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La "Jungle" disparue, les commerces de Calais espèrent une bouffée d'air

La couverture médiatique de la crise migratoire a "défiguré le visage de Calais" et fait fuir les investisseurs, selon une professionnelle.

Tourisme au point mort, activité en berne... la "Jungle" de Calais a gravement nui aux commerçants de cette cité portuaire du nord de la France, qui espèrent profiter du démantèlement de l'immense campement de migrants pour relancer leurs affaires. Photo AFP / PHILIPPE HUGUEN

Tourisme au point mort, activité en berne... la "Jungle" de Calais a gravement nui aux commerçants de cette cité portuaire du nord de la France, qui espèrent profiter du démantèlement de l'immense campement de migrants pour relancer leurs affaires.

"Il était temps" que la "Jungle" soit évacuée de ses milliers d'occupants, se félicite Christophe Defever, propriétaire de la brasserie "Au Davydson", située à quelques encablures de la gare. "L'économie a vraiment souffert depuis leur arrivée".

Les images de camions pris d'assaut par des migrants ou des heurts dans leur camp ont fait du tort à la réputation de cette ville de 72.000 habitants, qui doit sa fortune et son infortune à sa proximité avec les côtes anglaises.
Dix millions de passagers transitent chaque année par son port, mais elle attire aussi des clandestins rêvant de traverser le détroit pour rejoindre l'Angleterre.

En juin dernier, le référendum britannique entérinant le Brexit n'a rien arrangé, en faisant chuter le cours de la livre sterling. Conséquence: dans le centre-ville, on ne croise plus de Britanniques, eux qui étaient habitués à faire du shopping à Calais ou à s'y arrêter pour faire bonne chère sur la route des vacances.
Dans la rue Royale, principale artère de la ville, bars et restaurants "étaient remplis d'Anglais" autrefois, se souvient Michelle Toulotte, retraitée, assise dans une brasserie où le nombre de serveurs dépasse celui des clients.

 

(Lire aussi : Le sort des jeunes migrants de Calais en voie de règlement)

 

'Sceptique sur l'après-Jungle'
Le marché immobilier a également souffert, fait valoir Evelyne Duriez, une professionnelle du secteur installée dans le centre de Calais.
La couverture médiatique de la crise migratoire a "défiguré le visage de Calais" et fait fuir les investisseurs, déplore-t-elle, même si le nombre de transactions entre particuliers, lui, est resté relativement stable.

Le 5 septembre, une association de commerçants de Calais et des routiers a bloqué l'autoroute pour réclamer le démantèlement de la "Jungle" accusée de fragiliser l'économie locale et de poser des problèmes de sécurité, les migrants érigeant des barrages pour tenter de monter à bord de camions en route vers l'Angleterre.

Depuis quelques jours, la "Jungle", qui abritait encore la semaine dernière entre 6.400 et 8.100 migrants, est désormais déserte. Depuis lundi, plus de 4.500 migrants ont été transférés vers des centres dans différentes régions de France, tandis que 1.500 mineurs ont été logés dans un centre provisoire aménagé sur place.
Les travaux de démolition du campement, eux, ont repris samedi matin.

Malgré tout, Evelyne Duriez ne peut s'empêcher de craindre l'arrivée de nouvelles vagues de migrants.
"On est sceptiques sur l'après-Jungle", confie l'agent immobilier, Calais demeurant la ville la plus proche des côtes anglaises. "On a peur qu'ils (les migrants) reviennent squatter en ville".
Hervé Legrand, lui, est philosophe. Ce chauffeur de taxi a réussi à équilibrer ses comptes grâce à l'afflux massif ces derniers jours de médias venus couvrir le démantèlement de l'immense bidonville, symbole de la difficulté de l'Europe à faire face à la crise migratoire. "On a peut-être perdu des touristes, mais on a gagné des journalistes" en guise de clientèle, dit-il en souriant.

 

Témoignage

Du Liban à Calais : deux Palestiniens dans « la Jungle »

 

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"Il était temps" que la "Jungle" soit évacuée de ses milliers d'occupants, se félicite Christophe Defever, propriétaire de la brasserie...

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