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Santé - Endocrinologie

Diabète : retarder l’échéance

La maladie ne cesse de gagner du terrain, alors qu'elle figure au nombre des pathologies qu'on peut prévenir. La recette est simple. Elle consiste à adopter un mode de vie sain, incluant activité physique régulière et alimentation équilibrée.

Une activité physique régulière combinée à une alimentation saine aide à prévenir le diabète.Photo Bigstock

Mieux vaut prévenir le diabète que le guérir. Tel est le message véhiculé par les spécialistes à l'occasion de la Journée mondiale du diabète, célébrée le 14 novembre et placée pour la seconde année consécutive sur le thème « Vie saine et diabète ». Et pour cause, le diabète touche plus de 382 millions de personnes dans le monde, selon l'Atlas du diabète de la Fédération mondiale du diabète (FMD). Un chiffre qui frôlera les 592 millions en 2035 si la tendance actuelle se poursuit. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le diabète sera en 2030 la septième cause de décès dans le monde si aucune mesure n'est prise pour freiner l'expansion de la maladie et les complications qui y sont liées.

Au Liban, les chiffres sont tout aussi inquiétants avec près de 10 % des citoyens qui en souffrent selon deux études réalisées par les Drs Kamal Hirbli et Ibrahim Salti. « Or, le diabète figure au nombre des maladies qui peuvent être prévenues », affirme le Dr Carole Saadé-Riachy, spécialiste en endocrinologie et en maladies métaboliques. « Il suffit d'agir sur les facteurs environnementaux », ajoute-t-elle.

Il convient de préciser à ce stade qu'il existe deux types de diabète. Le diabète de type 1, ou insulinodépendant, est dû à un déficit total de l'insuline sécrétée par le pancréas. Cette forme de la maladie est diagnostiquée principalement chez les personnes jeunes et plutôt minces, ayant des prédispositions génétiques. Le diabète de type 1 est de nature auto-immune, c'est-à-dire que le système immunitaire, qui doit protéger l'organisme contre les corps étrangers, fabrique des anticorps qui attaquent les cellules bêta du pancréas chargées de produire l'insuline. Le diabète de type 1 constitue près de 10 % de l'ensemble des cas de diabète. Les patients sont exclusivement traités à l'insuline avec un régime alimentaire adapté.

Le diabète de type 2 est dû à une résistance à l'insuline. Pour éviter une élévation du taux du glucose dans le sang, le pancréas sécrète une plus grande quantité d'insuline. Au fil des ans, il finit par s'épuiser. La quantité d'insuline qu'il sécrète devient ainsi insuffisante pour réguler le taux de glucose dans le sang. Cette forme de diabète constitue près de 90 % des cas. Le facteur héréditaire et l'âge jouent un rôle, mais c'est surtout le mode de vie malsain qui est pointé du doigt. En effet, le diabète de type 2 apparaît généralement après l'âge de 40 ans, mais de plus en plus de cas sont diagnostiqués à un âge plus jeune, en raison notamment de l'obésité abdominale, de la sédentarité, du tabagisme et de la mauvaise alimentation.

Médicaments vs mode de vie sain
C'est justement contre ces facteurs qu'il faudrait agir pour prévenir le déclenchement de la maladie ou au mieux retarder sa survenue. « La manière dont la société libanaise évolue est contraire aux habitudes que le diabétique ou le prédiabétique doit acquérir, constate le Dr Saadé-Riachy. » À l'urbanisation, s'ajoutent en fait la motorisation, la sédentarité, et surtout la promotion agressive des mérites de la cuisine rapide et des boissons sucrées, poursuit-elle. Nous ne pouvons que le constater dans les hôpitaux et les facultés avec ces distributeurs automatiques remplis principalement d'aliments riches en sucre. »

Pour lutter contre ce fléau, le Dr Saadé-Riaché estime qu'il faudrait agir à la fois sur les comportements des patients et des praticiens, notamment les endocrinologues et les médecins de famille qui sont de première ligne.
« Nous disposons de données scientifiques solides qui montrent qu'il est possible de retarder la survenue du diabète en adoptant un mode de vie sain incluant une activité physique régulière et une alimentation équilibrée, insiste le Dr Saadé-Riachy. Ce message doit parvenir au patient. Quant aux médecins, ils ont été formés à guérir plutôt qu'à prévenir. Or, nous avons un rôle à jouer dans l'éducation, d'autant que le diabète augmente de manière spectaculaire. Malheureusement, tous les médecins ne sont pas sensibles à l'importance de l'éducation. En effet, il est plus facile de rédiger une ordonnance médicale que de régulièrement répéter et compléter une information sur les bénéfices des régimes alimentaires, de l'activité physique régulière ou encore de l'arrêt du tabac. Cette attitude des médecins est en outre encouragée par le patient libanais qui préfère prendre des médicaments plutôt que d'adhérer aux recommandations d'intervention non pharmacologique. »

Ce qui est encore plus grave, c'est que de nombreux patients ignorent les complications liées à leur maladie. Rappelons à ce stade que le diabète mal contrôlé, qu'il soit de type 1 ou 2, peut entraîner une rétinopathie (atteinte de la rétine, entraînant une cécité), une néphropathie, ou insuffisance rénale, des complications micro et macrovasculaires, touchant respectivement les petits vaisseaux et les gros vaisseaux de l'organisme, des maladies cérébrovasculaires et vasculaires périphériques, atteignant les vaisseaux des jambes et ceux des extrémités.
« Il est frappant de constater que de nombreux patients ayant eu un infarctus du myocarde sont interloqués lorsqu'ils apprennent que cette complication est la conséquence de ce "léger" diabète ou de ces quelques cigarettes qu'ils fument », observe le Dr Saadé-Riachy. Et de préciser que le diabète est bien contrôlé lorsque le Hb1Ac (une valeur qui permet de déterminer la concentration du glucose dans le sang sur les trois derniers mois) se situe entre 6 et 6,5 %, le taux du mauvais cholestérol (LDL) est inférieur à 100 mg/dl et la tension artérielle est à 130/80 mm Hg.

Non-adhésion au traitement
La non-adhésion des patients au traitement reste le problème majeur que les praticiens rencontrent. « Cela est principalement dû aux coûts élevés des traitements, d'autant que beaucoup de patients prennent en plus des antidiabétiques oraux, des médicaments pour réguler la tension, le cholestérol, les triglycérides... des pathologies liées au diabète, indique le Dr Saadé-Riachy. La non-adhésion au traitement est également due à la peur que le patient a des effets secondaires des médicaments. D'autres pensent que les traitements sont inutiles ou encore ils oublient de les prendre. De plus, nous nous trouvons souvent face à des patients qui font une automédication, dans le sens où ils décident d'arrêter certains médicaments, généralement ceux qui sont le plus cher, et d'en garder d'autres. Par ailleurs, certains patients laissent tomber le traitement parce qu'ils trouvent qu'il est trop complexe. Or, le diabète est une maladie chronique qui nécessite un traitement à vie au risque de souffrir des complications de la pathologie. On ne peut pas négliger son diabète. On devrait plutôt l'apprivoiser. »

 

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