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À La Une - Liban

Assir brandit la menace d'une "solution militaire" à Saïda

Calme précaire dans la ville côtière du Liban-Sud, après les violences de mardi soir.

Le cheikh salafiste Ahmad el-Assir. Photo d'archives.

Au Liban, les incidents sécuritaires, conséquence du climat de tension en raison du conflit en Syrie, se multiplient. Dernier théâtre de violences en date, la ville côtière de Saïda (Liban-Sud), où se sont affrontés mardi combattants du Hezbollah et partisans du cheikh salafiste Ahmad el-Assir.

 

Ce dernier a déclaré, mercredi, lors d'une conférence de presse qu'il aurait souhaité ne pas en arriver là. "Depuis un an, nous organisons des manifestations pour appeler à relancer les discussions autour d'une stratégie de défense afin que les armes (du Hezbollah) soient entre les mains de l’État, a-t-il déclaré. Tout le monde a fait des promesses dans ce sens afin que nous quittions la rue, sans jamais les tenir".

 

"Nous sommes quotidiennement la cible d'attaques à Saïda, nous avons plusieurs fois haussé le ton, mais l’État n'a pas pu nous défendre. Pour cette raison, nous avons annoncé la formation des +brigades de la résistance libre à Saïda+", a poursuivi l'imam.

L'annonce avait été faite fin avril quand cheikh Assir et un autre religieux salafiste avaient appelé au jihad en Syrie pour défendre les sunnites de la région centrale de Homs, affirmant réagir à l'implication du Hezbollah aux côtés de l'armée syrienne.

 

(Cartographie : Le Liban rattrapé par la crise syrienne)

 

S'adressant aux habitants de Haret Saïda, Ahmad el-Assir a déclaré : "J'aurais aimé ne pas en arriver au jour où nous serions la cible de vos roquettes. Nous sommes obligés de vivre ensemble, privilégiez donc la raison afin d'éviter le pire".

 

Cheikh Assir a affirmé à plusieurs reprises que le Hezbollah utilisait des appartements à Abra, la banlieue de Saïda où les heurts ont eu lieu mardi, pour cacher des armes et des combattants. A ce propos, il a déclaré lors de sa conférence de presse : "L'existence de ces appartements a amené au déploiement de l'armée dans la région, ce qui a provoqué une grande tension avec nos partisans que nous essayons de calmer depuis six mois déjà." 

Le cheikh salafiste a indiqué dans ce contexte que le ministre démissionnaire de l'Intérieur Marwan Charbel lui avait promis, il y a sept mois, de régler l'affaire des appartements en 15 jours. "Nous n'avons vu aucun résultat jusqu'à ce jour", a-t-il déclaré.

 

 

"Prêts à mourir pour notre dignité"

Haussant à nouveau le ton, le cheikh salafiste a estimé que les appartements occupés par le Hezbollah à Abra représentent une véritable menace et sont la cause du conflit à Saïda. "Nous sommes face à trois options : soit la mosquée Bilal Ben Rabah est transférée dans un nouveau local, ce qui est impossible, soit les appartements sont fermés, soit la situation reste telle quelle".

Cheikh Assir a ensuite mis en garde : "Si les appartements ne sont pas fermés d'ici lundi, plusieurs solutions se présentent à nous, dont l'option militaire. Nous sommes prêts à mourir pour notre dignité".

 

Mercredi matin, le quotidien al-Akhbar rapportait que cheikh Assir aurait demandé l’appui militaire de groupes armés du camp de réfugiés de Aïn el-Héloué. Le dignitaire sunnite aurait également demandé que des roquettes soient lancées, à partir du camp, vers le quartier de Haret Saïda, contrôlé par le Hezbollah. Les représentants palestiniens du camp auraient refusé, demandant au cheikh de ne pas mêler le camp aux tensions et aux violences qui ont lieu dans la ville. Allant dans le même sens, le représentant du Hamas a déclaré que la priorité est de mettre le camp à l'écart des incidents sécuritaires.

 

Par ailleurs, l'imam sunnite a confirmé que des hommes du Hezbollah ont attaqué la villa de l'ex-chanteur Fadel Chaker et y ont volé de l'argent et des bijoux d'une valeur d'un million de dollars. Commentant les menaces de mort lancées par Chaker contre Samih el-Zein le président de la municipalité de Haret-Saïda, Ahmad el-Assir a déclaré : "J'appelle les télévisions à aller filmer la villa de Fadel Chaker, mais nous refusons néanmoins les menaces et les propos qu'il a tenus, quand bien même ils l'ont été sous le coup de la colère".

 

 

Des partisans du cheikh salafiste Ahmad el-Assir défilent à Saïda le 18 juin 2013. REUTERS/Mohamed Azakir

 

 

Calme précaire

Alors qu'el-Assir tenait sa conférence de presse, ses partisans armés se sont déployés dans les rues de Saïda, tirant en l'air près de la mosquée Bilal ben Rabah, ont rapporté les médias locaux.

 

Ces tirs ont interrompu le calme précaire qui régnait mercredi dans la ville au lendemain des affrontements qui ont fait un mort. 

"Des hommes armés ont tiré et un homme a été tué. Plusieurs personnes ont aussi été blessées", avait indiqué l'armée mardi soir dans un communiqué, sans donner davantage de détails sur les circonstances de l'incident.

Selon une source de sécurité, les coups de feu ont été tirés à Abra, par des hommes fidèles à Ahmad el-Assir.

Les forces spéciales de l'armée libanaise se sont déployées en force dès mardi après-midi afin de rétablir le calme dans la ville et empêcher toute escalade. Le ministre sortant Marwan Charbel a assuré que Saïda "ne sera pas une nouvelle ligne de front syrienne". "Nous avons reçu les demandes de cheikh Assir concernant les appartements à Abra (...), nous essayons de régler cette affaire", a indiqué le responsable. "L'armée ne permettra pas le déploiement d'éléments armés dans la ville et n'hésitera pas à riposter aux tirs", a poursuivi le ministre lors d'un entretien avec la radio Voix du Liban (VDL).



Carte réalisée par Elie Wehbé

 


Réactions

Les violences à Saïda viennent s'ajouter aux affrontements qui ensanglantent à intervalles réguliers Tripoli, capitale du Liban-Nord, où s'opposent deux quartiers historiquement rivaux, Bab el-Tebbaneh, à majorité sunnite et anti-Assad, et Jabal Mohsen, à majorité alaouite et pro-régime syrien.

 

Dimanche, trois chiites libanais et un Turc avaient, en outre, été assassinés dans la plaine de la Békaa. Mercredi, un groupe de rebelles syriens a revendiqué ces meurtres, dans une vidéo, accusant les victimes d'appartenir au Hezbollah qui combat au côté des forces du président syrien Bachar el-Assad. Le groupe, qui se fait appeler "Unité des moudjahidine syriens", affirme avoir abattu les quatre hommes alors qu'ils tentaient de pénétrer en territoire syrien.

Une autre vidéo montre les cartes d'identité des quatre victimes ainsi que deux fusils d'assaut kalachnikov et deux pistolets que les rebelles disent avoir trouvé sur eux.


 

 

Au bord du gouffre

Cette vague de violence a suscité de nombreuses réactions de la part des responsables et personnalités libanaises.
Le président du Parlement Nabih Berry a qualifié la situation sécuritaire du pays de "dangereuse", estimant que certains "cherchent l'explosion" au Liban.


Mardi, le Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati a lancé un appel au dialogue : "Notre destin est de vivre ensemble, de coexister et de discuter de nos problèmes sur la table du dialogue national et non pas dans la rue".

De son côté, le chef de l'Organisation populaire nassérienne Oussama Saad a averti, mercredi lors d'une conférence de presse, que l'incident qui s'est produit mardi à Saïda "constitue un danger pour la paix civile au Liban-sud".
"Cette attaque planifiée par Ahmad el-Assir a fait des blessés parmi les civils et a poussé des gens à l'exil", a affirmé M. Saad. "Il s'agit d'une provocation sans précédent par ce groupe (...)", a-t-il ajouté en allusion aux partisans du cheikh salafiste.
Selon ce responsable, "Assir a d'ores et déjà affirmé que l'explosion allait bientôt se produire (à Saïda, ndlr) (...) Un de ses partisans a même appelé à chasser les chiites de la ville". "Ils veulent susciter une réaction et provoquer une explosion à Saïda", a martelé le responsable. "Mais la sagesse du mouvement Amal et du Hezbollah a saboté le complot de Assir", a poursuivi le chef de l'Organisation populaire nassérienne.

 

Le chef de la Jamaa Islamiya au Liban-Sud, Bassam Hammoud, a pour sa part condamné mercredi les incidents qui ont secoué la ville, indiquant que les partis politiques devaient "contenir leurs militants" afin d’éviter tout conflit. "Certains cherchent à transformer Haret Saïda en un nouveau Jabal Mohsen", a dénoncé M. Hammoud.

Le responsable du parti islamiste a également demandé que l’État assume ses responsabilités et que les groupes qui agissent sous la bannière de la "Résistance" soient rapidement désarmés, rejetant tout déploiement d’éléments armés dans la ville. M. Hammoud a en outre condamné certains acteurs de ces incidents "qui n’ont aucun respect pour la vie humaine et la paix civile".

 

La députée de Saïda, Bahia Hariri, a de son côté déclaré mercredi que la ville côtière du Liban-Sud n'acceptera que l’État pour la protéger et préserver sa sécurité, rejetant les armes illégales et la couverture politique dont bénéficient les semeurs de troubles. Pour Mme Hariri, Saïda restera toujours la ville de la coexistence religieuse.

La députée a par ailleurs assuré que des efforts sont déployés afin d'éviter que les affrontements de mardi se répètent, appelant l’État à sévir contre toutes les personnes qui y sont impliquées.

 

Mardi, une importante délégation du 14 Mars, conduite par le chef du bloc du Futur, Fouad Siniora, a remis à Baabda au président Michel Sleiman, un mémorandum mettant l’accent sur les "périls" que font peser sur le Liban l’action du régime syrien et celle du Hezbollah, et exhortant le chef de l’État à sommer ce dernier de se retirer immédiatement de Syrie.

Interrogé par L'Orient-Le Jour, un responsable du Quai d'Orsay a appelé les leaders libanais à un sursaut interne, car leur pays se trouve au bord du gouffre.

 

Le Liban prône officiellement une politique de neutralité dans le conflit en Syrie, mais celle-ci est mise à mal en raison de la profonde division du pays entre partisans et adversaires du régime de Damas.



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Au Liban, les incidents sécuritaires, conséquence du climat de tension en raison du conflit en Syrie, se multiplient. Dernier théâtre de violences en date, la ville côtière de Saïda (Liban-Sud), où se sont affrontés mardi combattants du Hezbollah et partisans du cheikh salafiste Ahmad el-Assir.
 
Ce dernier a déclaré, mercredi, lors d'une conférence de presse qu'il aurait souhaité...

commentaires (6)

Ya 3ammé rou' chouaï...bois un coup et calme toi...allez un telt teltén ma3 chouayyit 7ommos, wou saouda nayyié...faut arrêter de s'exciter comme çà...c'est mauvais pour la tension...watté daghtak!

GEDEON Christian

21 h 12, le 19 juin 2013

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Commentaires (6)

  • Ya 3ammé rou' chouaï...bois un coup et calme toi...allez un telt teltén ma3 chouayyit 7ommos, wou saouda nayyié...faut arrêter de s'exciter comme çà...c'est mauvais pour la tension...watté daghtak!

    GEDEON Christian

    21 h 12, le 19 juin 2013

  • DANGEREUSES CONSÉQUENCES !

    SAKR LOUBNAN

    18 h 18, le 19 juin 2013

  • Et à propos de fatwa,il serait intelligent de lever celle qui pèse sur Salman Rushdie...non?

    GEDEON Christian

    16 h 58, le 19 juin 2013

  • La sempiternelle jactance arabe...bedna nedbah,bedna he7rok...etc...quelle misère...

    GEDEON Christian

    16 h 53, le 19 juin 2013

  • Le clown et son adepte qui menace de mort live ne savent plus quoi inventer pour mettre en pratique les ordres qu'ils ont reçu des sionistes et leurs bras armés, qu'ils se calment parce que Qousseir libérée en 2 semaines par leurs maîtres es commandos ne sera qu'une ballade devant Saida qui sera nettoyée de ces salafo cannibalo wahabites.

    Jaber Kamel

    16 h 29, le 19 juin 2013

  • Un pays sans gouvernement , sans parlement devient trop fragile . Courage encore une fois pour l'armée libanaise notre unique planche de salut . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    16 h 25, le 19 juin 2013

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