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À La Une - Cinéma

La Corée du Nord s'ouvre (un peu) au cinéma international avec un Festival du film

"Il va sans dire qu'il n'y avait pas de contenu sexuel".

Le Festival international du film de Pyongyang (FIFP) qui s'est ouvert une semaine après le cinquième essai nucléaire nord-coréen du 9 septembre et s'est s'achevé vendredi, est à des années lumière de ceux de Berlin, Sundance et autres grands rendez-vous du cinéma. Photo AFP / Ed JONES

Au Festival international du film de Pyongyang (FIFP), le sexe et la violence pure sont rédhibitoires bien que les spectateurs aient pu entrevoir les fesses nues de soldats russes. Et si une oeuvre de Bollywood a reçu un accueil enthousiaste, Hollywood est totalement absent.

Ce festival, qui s'est ouvert une semaine après le cinquième essai nucléaire nord-coréen du 9 septembre et s'est s'achevé vendredi, est à des années lumière de ceux de Berlin, Sundance et autres grands rendez-vous du cinéma.

Sur la Croisette à Cannes, les célébrités du jury posent devant les médias du monde entier. A Pyongyang, les jurés se livrent à des courses à trois jambes ou se roulent sur le gazon pour tenter d'écraser des ballons, détente sportive organisée entre deux projections. "Tous les jours, il y a quelque chose d'inattendu", dit Al Cossar, un juré venu de Nouvelle-Zélande.

Lancé en 1987, le FIFP est bisannuel depuis 1990. Au départ, il concernait les Non-Alignés et Autres pays en développement mais à partir de 2000 il s'est élargi progressivement avec des films venus de Grande-Bretagne, de France et d'ailleurs.
Le processus de sélection est opaque et aucun des délégués étrangers présents n'a pu éclairer vraiment son fonctionnement. Il est aux mains de la Corporation coréenne d'exportation et d'importation du film (KorFilm), qui contrôle la distribution dans les salles nord-coréennes.

Le directeur adjoint de KorFilm, Kim Jae-Hyok, explique que le comité organisateur, qu'il préside, recherche des films "reflétant la mission du festival, à savoir l'autonomie, la paix et l'amitié". "Nous ne sélectionnons pas les films critiques envers un autre pays", dit-il à l'AFP.

 

(Lire aussi : Premier show aérien public en Corée du Nord, en dépit des sanctions)

 

Cinema non grata
Le Festival se dit ouvert au monde entier, mais il y a des exceptions notables: aucun film américain ou sud-coréen n'a jamais été sélectionné, une situation qui n'est pas prête de changer vu le climat diplomatique actuel.
"Des pays hostiles comme la Corée du Sud et les Etats-Unis nous imposent des sanctions et ne recherchent pas les échanges culturels", explique M. Kim. "Cette année, il y a eu des tentatives pour dissuader les espoirs et les aspirations de nombreux réalisateurs dans le monde qui tentaient de participer à notre festival, au moyen entre autres de sanctions", dit-il, sans autre précision.
"Les échanges culturels" sont les maîtres-mots du FIFP car il ne peut espérer concurrencer Cannes ou Berlin s'agissant des retombées pour les films en sélection, en termes de renommée internationale et d'accords de distribution.

Nombre des professionnels présents à Pyongyang semblent motivés par la curiosité. "J'aurais pu aller à Toronto, mais j'aurais vu les mêmes têtes, alors j'ai choisi de venir ici", dit le réalisateur français François Margolin dont le film "L'Antiquaire", qui traite de la spoliation des biens juifs par les nazis, a été présenté hors compétition.
"J'étais curieux de voir comment réagiraient les spectateurs nord-coréens à quelque chose d'extérieur à leur contexte culturel", poursuit-il. "La Corée du Nord n'est pas la planète Mars. Il y a un intérêt croissant chez les gens ici pour le monde extérieur, alimenté par la technologie".

 

(Pour mémoire : Quand l'espion en chef de Washington dîne avec le gradé nord-coréen qui a piraté Sony)

 

Pas de scène de sexe, svp
En dehors du festival, les films occidentaux sont rarement à l'affiche des cinémas nord-coréens, et les productions égrangères montrées à la télévision sont très souvent de facture soviétique ou chinoise, et remontent à des décennies.

Mais ces dernières années, les habitants de grandes villes comme Pyongyang peuvent accéder aux blockbusters hollywoodiens grâce à un marché noir très actif de films illégaux sur DVD ou clés USB.
A la différence des autres festivals, les cinq membres du jury du FIFP n'assistent pas aux projections publiques des films en compétition. Ils les regardent à huis clos.
"Quand on a demandé pourquoi, ils ont dit que la réaction des spectateurs pourrait nous influencer", a expliqué l'un d'eux, Matt Hulse, un Britannique qui habite Pékin.

Hormis le lever de rideau, le film russe "Frontier Post +Serene+", la seule autre projection publique accessible au jury fut celle d'un film de Bollywood hors compétition, "BahuBali", aux scènes de danse et de chant très appréciées des spectateurs.

Une soixantaine de films représentant 20 pays ont été présentés, dont 12 longs métrages dans la catégorie principale, incluant des films britanniques, polonais, russes et nord-coréens. C'est moins que lors des précédentes éditions, un déclin attribué par les délégués à l'isolement croissant de la Corée du Nord sur la scène internationale, après le renforcement des sanctions de l'Onu consécutif au quatrième essai nucléaire du 6 janvier.

La coopération et la victoire face à l'adversité sont des thèmes communs cette année. "Et il va sans dire qu'il n'y avait pas de contenu sexuel", souligne Matt Hulse.
Avec "Frontier Post +Serene+", sur un groupe de soldats russes à la frontière entre l'Afghanistan et le Tadjikistan, les spectateurs ont aperçu brièvement des derrières de militaires lors d'une scène de bain. "Ca a provoqué des gloussements parmi les spectatrices. C'était assez mignon", raconte Matt Hulse.

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