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Économie - Construction

Incertitudes concernant les créances de Saudi Oger

Riyad serait en train de finaliser le règlement de ses dettes envers le secteur privé. La confusion règne toutefois sur le cas Saudi Oger.

Que Saudi Oger soit payée ou non par le gouvernement, les employés espèrent recevoir bientôt leurs arriérés de salaire. Fayez Nureldine/AFP

L'Arabie saoudite va-t-elle bientôt payer ses dettes envers Saudi Oger ? Si le gouvernement saoudien s'est bien engagé à régler d'ici à fin décembre sa facture au secteur privé, certains observateurs évoquent la possibilité que l'entreprise de BTP du Premier ministre Saad Hariri ne fasse pas partie des bénéficiaires de cette mesure.

En novembre, Reuters avait rapporté que le ministère des Finances saoudien avait débloqué 100 milliards de riyals (26,7 milliards de dollars), pour permettre au royaume de payer ses dettes envers ces entreprises privées et de mettre fin à des retards de paiement de plusieurs mois liés en grande partie à la forte baisse de ses revenus pétroliers. Ces retards avaient alors provoqué la plus grave crise financière jamais connue par Saudi Oger, la majorité de ses contrats étant signée avec le royaume. Toujours selon Reuters, Riyad doit ainsi environ 30 milliards de riyals (8 milliards de dollars) à l'entreprise pour des travaux déjà exécutés.

 

Deuxième tranche
Or, mardi, le site d'information saoudien akhbrna.net a publié un article annonçant que le versement de la deuxième tranche des sommes dues au secteur privé avait été effectué, sans en préciser les montants ou la date exacte de l'opération.

Une information qui a été confirmée à L'Orient-Le Jour par l'avocat saoudien Majed Garoub, à la tête du cabinet du même nom et conseiller du président de l'Union internationale des avocats. Selon lui, la première tranche, qui représente environ 40 % du total de la dette du gouvernement envers le secteur privé, a été versée il y a environ un mois. Si le montant total de cette dette n'est toujours pas connu, le ministre des Finances Mohammad al-Jadaan avait toutefois déclaré en novembre qu'elle atteignait « un nombre important de milliards » de dollars. Majed Garoub n'était pas en revanche en mesure de confirmer si Saudi Oger était incluse dans le versement de ces tranches.

Mais, selon des tweets publiés le même jour que l'article d'akhbrna.net sur le compte du mystérieux mais très influent @mujtahidd, suivi par 1,67 million de personnes, Saudi Oger ne ferait même pas partie des entreprises pouvant espérer être payées par le gouvernement. L'internaute, à l'identité non dévoilée et connu pour divulguer des secrets pertinents – mais parfois erronés – de la famille royale et du gouvernement, a rapporté des propos attribués au ministre de la Défense et vice-prince héritier du royaume d'Arabie saoudite, Mohammad ben Salmane. Ce dernier aurait déclaré que Saudi Oger « ne recevra pas (les sommes qui lui sont dues) et ne pourra pas payer ses dettes, même si elle (l'entreprise) était vendue dans sa totalité ». Les raisons de ce refus n'ont toutefois pas été précisées par @mujtahidd. Mohammad ben Salmane aurait enfin ajouté que l'entreprise avait reçu des propositions « qu'elle n'a pas acceptées », parmi lesquelles figure une offre « d'acquisition de l'entreprise en contrepartie du paiement de ses dettes ». Pour rappel, le gouvernement saoudien avait mis fin, en juillet, aux négociations avec Saudi Oger pour sauver l'entreprise de la faillite, selon Reuters. L'achat de parts de l'entreprise par le gouvernement et la vente de certains actifs figuraient alors parmi les solutions évoquées.

 

Règlement des salaires ?
Que les créances de Saudi Oger soit honorées ou non, ses dizaines de milliers d'employés – dont plusieurs milliers de Libanais – espèrent, eux, bientôt recevoir leurs arriérés de salaire. Selon un cadre de l'entreprise ayant requis l'anonymat, contacté par L'Orient-Le Jour, le bureau des ressources humaines s'attelle depuis plusieurs jours à mettre à jour la comptabilité de l'entreprise jusqu'à juillet, sur ordre du ministère du Travail. Un signe qui pourrait indiquer que les employés pourraient, dès la semaine prochaine, encaisser l'équivalent de neuf mois de salaire correspondant à une période allant d'octobre 2015 à juillet.

« Lorsque les employés ont commencé à organiser des manifestations importantes en mai et en juin (pour réclamer leurs salaires), le ministère du Travail est intervenu suite à la demande du roi, rappelle l'employé précité. Il a été décidé que le ministère paierait directement les salaires des employés jusqu'au mois de juillet (...). Cette somme sera soustraite à ce que doit le gouvernement à Saudi Oger. »
Le ministère du Travail se substituerait ainsi à l'entreprise, dont les comptes ont été gelés sur demande de la Banque centrale saoudienne suite aux actions judiciaires lancées récemment par ses deux plus importants créanciers, la National Commercial Bank et Samba Bank, tous deux saoudiens, rapportait encore Reuters la semaine dernière. Selon elle, Saudi Oger est endettée à hauteur de 2,5 milliards de riyals (environ 600 millions de dollars) en arriérés de salaire et indemnités, et doit 13 milliards de riyals (3,5 milliards de dollars) à ses banques.*

 

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En novembre, Reuters avait rapporté que le...

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