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Lifestyle - Mode

Damné Demna !

Automne-hiver 2016-2017 : Balenciaga par Demna Gvasalia.

On l'appelait « le maître », « le couturier des couturiers », mais aussi « le moine de la mode » pour l'austérité de ses créations. Cristobal Balenciaga a pratiquement inventé la mode contemporaine tant son influence a été grande sur les créateurs qui lui ont succédé. Il a surtout traité le vêtement comme une sculpture et inventé des lignes iconiques : la ligne tonneau, dos arrondi et taille basse, la veste ballon qui ressemble à un cocon, la silhouette paon, courte devant, longue derrière. Balenciaga a aussi prôné une élégance dépouillée, faite d'« éliminations », un mot qui lui était cher. La révolution de mai 68 a eu raison de sa quête d'absolu à travers le vêtement. Ne trouvant plus un public qui siée à ses aspirations, il ferme boutique. La maison est ressuscitée plus tard, confiée à Nicolas Ghesquière en 1997 puis à Alexander Wang en 2012.

Balenciaga selon Demna Gvasalia
La collection automne-hiver 2016 de la célèbre griffe est la première de Demna Gvasalia, le créateur allemand d'origine géorgienne à la tête du collectif Vêtements, désigné en 2015 à la direction de la création de Balenciaga. Visionnaire, ce couturier qui a fait ses études à l'académie d'Anvers et ses armes chez Martin Margiela a une toute nouvelle approche de la mode dans laquelle se révèle son art de la sublimation par la reconversion. Ce génie du upcycling vient forcément d'une enfance derrière le rideau de fer, une époque où les produits de consommation étaient si limités qu'il fallait de grandes ressources créatives pour en extraire une certaine beauté. Et la beauté, selon Gvasalia, est convulsive.
Dans cette collection très attendue, présentée dans la neutralité d'un studio désaffecté de Canal+, blanc, insonorisé, éclairé au néon et équipé de chaises en plastique noires, les codes du grand Cristobal étaient certes présents : volumes surdimensionnés, hanches abaissées et renforcées, tweeds secs et sobres, imprimés fleuris. Jusque-là rien de surprenant, n'était la vision extrême que Demna Gvasalia apporte aux codes du maître. Côté volumes, la doudoune et le blouson démultiplient la silhouette, mais se portent rabattus en arrière et échancrés en « V ». L'allure stricte des tailleurs en tweed tue l'austérité à force d'austérité, et dote le rigide d'une aura décalée. Ce trait désinvolte, voire caricatural, est renforcé par des bottes vernies à plateformes ou à talons aiguille. Le pantalon fuseau, à porter par-dessus la semelle, préfigure une tendance appelée à se confirmer durant les prochaines saisons. L'imprimé fleuri est présent, même très présent, tant Gvasalia multiplie les références ethniques de l'Europe orientale et les transforme en une symphonie de patchworks dépareillés, au petit bonheur la chance, croit-on, mais avec de réjouissants effets de rime. Au sac seau en cuir rigide, fermé par un rabat, s'opposent des cabas en flex recyclé annonciateurs d'une ère où tout est appelé à se transformer et où le nomadisme est la règle. Balenciaga selon Gvasalia est un fascinant palimpseste.

On l'appelait « le maître », « le couturier des couturiers », mais aussi « le moine de la mode » pour l'austérité de ses créations. Cristobal Balenciaga a pratiquement inventé la mode contemporaine tant son influence a été grande sur les créateurs qui lui ont succédé. Il a surtout traité le vêtement comme une sculpture et inventé des lignes iconiques : la ligne tonneau,...
commentaires (1)

Très beau papier sur le fond comme dans la forme.

Marionet

09 h 03, le 15 novembre 2016

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Commentaires (1)

  • Très beau papier sur le fond comme dans la forme.

    Marionet

    09 h 03, le 15 novembre 2016

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