Non au bilatéralisme, oui à un accord multilatéral, c'est le message de fond adressé hier par le mouvement Amal et le Hezbollah, à l'ensemble de la classe politique, à une vingtaine de jours de l'échéance constitutionnelle du 31 octobre pour l'élection d'un président.
À ce stade, l'option Michel Aoun reste incertaine, bien que les milieux du Courant patriotique libre se veulent – et se montrent – optimistes. Michel Aoun a même appelé hier le patriarche maronite pour le remercier de ses prises de position. Il faut dire que le chef de l'Église maronite a rendu un immense service au candidat Michel Aoun, en opposant un veto à toute condition préalable que l'on chercherait à lui dicter, ou à dicter à n'importe quel autre candidat.
Parallèlement, Gebran Bassil a entamé hier une tournée politique au cours de laquelle il souligne que l'heure d'une sortie de crise a sonné et que le Liban politique est désormais « à la croisée des chemins ».
Pour Sleiman Frangié, cependant, les dés ne sont toujours pas jetés. Le chef des Marada s'est rendu hier à Aïn el-Tiné, où il a remercié le président de la Chambre pour son appui et où il a réaffirmé qu'il restera dans la course jusqu'au bout.
Qu'attend-on désormais? Le scénario le plus fréquemment évoqué voudrait que le chef du courant du Futur, Saad Hariri, se déclare ouvertement en faveur de la candidature de Michel Aoun, déclenchant ainsi une réaction en chaîne qui comprendrait un battage politique en règle du Hezbollah en sa faveur auprès des hésitants et des récalcitrants, à commencer par le président de la Chambre, Nabih Berry.
Ce scénario serait en fait une façon de relancer le ballon dans le camp de M. Hariri. Il donnerait également une dimension nationale véritable à une éventuelle entente entre Saad Hariri et Michel Aoun, et rappellerait aux deux responsables qu'ils ne sont pas les seuls joueurs sur le terrain, au cas où ils seraient tentés de l'oublier.
C'est le dossier que Ali Hassan Khalil a plaidé hier, et Hassan Nasrallah a semblé aller dans le même sens lors d'un discours prononcé à la veille des commémorations de l'Achoura, se montrant ainsi plus proche de Nabih Berry que de Michel Aoun. Une entente générale signifie implicitement qu'un simple accord bilatéral entre Hariri et Aoun ne suffit pas pour mener M. Aoun à la présidence et que tout compromis au Liban doit être multilatéral pour réussir. Ce qui signifie, tout aussi implicitement, que le Hezbollah appuie l'idée d'ententes en marge du choix de la personne du président, ainsi que l'idée d'un « package deal », quel que soit le nom que l'on donnerait finalement à ce compromis.
Pour en revenir au scénario évoqué, le pas fatidique serait franchi par Saad Hariri autour du 20 octobre, à l'issue de la nouvelle tournée qu'il doit entreprendre à l'étranger et qu'il a effectivement commencée hier avec comme première escale à Riyad.
En attendant son retour et l'éventuelle déclaration, le CPL aura marqué les tragiques combats du 13 octobre 1989 par des manifestations qui, espère-t-il, seront massivement suivies, à l'appui de son slogan qui demeure le respect du pacte national et du partenariat islamo-chrétien dans la gestion des affaires publiques.
Après la déclaration d'intention positive de Saad Hariri, une rencontre entre Michel Aoun et Nabih Berry se tiendrait où les attentes – et les ententes – seront clarifiées.
Quelle chance a donc ce scénario de se produire, sachant qu'il reflétera une exceptionnelle volonté de compromis entre l'Iran et l'Arabie saoudite au Liban ? Certains, comme Waël Bou Faour, retour hier d'Arabie saoudite, y croient. Mais pour Ahmad Fatfat, l'hostilité de plus en plus aiguë entre les deux puissances régionales est telle qu'il ne voit pas comment l'on irait au Liban vers un compromis, alors que partout ailleurs, c'est l'affrontement.
Par ailleurs, le blocage pourrait venir de l'intérieur de la classe politique. L'angélique prestation télévisée de Michel Aoun sur la OTV ne saurait transformer un loup en agneau, affirme-t-on dans les milieux du courant du Futur, où la possibilité d'un appui de Saad Hariri à Michel Aoun est fortement contestée, pour ne rien dire de celle des groupes radicaux. C'est d'ailleurs ce que le Hezbollah s'obstine à ne pas vouloir comprendre, en niant son inféodation à l'axe syro-iranien et en prétendant faire de la haute politique arabe.
Ceux qui restent sceptiques à l'égard d'une possibilité de compromis estiment, en effet, que tout ce qui se passe en ce moment est une vaste mise en scène destinée à dégonfler le ballon aouniste et à paver la voie à une option plus sérieuse. Les plus alarmistes pensent, comme l'a affirmé hier l'ancien ministre de l'Intérieur, Marwan Charbel, retour d'Erbil, que « les choses en sont encore à leur début. Le plan de partition de l'Irak et de la Syrie est en cours d'exécution, prenons garde à celle qui menace notre patrie avec la présence sur notre sol d'un million et demi de Syriens prêts à l'exécution d'un plan étranger, si nous ne revenons pas à la raison et n'appliquons pas totalement et inconditionnellement l'accord de Taëf ».
Liban - La situation
Tout accord doit être multilatéral, plaident Berry et Nasrallah
OLJ / Par Fady NOUN, le 12 octobre 2016 à 00h00
ACCORD MULTILATERAL SANS CONDITIONS PREALABLES ET SALLET TINE SERAIT CERTES UNE BONNE CHOSE... PUISQUE HELAS LA DEMOCRATIE EST SYNONYME D,ANARCHIE DANS NOTRE ATOLL...
09 h 40, le 13 octobre 2016