayant servi à Kilis (sud-est). Selon des médias turcs, un militaire du nom de Sefter Tas avait été enlevé par l'EI le 1er septembre 2015, mais le rapt n'avait pas été confirmé par Ankara.
Par ailleurs, l'armée turque a affirmé le mois dernier avoir perdu tout contact avec deux de ses soldats en Syrie, dont l'agence de propagande de l'EI, Amaq, avait revendiqué l'enlèvement. Là encore, les autorités turques n'ont pas confirmé.
Seize soldats turcs ont été tués mercredi à Al-Bab, le bilan le plus meurtrier enregistré par Ankara en une journée depuis le déclenchement, le 24 août, de son intervention militaire dans le nord de la Syrie visant l'EI mais aussi des milices kurdes.
Pour mémoire
Les aviateurs traumatisés par les images du pilote jordanien brûlé vif par l'EI
Pour être franc c'est une cuisine interne mais basée sur la même idéologie. MARQUE DÉPOSÉE WAHABITE SAOUDIE.
12 h 46, le 23 décembre 2016