Les récentes photos du dernier malaise en date de Hillary Clinton la montrent très entourée par son équipe, et surtout, semble-t-il, par du personnel médical. En effet, la santé de la candidate démocrate est devenue une affaire d'État, ayant immanquablement des répercussions sur sa campagne électorale et sur le scrutin même.
Bien que son état de santé fasse des gorges chaudes depuis un moment déjà, sa défaillance dimanche dernier, en pleine commémoration du 11-Septembre, a prouvé que ses problèmes de santé sont bel et bien réels, quelle que soit leur gravité. Dans ce contexte, la candidate se retrouve plus observée que jamais. Chaque fait et geste est décortiqué, renforçant la perception, déjà répandue chez ses détracteurs, qu'on ne peut pas faire confiance à ses dires. De fait, les électeurs américains clament, haut et fort, le droit de connaître si leur candidat/e se porte bien ou pas. Nombreux sont ceux qui reprochent à Mme Clinton d'avoir caché, ou minimisé, l'importance d'un diagnostic de pneumonie (qui fait 50 000 victimes par an aux USA) par ses médecins, quelques jours auparavant. Elle aurait également caché avoir eu des embolies dont elle aurait souffert il y a plusieurs années, sans compter les chutes qu'elle aurait faites, dont l'une à la Maison-Blanche.
Ces silences ont apporté de l'eau au moulin de ses détracteurs qui lui reprochent depuis toujours son manque de transparence dans ce domaine. Les Américains sont réellement concernés par la santé de leur nouveau président, quel qu'il soit. Si elle gagne, Hillary Clinton sera, à quelques semaines de ses 69 ans, la seconde présidente la plus âgée, après Ronald Reagan, qui avait attaqué son second mandat à 68 ans. S'il gagne, Donald Trump, 71 ans, sera le plus âgé président élu. Mais alors que le candidat républicain critique régulièrement les cachotteries de sa rivale, son bulletin de santé, qu'il vient de promettre de divulguer dans les détails, est aussi un secret.
(Pour mémoire : Barack Obama en campagne pour Hillary Clinton en crise)
Présentéisme chronique
Par ailleurs, il est dit qu'Hillary souffre de « présentéisme », un terme argot américain très utilisé dans les milieux professionnels qui considèrent que prendre un congé de maladie est une faiblesse, qui, de surcroît, nuit au travail. Par conséquent, il convient de travailler malgré la maladie. Cette manie de l'ex-Première dame a d'ailleurs amené son mari, Bill Clinton, à dire qu'elle travaille « comme un démon ».
Il semblerait qu'aujourd'hui Mme Clinton paye cher ce « présentéisme ». À une période critique de sa campagne électorale, à quelques semaines du scrutin, la voilà obligée de ralentir le rythme, bien qu'elle reprenne aujourd'hui le chemin des discours en Caroline du Nord et à Washington, entre autres. Sa prestation sera examinée de près lors de son premier débat avec Donald Trump, censé avoir lieu le 26 septembre à l'université Hofstra (État de New York).
En attendant, le Comité national du Parti démocrate panique quelque peu, selon les médias américains. Que faire si son état s'aggrave et qu'elle se retire de la course? Comme ce problème n'est pas évoqué dans la Constitution, il reste du seul ressort du parti. Un analyste fait remarquer que « si les démocrates pensent que le président Obama peut ajourner les élections, c'est en fait impossible et pour nombre de raisons ». « Quant au Congrès, entre les mains des républicains, il ne pourra rien faire non plus, car les républicains ne vont sûrement pas donner une seconde chance aux démocrates », dit-il.
D'après une source républicaine, si un de ses candidats décède ou se retire, le parti peut organiser une nouvelle convention et faire un sondage dans chaque État pour obtenir un nom gagnant. Une autre option, la plus probable : élever le vice-président au rang de président.
Pour les démocrates, toutefois, le problème n'est pas aussi simple. Leur Comité national se réserve le droit de choisir son nouveau candidat. D'après une source au sein du parti, ce dernier n'a pas encore pris de décision à ce sujet. Il peut opter pour Tim Kaine, candidat à la présidence dans le camp de Mme Clinton ; ce serait la solution la plus adéquate vu le peu de temps qui reste pour ces modifications avant le 22 novembre, date de l'élection.
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