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Santé - Endocrinologie

Diabésité, nouveau fléau de l’ère moderne

La Journée mondiale du diabète a été célébrée hier. Cette maladie reste la complication la plus répandue du surpoids et de l'obésité, touchant plus de 366 millions de personnes dans le monde, selon la Fédération internationale du diabète. Un chiffre qui risque de doubler d'ici à 2030, en l'absence de mesures efficaces de prévention.

Une personne est considérée comme prédiabétique lorsque son taux glycémie (taux de glucose) à jeun est supérieur à 100 mg/dl. Photo Bigstock

Et si on parlait diabésité ? Depuis quelques années, ce terme – une contraction des mots diabète et obésité –
figure dans la littérature médicale pour désigner un fléau en pleine expansion aux quatre coins de la planète. Le diabète de type 2 ou diabète sucré constitue en fait la complication la plus répandue du surpoids et de l'obésité dans le monde. Et les chiffres ne sont pas de bon augure.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2015, la surcharge pondérale et l'obésité touchaient respectivement 2,3 milliards et 700 millions de personnes dans le monde, contre 1,6 milliard de personnes en surpoids et 400 millions d'individus obèses en 2005. Selon la Fédération internationale du diabète (Fid), en 2011, le diabète et le prédiabète ou intolérance au glucose touchaient respectivement 366 millions et 280 millions d'individus dans le monde. D'après la Fid, ce chiffre risque de doubler d'ici à 2030 avec 522 millions de diabétiques et 398 millions de prédiabétiques. Selon la Fid également, en 2025, quelque 300 millions de personnes dans le monde souffriront de diabésité.
Ces chiffres assez alarmants ont poussé les institutions sanitaires dans le monde à insister, cette année aussi, sur l'importance de la prévention. Aussi, la Journée mondiale du diabète, fixée au 14 novembre, a été placée sous le thème « Un œil sur le diabète » pour inciter à la mise en œuvre de mesures efficaces pour endiguer ce fléau.

Rappelons que les spécialistes distinguent deux types de diabète. Le diabète de type 1, qui représente 10 % de l'ensemble des cas, est dû à un déficit total de l'insuline sécrétée par le pancréas. Il touche essentiellement les enfants et les jeunes. Le diabète de type 2, par contre, est dû à une résistance à l'insuline. Il constitue 90 % des cas de diabète et est principalement lié au mode de vie malsain caractérisé par une mauvaise alimentation riche en matières grasses et en sucres, ainsi que la sédentarité. Pour éviter une élévation du taux du glucose dans le sang, le pancréas sécrète une plus grande quantité d'insuline. Au fil des ans, il finit par s'épuiser et l'insuline sécrétée devient insuffisante pour réguler le taux de glucose dans le sang.

Le diabète de type 2 apparaît généralement après l'âge de 40 ans, « mais de plus en plus, je vois dans mon cabinet des jeunes d'une vingtaine d'années souffrant de la maladie », déplore le Dr Carole Saadé-Riachy, spécialiste en endocrinologie et en maladies métaboliques. « Ce sont des personnes qui présentent une obésité abdominale et qui sont généralement sédentaires », poursuit-elle.
« Les antécédents familiaux restent les principaux facteurs de risque du diabète de type 2 et de l'obésité, auxquels s'ajoutent la malbouffe et la sédentarité, précise la spécialiste. Toutefois, même en l'absence de facteurs héréditaires, on peut développer un diabète si on présente une obésité viscérale. »

 

Maladie réversible
Le Dr Saadé-Riachy se veut toutefois rassurante. « La maladie peut être reversée, avance-t-elle, à condition d'adopter un régime alimentaire sain, de pratiquer une activité physique régulière et d'être suivi par un spécialiste. »
Selon les recommandations internationales, il suffit pour une personne présentant une diabésité de perdre cinq à dix kilos de son poids pour améliorer sa condition et éviter ainsi « de passer du stade de prédiabète à celui de diabète ». Une personne est considérée comme prédiabétique lorsque son taux glycémie (taux de glucose) à jeun est supérieur à 100 mg/dl et celui de l'hémoglobine glycosylée (Hb1Ac), qui signe la moyenne du sucre au cours des trois derniers mois, frôle les 5,7 %.

« Au cas où l'individu est déjà diabétique, cette perte de poids lui permet de contrôler sa maladie, ajoute le Dr Saadé-Riachy. Il est conseillé à cet effet de consulter un(e) diététicien(ne) pour personnaliser le régime alimentaire, d'apprendre à faire ses courses et à choisir ses mets lorsqu'on sort, parce qu'il ne s'agit pas de s'isoler et de mettre une croix sur sa vie sociale. Pour ce qui est de l'activité physique, il est recommandé de faire 150 minutes de sport à visée cardiovasculaire par semaine. »

Prévenir la diabésité sous-entend en plus, selon les consignes internationales, d'avoir au moins sept heures de bon sommeil, d'arrêter le tabac si on est fumeur et de rechercher un soutien psychologique. « La prise en charge doit être globale », insiste le Dr Saadé-Riachy, soulignant que l'obésité est évaluée selon les complications cardiométaboliques (risques pour le cœur associés à un haut taux de cholestérol, de triglycérides...) et biomécaniques (difficulté à marcher...).
« Si tous les moyens hygiéno-diététiques ont échoué, il est recommandé d'intervenir sur le plan médicamenteux principalement si le patient est un jeune obèse avec un prédiabète ou un diabète, note la spécialiste. Dans certains cas, la chirurgie bariatrique (chirurgie de l'obésité) est même conseillée. Cela est d'autant plus nécessaire que la diabésité peut entraîner des thromboses veineuses profondes, des problèmes osseux, articulaires, pulmonaires, cardiaques et lipidiques (cholestérol, triglycérides), certaines formes de cancers (sein, endomètre et côlon), ainsi qu'une hypertension. »

Et le Dr Saadé-Riachy de préciser : « Si ces mesures sont bien suivies, on peut, dans certains cas, diminuer les médicaments voire les arrêter à condition que le patient maintienne une bonne hygiène de vie et qu'il soit bien suivi par son médecin avec un bilan sanguin régulier. Malheureusement, comme tous les patients ne se conforment pas aux consignes médicales, nous nous retrouvons souvent dans l'obligation de maintenir une certaine dose de médicaments. »

 

Objectifs personnalisés
Quel est l'objectif glycémique de la personne diabétique ? « Tout dépend du profil du patient et de son âge, répond le Dr Saadé-Riachy. Nous n'avons pas de chiffre magique applicable à tout le monde. » Ainsi, une personne est considérée comme non diabétique si son Hb1Ac est inférieur à 5,7 %. Si le patient est jeune, il est conseillé de maintenir le taux de l'hémoglobine glycosylée inférieur à 6,5 % pour éviter les complications microvasculaires et macrovasculaires, touchant respectivement les petits et les gros vaisseaux, liées à la maladie. Si le patient est âgé, « on peut accepter un taux de Hb1Ac à 7 % », poursuit la spécialiste. « Si en plus de son âge avancé, il a des comorbidités, c'est-à-dire une pathologie rénale, un cancer, etc., on ne va pas s'acharner contre lui, ajoute-t-elle. On peut accepter un taux de Hb1Ac à 8 %. Il faut savoir établir les priorités. »
Et le Dr Saadé-Riachy de poursuivre : « Grâce aux avancées médicales, la personne diabétique peut, de nos jours, mieux vivre avec sa maladie. Trois importantes percées ont été signalées au cours des dernières années. Les agonistes du récepteur du GLP-1 ont fait leurs preuves dans la prise en charge de la diabésité. Ils permettent d'une part d'améliorer le contrôle glycémique et d'autre part de perdre du poids (deux à trois kilos par an). Une étude a montré récemment qu'un médicament de cette famille assure en plus une protection cardiovasculaire. »

Idem pour les inhibiteurs de la SGLT-2, qui entraînent eux aussi une diminution du poids à raison de deux à trois kilos par an. Un médicament de cette famille également assure une protection cardiovasculaire.
« Pour ce qui est de l'insuline, elle a été améliorée, constate le Dr Saadé-Riachy. Ce traitement jadis compliqué était accompagné de risques d'hypoglycémie. Désormais, nous disposons d'une nouvelle génération d'insuline intelligente qui est plus facile à prendre et qui entraîne moins d'hypoglycémie nocturne. »
Dans l'attente de nouvelles avancées dans la prise en charge du diabète, la spécialiste rappelle que « malgré toutes les percées, le traitement médical à lui seul ne suffit pas ». L'alimentation saine et l'activité physique sont tout aussi importantes pour un meilleur contrôle et... dans certains cas, une rémission, du diabète.

 

 

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