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À La Une - Conflit

"Journée catastrophique" à Alep sous les bombes du régime syrien

Un bombardement sur le quartier de Maadi a mis hors service un des derniers hôpitaux de la ville.

L'un des derniers hôpitaux d'Alep-Est bombardé. Abdalrhman Ismail/Reuters

Des frappes d'une violence inouïe menés samedi par le régime syrien sur les quartiers rebelles de la ville d'Alep ont tué au moins 31 civils, les Etats-Unis mettant en garde Damas et son allié russe contre ces "actes atroces".

L'ONU s'est dit "horrifiée" par l'escalade des violences et réclamé de nouveau un accès immédiat aux quartiers est d'Alep où vivent quelque 250.000 personnes assiégées depuis plus de quatre mois.

Pour le cinquième jour consécutif, des roquettes, des obus et des barils d'explosifs s'abattent dans un bruit terrifiant, en faisant trembler le sol et les immeubles, témoigne le correspondant de l'AFP dans les quartiers est de la deuxième ville de Syrie, principal front du conflit.

Depuis mardi, près d'une centaine de civils ont péri dans les bombardements du régime de Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui a rapporté la mort samedi de 31 civils --dont cinq enfants-- et de dix-sept autres personnes qui n'ont pas pu être identifiées.

"C'est un jour catastrophique à Alep assiégée, avec des bombardements sans précédent", a affirmé un membre des Casques blancs dans une vidéo publiée sur la page Facebook de ces secouristes en zones rebelles.
"Quasiment aucun quartier d'Alep-Est n'a été épargné par les bombardements du régime aujourd'hui", a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

(Lire aussi : En Syrie, tôt ou tard, les rebelles seront dans une logique de guerre de « libération nationale »)

La conseillère américaine à la sécurité nationale Susan Rice a indiqué que les Etats-Unis condamnaient "avec la plus grande fermeté les terribles attaques contre des installations médicales et les travailleurs humanitaires". "Il n'y a pas d'excuse pour ces actes atroces", a-t-elle déclaré samedi à Lima, affirmant que "le régime syrien et ses alliés, la Russie en particulier, sont responsables des conséquences immédiates et sur le long terme de tels actes".

La Russie, qui intervient en Syrie depuis plus d'un an pour soutenir le régime, ne participe pas aux bombardements actuels sur Alep-Est, concentrant ses frappes depuis mardi sur la province voisine d'Idleb (nord-ouest), contrôlée par une alliance de rebelles et de jihadistes.
Mais Damas et Moscou sont déterminés à reprendre coûte que coûte la partie est d'Alep qui échappe au régime de Bachar el-Assad depuis 2012.

Ecoles fermées

Autrefois capitale économique du pays, Alep a été ravagée par la guerre qui a fait plus de 300.000 morts depuis son début en mars 2011.

"Les Nations unies sont extrêmement attristées et horrifiées par la récente escalade des violences dans plusieurs régions de Syrie", ont déclaré samedi deux responsables de l'ONU, plaidant pour un accès immédiat à Alep-Est.
L'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura doit rencontrer dimanche à Damas le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem, selon le site du quotidien al-Watan, proche du pouvoir.

Les écoles d'Alep-Est ont annoncé dans un communiqué qu'elles suspendaient les cours samedi et dimanche, "pour la sécurité des élèves et des enseignants après les frappes aériennes barbares".

(Reportage : "Nos dépôts sont vides" : dernière distribution d'aide à Alep)

Les structures de secours ont aussi été durement affectées par cette pluie de bombes, plongeant les habitants des quartiers est dans une situation de plus en plus dramatique.
Vendredi, un bombardement sur le quartier de Maadi a mis hors service un des derniers hôpitaux d'Alep-Est après l'avoir détruit partiellement. Deux patients ont été tués et des infirmiers blessés, a indiqué à l'AFP une source médicale.
Par ailleurs, le dernier hôpital pédiatrique encore en fonction a été évacué vendredi après avoir été endommagé deux jours plus tôt par des barils d'explosifs, selon l'ONG Association des docteurs indépendants (ADI) qui gère l'établissement.

Pour Médecins sans frontières (MSF), il s'agit d'"une journée noire pour Alep-Est où les violents bombardements ont provoqué de lourds dommages aux quelques hôpitaux encore en mesure de fournir des soins médicaux".

Siège et famine

Les forces du régime "entendent combiner bombardements aériens et famine résultant du siège pour obtenir une reddition des rebelles", estime Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie et professeur à l'université d'Edimbourg, en Ecosse.

Selon des analystes, Damas et ses alliés veulent aller vite avant la prise de fonction de Donald Trump à la présidence américaine le 20 janvier. "Il est clair que la Russie, Damas et Téhéran veulent reprendre l'est d'Alep rapidement. Les Etats-Unis sont paralysés, il faut (pour eux) mettre Trump devant le fait accompli en janvier prochain", a déclaré à l'AFP Fabrice Balanche, expert de la Syrie au Washington Institute, un centre de réflexion basé aux Etats-Unis.

Sur un front distinct, les Forces démocratiques syriennes (FDS) --une coalition arabo-kurde-- ont lancé le 5 novembre une offensive en vue de reprendre Raqa au groupe Etat islamique (EI), qui a fait de cette ville de l'est sa "capitale" en Syrie. Les FDS ont annoncé samedi avoir pris le contrôle de la hauteur stratégique, Tall Samane, qui lui ouvrirait la route de Raqa, à 25 km plus au sud.


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