S'attaquer à la racine du mal, avec une forte dose de lucidité et de courage, loin de tout angélisme primaire et niais... Face à la vague jihadiste rampante qui brise les frontières et nage en pleine démence, il est devenu impératif de mettre le doigt sur la plaie, d'affronter la réalité telle qu'elle se présente. La Premier ministre français Manuel Valls s'est engagé sur cette voie avec audace et clairvoyance en relevant sans détour, dans une récente interview au quotidien Le Monde, qu'il est désormais nécessaire d'initier une « remise à plat et d'inventer une nouvelle relation avec l'islam de France ».
Concrètement, Manuel Valls a souhaité que « les imams soient formés en France et pas ailleurs », se prononçant en outre pour un arrêt, ne fût-ce que temporaire, du financement étranger de la construction des mosquées en France. La Sénat français préconisait déjà il y a un peu plus d'un mois, dans un rapport officiel, que les imams soient « formés, à terme, exclusivement en France dans des centres labellisés ». Cette mesure devrait revêtir un caractère d'urgence du fait que 20 à 30 pour cent seulement des imams sont français et plus de 10 pour cent d'entre eux sont financés par des pays étrangers.
La nature des rapports de l'Occident avec l'islam est depuis quelque temps au centre d'un vaste débat en Europe. De nombreuses voix s'élèvent ainsi au sein de l'UE pour affirmer que l'islam ne peut pas s'accommoder aux valeurs de l'Europe. Force est de relever que le défi à relever sur ce plan est incommensurable. De part et d'autre...
Au niveau des grandes puissances occidentales, une ligne de conduite telle que celle préconisée par Manuel Valls constitue, à n'en point douter, un bon début. Elle risquerait cependant d'aboutir rapidement à une impasse si elle ne s'accompagne pas de décisions politiques stratégiques, à l'échelle régionale et internationale, visant à désamorcer les situations qui représentent un fort catalyseur pour le renforcement des courants jihadistes et extrémistes, aussi bien sunnites que chiites. Il est grand temps pour les décideurs internationaux de reconnaître que l'absence de règlement durable au problème palestinien ainsi que le blanc-seing accordé par l'administration Obama au maintien du régime de Bachar el-Assad et à la poursuite de l'opération Grozny 2 menée par l'aviation russe contre la population syrienne sont autant de facteurs qui renforcent, jour après jour, les courants jihadistes ainsi que l'extrémisme sunnito-chiite qui a dans sa ligne de mire les valeurs et le mode de vie occidentaux.
Le silence sidérant de la communauté internationale face aux massacres quasi quotidiens qui visent les civils syriens – entre autres – et le manque de réaction vis-à-vis de l'utilisation à grande échelle de bombes incendiaires et de bombes à fragmentation par l'aviation russe ont pour conséquence une perte totale de repères dans le comportement d'un nombre croissant de jeunes. Ces derniers deviennent, de ce fait, un terreau fertile pour toute sorte de manipulation diabolique de le part d'idéologues sanguinaires ou encore de certains services de renseignements par essence sans foi ni loi.
Quant aux grands pays musulmans exportateurs d'une vision rétrograde de la religion, ils ont eux aussi un colossal défi d'ordre existentiel à relever. Plus que jamais, ils se doivent de développer dans les écoles, les lieux de culte, les centres de formation, les clubs socioculturels une vaste campagne pour prôner l'ouverture à l'autre et le respect des valeurs humanistes, l'enjeu immédiat étant d'effacer l'image violente et obscurantiste de l'islam que les jihadistes ne cessent de colporter. Quelques initiatives ont déjà été entreprises sur ce plan, notamment pas le cheikh d'al-Azhar au Caire, mais au stade actuel, elles restent encore bien en deçà de l'objectif recherché.
C'est d'une sorte de révolution culturelle dont le monde musulman a besoin aujourd'hui pour stopper le déviationnisme destructeur enclenché au nom de la religion. À défaut, nul n'ose imaginer quelles pourraient être les retombées du cycle de violence démentielle qui va crescendo un peu partout dans le monde.
Pour mémoire
commentaires (9)
AUSSI BIEN DES UNS QUE DES AUTRES... BIEN DIT MONSIEUR TOUMA, BIEN DIT... IL FAUT RENVOYER TOUS LES EXTREMISTES DES OBSCURANTISMES DES DEUX FACES DE LA MEME MONNAIE LA D,OU ILS SONT VENUS !
JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA
10 h 55, le 11 août 2016