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À La Une - Turquie

Trois mois après le putsch raté, Erdogan met le cap sur la présidentialisation du régime

Un référendum sera convoqué "dans les plus brefs délais".

Trois mois après avoir survécu à un putsch, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'active pour faire adopter une réforme de la Constitution visant à élargir les pouvoirs de la fonction présidentielle qui était largement cérémoniale avant qu'il n'y accède en 2014. AFP / ADEM ALTAN

Trois mois après avoir survécu à un putsch, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'active pour faire adopter une réforme de la Constitution visant à élargir les pouvoirs de la fonction présidentielle qui était largement cérémoniale avant qu'il n'y accède en 2014.

Un référendum sur l'instauration d'un régime présidentiel sera convoqué "dans les plus brefs délais", a déclaré mardi le Premier ministre Binali Yildirim.
Une telle initiative pourrait provoquer des turbulences susceptibles de nuire à une économie turque déjà fragilisée par un contexte sécuritaire et politique instable, et exacerber les tensions dans la société turque, mettent en garde des experts. Au contraire, rétorquent les dirigeants turcs, cette réforme garantirait la stabilité de l'exécutif, actuellement tiraillé entre un chef du gouvernement fort dans le droit et un président hégémonique dans les faits.

Depuis son élection à la tête de l'Etat en 2014, après 12 années comme Premier ministre, M. Erdogan semble en effet concentrer tous les pouvoir entre ses mains, instaurant de facto un système présidentiel alors que la Turquie est censée être sous un régime parlementaire.

Parmi les pistes de réformes régulièrement évoquées par la presse progouvernementale dans le cadre d'un amendement constitutionnel, figure notamment la possibilité pour le président d'être affilié à un parti -il est censé être au-dessus de toute formation politique aujourd'hui- ou encore le pouvoir de nommer directement les ministres, actuellement détenu par le Premier ministre. "Venez, soumettons la question à la nation. Si la nation dit +oui+, alors avançons vers le système présidentiel", a exhorté M. Erdogan le week-end dernier.

Mais, pour organiser un référendum, le gouvernement a besoin de l'appui d'au moins trois cinquièmes des élus au Parlement (330 sur 550). Or, le Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir) ne détient "que" 317 sièges. Cet obstacle pourrait toutefois être levé: le dirigeant du parti de la droite nationaliste MHP, Devlet Bahçeli, a indiqué mardi qu'il n'était pas opposé à un référendum sur la question. Sa formation compte 40 sièges à l'hémicycle, soit assez pour permettre à l'AKP de franchir le seuil des 330 voix parlementaires requises.

 

(Pour mémoire : Erdogan cherche régime présidentiel désespérément)

 

"Renforcer les divisions"
"Nous allons soumettre dans les plus brefs délais à l'Assemblée (...) une proposition comprenant les modifications de la Constitution que nous jugeons nécessaires", a déclaré, peu après, le Premier ministre Yildirim.

Le ministre de la Justice, Bekir Bozdag, a affirmé la semaine dernière que le référendum pourrait se tenir dès le printemps 2017. Et à en croire les dernières enquêtes d'opinion, l'AKP peut envisager cette perspective avec sérénité: selon un sondage publié mardi par le quotidien progouvernemental Sabah, 63% des électeurs soutiennent le projet de réforme constitutionnelle.

D'après les experts, ce soutien repose en grande partie sur la popularité personnelle du président Erdogan, laquelle s'est encore renforcée après le putsch manqué. "En Turquie, les gens voient un lien étroit entre Erdogan et le système présidentiel", a déclaré à l'AFP Mehmet Ali Kulak, directeur de l'institut de sondage MAK qui a réalisé la dernière enquête pour Sabah. "Ils soutiennent plus Erdogan que le système présidentiel".
Cependant, plusieurs partis, notamment le CHP (social-démocrate) et le HDP (prokurde), restent fermement opposés à cette réforme. Le chef de file du HDP, Selahattin Demirtas, a ainsi déclaré mardi que "participer à cette mascarade de scrutin (...) reviendrait à légitimer la dictature par la voie des urnes".

Un référendum, dans ce contexte politique tendu, pourrait jeter de l'huile sur le feu. Il existe un risque réel de "renforcer les divisions politiques, idéologiques et confessionnelles (...) qui tourmentent la politique et la société turques", a ainsi déclaré à l'AFP Fadi Hakura, spécialiste de la Turquie au centre de réflexion Chatham House basé à Londres.

Signe de l'inquiétude des marchés, qui redoutent l'instabilité, l'incertitude politique engendrée par le débat constitutionnel pèse sur la livre turque, qui a enregistré une chute de plus de 4% face au dollar depuis le début du mois.

 

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Trois mois après avoir survécu à un putsch, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'active pour faire adopter une réforme de la Constitution visant à élargir les pouvoirs de la fonction présidentielle qui était largement cérémoniale avant qu'il n'y accède en 2014.
Un référendum sur l'instauration d'un régime présidentiel sera convoqué "dans les plus brefs délais", a déclaré...

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ET VOILA ! TOUT SE COMPREND MAINTENANT QUAND AU PUTSCH...

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 54, le 19 octobre 2016

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Commentaires (1)

  • ET VOILA ! TOUT SE COMPREND MAINTENANT QUAND AU PUTSCH...

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 54, le 19 octobre 2016

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