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Économie - Liban - Finance

La Banque centrale durcit encore l’encadrement des usuriers

La BDL a émis la semaine dernière une nouvelle circulaire frappant d'interdit bancaire les comptoirs financiers et leurs dirigeants ne remplissant pas les conditions exigées pour ces activités.

Au Liban, seuls 14 « comptoirs financiers » sont enregistrés auprès de la BDL.

La Banque du Liban (BDL) a encore monté d'un cran son offensive pour réguler davantage les activités des « comptoirs financiers ». À la manière d'usuriers, ces établissements octroient – généralement à des particuliers surendettés auprès des banques – des prêts à taux d'intérêt élevés contre la garantie d'un bien (une maison, une voiture, des bijoux...) qui serait saisi en cas de défaut de paiement.

Émise le 16 août, la circulaire intermédiaire (n° 432) stipule que « les banques et institutions financières sont désormais interdites de réaliser des opérations bancaires ou non bancaires avec toute institution de change ou comptoirs, à moins que ces derniers soient enregistrés sur les listes respectives d'institutions autorisées par la BDL ». Cette interdiction vaut également pour les actionnaires ou gérants de ces institutions ne figurant pas sur ces listes. « Alors qu'il existe des centaines de comptoirs au Liban, seuls 14 sont actuellement enregistrés auprès de la BDL. Cette nouvelle circulaire rendra encore plus difficile le fonctionnement de comptoirs non autorisés au Liban, dans le but de protéger les Libanais face aux abus qui peuvent y être liés », explique une source financière haut placée. Les banques ont jusqu'à fin novembre pour se mettre en conformité avec cette décision.

Essor
Les pratiques de certains de ces établissements posent problème depuis des années. « Nous avons constaté une multiplication de publicités de la part de ces comptoirs défiant les banques en permettant à leurs clients des remboursements mensuels de leur crédit d'un montant équivalent à 80 % de leurs revenus ! » fustige la source précitée.

Pis, certains proposent également des services de dépôts, avec des taux d'intérêt très attractifs, mais sont ensuite incapables de rendre ces sommes à leurs propriétaires. « Ces pratiques, qui ne sont pas seulement le fait de comptoirs, sont naturellement interdites par la loi, car seules les banques ont le droit d'avoir des dépôts », continue la source précitée.

Par ailleurs, l'essor des comptoirs est paradoxalement en partie lié au durcissement des conditions d'octroi de crédits bancaires aux particuliers par la BDL. Depuis octobre 2014, celle-ci impose par exemple que le remboursement des crédits automobile ou immobilier n'excède pas 35 % des revenus mensuels du ménage débiteur. Or les crédits octroyés par les comptoirs non enregistrés ne sont soumis à aucun encadrement, entraînant un lourd risque de surendettement des clients.

 

(Pour mémoire : Les usuriers désormais régulés par la BDL)

 

Davantage d'inscriptions ?
La BDL n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai pour freiner le développement de ces usuriers. Une première circulaire, émise en février 2015, leur imposait ainsi de lui communiquer toutes les informations les concernant – leur contact et les détails de toutes les opérations financières effectuées – sous peine d'interdiction bancaire. « Une quarantaine de comptoirs avaient alors envoyé des demandes d'enregistrement à la BDL », explique la source précitée. Puis, en janvier 2016, la BDL a émis une nouvelle circulaire afin de soumettre ces institutions aux mêmes règles que les institutions financières et les départements de la banque de détail.

Ce texte introduisait notamment un seuil minimal de capitalisation (2 milliards de livres libanaises par branche); l'interdiction d'accorder des prêts d'une valeur inférieure à 60 % du montant de la garantie fournie par le client ; ou encore le plafonnement des facilités de crédit accordées par les comptoirs (à 100 000 dollars). De plus, ces comptoirs ont l'interdiction de se financer auprès des banques et institutions financières, directement ou indirectement, et doivent communiquer à la centrale des risques de la BDL tous les crédits octroyés, afin de pouvoir calculer les taux d'endettement de leurs clients. Face à ces nouvelles restrictions, sur les 40 demandes d'enregistrement des comptoirs, seuls 14 comptoirs sont désormais enregistrés par la BDL.

« Les comptoirs avaient 6 mois, à compter de janvier 2016, pour se mettre en conformité avec ces dispositions, auquel cas ils étaient interdits d'activité », ajoute la source financière haut placée. En mettant cette menace à exécution, voire en durcissant les sanctions contre les actionnaires, cette nouvelle circulaire parviendra-t-elle à entraîner davantage d'inscriptions ?

Jusque-là non présent sur la liste de la BDL, Money, un comptoir comptant déjà 500 points de vente au Liban, et qui propose des crédits à la consommation d'un montant maximum de 6 000 dollars sans garantie, entend y remédier. « Nous serons inscrits sur la liste de la BDL la semaine prochaine. Nous allons commencer à communiquer à la centrale des risques de la BDL tous les crédits octroyés afin que le taux d'endettement des clients soit vérifié », explique le PDG de Money, Élias Samia, qui y était pourtant réticent il y a encore quelques mois.

 

 

Pour mémoire

Au Liban, Money veut généraliser les crédits à la consommation

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