Samedi 10 décembre 2016, journée internationale des droits de l'Homme, les autorités libanaises ont expulsé du Liban Sujana Rana, une employée de maison népalaise impliquée dans la lutte pour les droits des travailleurs domestiques étrangers au Liban. À l'aéroport de Beyrouth, de nombreux activistes l'ont accompagnée alors qu'elle franchissait les contrôles douaniers, peut-on voir dans une vidéo postée par une proche de la Népalaise.
"Son arrestation et sa déportation suggèrent que les autorités ont ciblé Rana pour son activisme, un acte qui à court terme minera la lutte pour l'égalité des droits au Liban," s'inquiète Human Rights Watch sur son site. L'ONG explique aussi que "la Sûreté générale a arrêté Rana chez son employeur le 30 novembre 2016, ne lui a pas permis d'appeler un avocat et l'a interrogée au sujet de son implication dans l'activisme pour les droits des travailleurs domestiques migrants, selon des organisations locales."
Toujours selon le communiqué de HRW, les autorités libanaises ont également arrêté le 5 décembre une deuxième employée de maison népalaise, Roja Limbu. "Celle-ci est toujours en détention sans qu'aucune raison n'ait été donnée pour justifier l'arrestation de l'une ou l'autre femme. Toutes deux sont des membres actives du syndicat des travailleurs domestiques au Liban et ont un statut légal et une autorisation de travail dans le pays", poursuit HWR. "Selon des organisations de la société civile, les avocats n'ont pas été en mesure de rencontrer Limbu en détention et ont exprimé des inquiétudes quant au fait qu'elle serait également expulsée", ajoute l'ONG.
Vingt et une organisations, dont HRW, ont condamné ces arrestations, demandant la libération immédiate de l'activiste toujours détenue et la possibilité pour les deux femmes de faire appel de leur expulsion.
On estime à 250.000 le nombre de travailleurs domestiques migrants au Liban. Mais ils sont exclus de la protection du droit du travail et soumis au contraire à un système de parrainage, la kafala, qui les place dans une situation d'exploitation et d'abus, selon HWR qui milite pour la suppression de ce système.
Le 29 décembre 2014, six travailleurs libanais avaient demandé au ministère du Travail de former un syndicat, pour renforcer la protection juridique des travailleurs vulnérables. Le ministre du Travail n'a pas reconnu le syndicat et le considère illégal. Le syndicat des travailleurs domestiques continue cependant de fonctionner de façon informelle, comme un forum pour la défense des droits des travailleurs domestiques étrangers.
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LA LIBRE EXPRESSION
10 h 38, le 15 décembre 2016