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Moyen Orient et Monde - Syrie

Les rebelles tentent à tout prix de briser le siège d’Alep-Est

Comme un air de déjà-vu. Les rebelles syriens ont lancé hier une importante contre-offensive depuis l'ouest d'Alep afin de briser le siège imposé par le régime syrien sur les quartiers est de la ville depuis le 17 juillet.

Une vingtaine de groupes armés, parmi lesquels Harakat Nour al-Zinki, Jaïch al-Islam, Ahrar al-Cham et Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra) participent à cette bataille. « Toutes les factions de Jaïch al-Fateh (coalition des principaux mouvements jihadistes et islamistes) annoncent le début de la bataille pour briser le siège d'Alep », a indiqué à l'AFP le commandant militaire et porte-parole d'Ahrar al-Cham, Abou Youssef el-Mouhajir. « Il y a un appel général à toute personne pouvant porter des armes », a déclaré pour sa part un dirigeant du groupe rebelle Front du Levant, qui combat sous la bannière de l'Armée syrienne libre (ASL).

Plus de 1 500 combattants seraient engagés dans une attaque contre les quartiers gouvernementaux sur un front de 15 km, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les groupes rebelles s'étaient emparés hier « de la majorité » du vaste quartier de Dahiyet al-Assad, au sud-ouest d'Alep, à l'exception d'un secteur proche d'une académie militaire, toujours selon l'OSDH.

 

(Témoignage : XIV- Khaled Naaïmi, vendeur à Alep-Est : « Papa, est-ce que la route de la banane a rouvert ? »)

 

« Beaucoup d'avions dans le ciel »
Cette offensive était attendue depuis plusieurs semaines, mais elle a été retardée par les altercations entre les différents groupes armés. Sous le feu des bombes lâchées par les avions russes et syriens, les 250 000 habitants d'Alep-Est attendaient les lancements de l'opération avec impatience.

Ayant le sentiment d'avoir été abandonnés par la communauté internationale, ils fondent tous leurs espoirs sur ces « combattants de l'extérieur » qui promettent de briser une deuxième fois le siège du régime, comme ils l'avaient fait le 6 août dernier avant que les troupes loyalistes ne reprennent leurs positions. Depuis, les bombardements se sont largement intensifiés et les ressources se sont nettement raréfiées rendant les conditions de vie des habitants d'Alep-Est encore plus difficiles (lire à ce titre les différents épisodes de la rubrique « Je vous parle d'Alep » publiés par L'Orient-Le Jour).

« La télévision ne marche pas car nous n'avons pas d'électricité, nous suivons les informations sur WhatsApp ou sur Facebook. On entend des explosions, on voit la fumée, mais on ne sait pas exactement ce qui se passe », raconte un habitant d'Alep-Est qui a souhaité garder l'anonymat. « Les combats se déroulent à 3 kilomètres de chez nous, il y a beaucoup d'avions dans le ciel, plus que d'habitude, et personne n'ose sortir », confie un autre habitant.

Sur les photographies et les vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux par les combattants, on peut voir des chars, des véhicules blindés, des bulldozers, des détecteurs de mine de fortune, des pick-up et des motos. Les rebelles ont tiré hier des « centaines de roquettes » sur les quartiers ouest tenus par le régime, « tuant 15 civils, dont une femme et deux enfants, et blessant plus d'une centaine d'autres », selon l'OSDH. Ces bombardements sont accompagnés de violents combats à la lisière des zones gouvernementales d'Alep où ont eu lieu trois attentats-suicides à la voiture piégée, selon la même source. L'ONG a également fait état de nombreuses roquettes tirées sur l'aéroport militaire de Naïrab et sur l'aéroport international d'Alep, situés dans l'est de la ville mais contrôlés par le gouvernement.

Dans les quartiers d'Alep-Est, les combattants ne se sont pas encore lancés dans la bataille. « Nous attendons les ordres de Jaïch-al Fateh pour participer à l'offensive », confie un combattant du Front du Levant contacté via WhatsApp. Dans les quartiers rebelles, les habitants, dont de nombreux enfants, ont brûlé des pneus, provoquant une fumée noire censée les protéger des frappes aériennes, mais beaucoup se sont éteints à cause d'une forte pluie qui entrave tout autant les opérations de l'aviation syrienne. « C'est une zone d'exclusion aérienne divine », a commenté un rebelle d'Ahrar al-Cham. Brûler des pneus est devenu « un symbole de la participation des enfants à cette bataille », écrit un activiste sur un groupe WhatsApp privé.

 

(Lire aussi : Le Moyen-Orient, nouveau royaume des milices)

 

 

« On va libérer Alep »
L'espoir est en tout cas en train de renaître à Alep-Est. « On va être victorieux, je suis très optimiste, on va briser le siège, on va libérer Alep », confie le combattant du Front du Levant.

S'ils parviennent à réaliser leur objectif, les rebelles infligeraient une véritable déconvenue aux troupes loyalistes. Ces dernières avaient, en effet, annoncé le lancement d'une vaste offensive pour s'emparer de la totalité d'Alep le 22 septembre dernier, mais leurs succès ont été limités, malgré les bombardements intensifs.

Le 18 octobre, la Russie a interrompu ses bombardements aériens à Alep dans le cadre d'une « pause humanitaire » censée permettre l'évacuation des civils et des blessés et le retrait des combattants. Mais les huit couloirs humanitaires qui y ont été créés à ces fins sont restés quasiment déserts. Les habitants d'Alep-Est n'ont aucune confiance dans le régime et dans les Russes et ne veulent pas quitter la ville. Chaque camp a conscience que cette bataille est la plus importante depuis le début du conflit et semble ne vouloir rien lâcher.

Le président russe, Vladimir Poutine, a considéré hier qu'il n'était pas « opportun actuellement de reprendre les frappes aériennes à Alep », alors que son état-major lui avait demandé de le faire quelques heures plus tôt. Cette mise en scène, orchestrée par le chef du Kremlin, lui permet de temporiser alors que les opérations russes sont sous le feu des critiques des Occidentaux. Il se garde toutefois le droit « de recourir à tous les moyens dont la Russie dispose pour soutenir les forces armées syriennes, pour mettre fin aux actions provocatrices des groupes terroristes », a précisé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Retour à la case départ...

 

 

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