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Liban - Libertés

Trois films programmés au BIFF interdits, une « atteinte inacceptable »

La censure a encore frappé au Festival international du film de Beyrouth (BIFF), inauguré hier soir. Trois films qui y étaient programmés n'ont pas obtenu de licences de projection de la part de la Sûreté générale et ce, pour des raisons éminemment politiques.

Affaires personnelles de la cinéaste palestinienne Maha el-Hajj, La coupe du monde des frères syriens Mohammad et Ahmad Malas, et Les nuits de la rue Zayandeh du réalisateur iranien Mohsen Makhmalbaf, ont été retirés de la programmation par la direction du Festival international du film de Beyrouth (BIFF).


Le film de Maha el-Hajj a été interdit par le bureau de la censure à la Sûreté générale pour avoir été en partie tourné en Israël et produit par une société israélienne. Le film des frères Malas, qui sont opposés au régime de Bachar el-Assad, a pour sa part obtenu un permis de projection, à condition que certaines scènes en soient supprimées, ce que la direction du festival a refusé. Ces scènes porteraient atteinte, selon un porte-parole de la Sûreté générale cité par l'AFP, à des personnalités et partis libanais et comporteraient également des insultes à leur égard.


Quant au film de Makhmalbaf, qui date des années 1990, la Sûreté générale précise qu' « il n'a pas été interdit » mais qu'il sera « soumis à un comité qui décidera s'il sera interdit ou projeté après coupure de quelques scènes ». Le comité en question devrait se prononcer lundi ou mercredi prochain, sachant que le festival prend fin le jeudi 13 octobre. Des sources proches des organisateurs du BIFF ont affirmé à L'Orient-Le Jour qu'un membre de l'ambassade iranienne à Beyrouth avait même contacté la direction du festival pour demander la suppression du film, ce que le festival avait refusé. Mohsen Makhmalbaf, qui est un opposant au régime iranien, a déjà vu ce même film interdit en Iran à sa sortie. « Après avoir visionné ce film, nous avons remarqué qu'il comporte des éléments qui portent atteinte à l'Iran. Or la loi libanaise interdit de porter atteinte aux pays amis et frères », a souligné la Sûreté générale.
À noter que le BIFF est contraint chaque année à renoncer à projeter plusieurs films en raison de la censure, notamment ceux traitant de questions relatives à la sexualité ou réalisés par des Iraniens hostiles au régime.

 

(Pour mémoire : Le BIFF se fait l’écho des problèmes du monde)

 

Une atteinte à la liberté d'expression
Cette vague de censures n'a pas manqué de susciter l'ire des militants des droits de l'homme, qui dénoncent une atteinte flagrante à la liberté d'expression.
Pour Jean-Pierre Katrib, militant au sein de la Fondation des droits de l'homme et du droit humanitaire (FDHDH), la censure préalable à la diffusion est inacceptable. « Nous sommes contre la censure qui précède la projection. Si quelqu'un a un problème avec un film qui est en train d'être diffusé, il peut recourir à la justice. Il ne faut pas que ce genre d'affaires soit relié à des affiliations politiques. Sinon, on risque de finir par tout censurer au Liban », a-t-il mis en garde.


« Qui sont au juste les personnes chargées de censurer et de quelles compétences doivent-ils bénéficier pour le faire ? » s'est par ailleurs demandé M. Katrib. « Le critère à suivre doit être celui de l'article 19 de la Charte des droits de l'homme et qui porte sur la liberté d'expression. À moins que certains films ne mettent en péril l'ordre public, mais il faut faire attention à bien définir ce qui relève de l'ordre public », a-t-il dit. Il a en outre invité les artistes à s'exprimer et à montrer leur talent afin d'appuyer la liberté d'expression au Liban.
Léa Baroudi, directrice de l'association March, s'insurge également contre une censure qui frappe en permanence, notamment lors des projections du BIFF. « C'est un scénario qui se répète chaque année. Les films les plus censurés sont ceux qui traitent de l'homosexualité ou de sujets politiques. Il n'est pas permis de nos jours de ne pas pouvoir donner son avis sur ces sujets-là. Ce n'est pas à chaque fois que l'on va évoquer un sujet plus ou moins controversé qu'on va nous faire taire », a-t-elle souligné.


« Si un film ou une pièce libanaise montrent des policiers ou des militaires en mauvaise posture, ils sont censurés pour ne pas porter atteinte aux institutions sécuritaires. Les artistes finissent par se plier à la censure pour pouvoir montrer leurs travaux. Je pense toutefois que les personnes touchées par la censure doivent hausser le ton », a-t-elle conclu.

 

Voir ici notre page cinéma

 

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Le film de Maha el-Hajj a été interdit par le bureau de la censure à la Sûreté...

commentaires (4)

Absurdite absolue en ce 21eme siecle mais neanmoins comprehensible au vu que d'aucuns s'efforcent par tous less moyens de ramener ce qui a ete le phare culturel de cette region de la planete vers le moyen-age, en vol direct et sans escale.

Remy Martin

21 h 26, le 06 octobre 2016

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Commentaires (4)

  • Absurdite absolue en ce 21eme siecle mais neanmoins comprehensible au vu que d'aucuns s'efforcent par tous less moyens de ramener ce qui a ete le phare culturel de cette region de la planete vers le moyen-age, en vol direct et sans escale.

    Remy Martin

    21 h 26, le 06 octobre 2016

  • Les realisateurs doivent remercier les censeurs, parce que ces films qui etaient assez inconnus vont etre recherches par le public qui voudra les visionner. Moi par exemple, je vais essayer de les trouver sur intenet.

    Michel Fayad

    20 h 47, le 06 octobre 2016

  • LA PARTIALITE EN TOUT ET PARTOUT... UN JOUR ON NE POURRAIT ENTRER DANS LES TOILETTES QU,APRES EXAMEN DU P.P. ET DES K.K. POUR IMPOSITION DE COUPURES... L,ABSURDITE ET L,ABERRATION N,ONT PLUS DE BORNES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 26, le 06 octobre 2016

  • D'autant plus que ces films sont projetés à un nombre limité adultes avertis, mûrs et larges d'esprit, puisque chaque film n'est projetté qu'une ou deux fois.

    NAUFAL SORAYA

    16 h 30, le 06 octobre 2016

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