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Santé - Trois questions à... Charles Saab

« La prise en charge nutritionnelle d’un patient est unique »

Charles Saab, ancien président de la Société libanaise d'endocrinologie, du diabète et des lipides, concernant les recommandations d'un comité d'experts américains qui veulent lever les restrictions alimentaires sur le cholestérol (lire par ailleurs).

Comment se présente la situation du cholestérol au Liban ? Pourquoi cette question est-elle grave ?
Les études épidémiologiques sur le cholestérol au Liban remontent à 1995, 1999 et 2004. Elles ont été réalisées respectivement par nos collègues les Drs Sélim Jambart, Kamal Hirbli et Rafic Baddoura. Toutes ces recherches ont conclu à un taux élevé de cholestérol dans le sang des populations ayant fait l'objet des études. De plus, selon l'un de ces travaux, 68 % des personnes recrutées dans le cadre de l'étude affichaient un taux de cholestérol supérieur au seuil fixé à 201 mg/dl.
Le cholestérol constitue un des facteurs de risque de l'athérosclérose, une maladie causée par l'accumulation de dépôts graisseux sur les parois artérielles entraînant leur épaississement et menant progressivement à leur sténose (rétrécissement) puis à leur obstruction. Cela crée des complications qui sont de plus en plus fréquentes au Liban et qui surviennent de plus en plus chez une population relativement jeune. Au nombre de ces complications notamment l'infarctus du myocarde et l'accident vasculaire cérébral. Il convient de noter que le cholestérol est une pathologie qui peut toucher tous les gros vaisseaux, ce qui augmente la morbidité séquellaire, c'est-à-dire les complications liées aux séquelles de la pathologie et la mortalité.

Pourquoi interdit-on traditionnellement certains aliments en cas de taux élevé de cholestérol ? En quoi ces nouvelles recommandations seraient-elles plus efficaces qu'une restriction
alimentaire ?
Certains aliments riches en cholestérol sont interdits aux personnes à risque qui en abusent. Il faut noter que le métabolisme des lipides (c'est-à-dire l'ensemble des processus qui permettent à l'organisme de dégrader les graisses et de les assimiler) est beaucoup plus complexe pour se limiter uniquement à une valeur dans le sang, qui reste néanmoins un bon indicateur. Notons aussi qu'une décision médicale est basée d'abord sur les évidences scientifiques. De plus, l'avis de l'expert vient en dernier, puisqu'il est précédé par les différents types d'études qui sont menées sur une pathologie donnée. Or de nombreuses études mettent l'accent sur la relation directe entre le taux de cholestérol sanguin, notamment le LDL ou mauvais cholestérol, et l'incidence des accidents vasculaires. L'ingestion de quantités élevées de cholestérol ou de graisses saturées – sans oublier les graisses hydrogénées (corps gras modifié auquel de l'hydrogène a été introduit) qui sont les plus nocives – alimente ce métabolisme défectueux chez ces personnes, contribuant ainsi à la physiopathologie de la maladie. Réduire ces aliments reste une nécessité dans la prise en charge thérapeutique du cholestérol.
Heureusement que des molécules, telles que les statines, utilisées depuis plus de trente ans ont fait preuve d'innocuité et d'efficacité non seulement pour réduire le taux de cholestérol, mais aussi le taux d'accidents vasculaires.
Donc, nous ne disposons pas d'arguments solides pour recommander une prise de cholestérol libre dans l'alimentation. Cela reste à prouver en termes d'accidents vasculaires. Il n'en reste pas moins que certains aliments riches en lipides se sont avérés être riches aussi en acide gras polyinsaturé, comme les oméga-3 (acides gras qui contribuent à la diminution de l'agrégation des plaquettes sanguines).

En tant que médecin, appliqueriez-vous ces nouvelles recommandations et pourquoi ?
Nous appliquons ce que nos collègues outre-Atlantique suggèrent depuis bien longtemps. Notons ici que la prise en charge nutritionnelle d'un patient reste unique et diffère par conséquent d'un pays à un autre, d'une ethnie à une autre, ainsi que des habitudes alimentaires, etc. Donc, ce qui peut être bénéfique à un individu peut ne pas l'être à un autre.
De plus, l'hyperlipidémie existant dans nos régions suit un axe qui s'étend de la Turquie jusqu'en Arabie saoudite et qui va au-delà du cholestérol. Ainsi, les taux élevés de triglycérides et de LP(a) – une lipoprotéine fabriquée par le foie, qui est marqueur de risque d'athérosclérose – sont des indicateurs de risque bien spécifiques à notre population.
Finalement, si l'on reprend, sur un plan de politique de santé les propres termes de ces experts qui mettent l'accent sur les bénéfices de la diète méditerranéenne, des graisses polyinsaturées, des diètes riches en poissons... on peut dire qu'ils n'avancent rien de nouveau. Il reste à définir les quantités absolues de cholestérol à ingérer, ce qui nécessite de longues études des multiples facteurs qui prêtent à confusion.

Comment se présente la situation du cholestérol au Liban ? Pourquoi cette question est-elle grave ?Les études épidémiologiques sur le cholestérol au Liban remontent à 1995, 1999 et 2004. Elles ont été réalisées respectivement par nos collègues les Drs Sélim Jambart, Kamal Hirbli et Rafic Baddoura. Toutes ces recherches ont conclu à un taux élevé de cholestérol dans le sang des...
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