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Liban

À Bruxelles, la Fondation Boghossian investit la mythique villa Empain

À l'heure où l'on s'échine au Liban à détruire, par voracité ou indifférence, l'héritage architectural et culturel, l'un des joyaux Art déco du patrimoine bruxellois a été racheté et restauré par les frères Jean et Albert Boghossian qui y ont installé le siège de leur fondation et un centre d'art pour promouvoir le dialogue entre l'Orient et l'Occident. Une magnifique initiative digne d'être saluée.

 Le hall d’entrée de la villa déploie son luxe.

Temple de l'Art déco inscrit sur la liste de sauvegarde des monuments et sites historiques de Bruxelles, la villa du baron Louis Empain abrite désormais le siège de la Fondation Boghossian et un « Centre d'art et de dialogue entre l'Orient et l'Occident ». Achetée en 2006 par Jean et Albert Boghossian, libanais d'origine arménienne, cette demeure luxueuse conçue en 1931 par l'architecte suisse Michel Polak vient de rouvrir ses portes après quatre années de travaux de rénovation menés par des spécialistes hors pair, en collaboration avec la Commission royale des monuments et sites. L'édifice « tagué », « vandalisé », avait en effet subi de nombreuses transformations en 60 ans. Aménagé en un musée des Arts décoratifs, réquisitionné durant la Seconde Guerre mondiale par les Allemands, occupé par l'ambassade d'URSS, vendu en 1973 au magnat du tabac, Tcherkezian, et loué, jusqu'en 1995 , à RTL-TVi belge qui l'a utilisé pour des prises de vue cinématographiques, la demeure est cédée en 2006 à la Fondation Boghossian. Celle-ci n'a pas lésiné sur les frais pour lui rendre tout son lustre et son faste d'antan.
Posée à l'orée du Bois de la Cambre, la villa déploie sur 3 500 m2 une profusion de détails et une diversité de matériaux exceptionnels, les mêmes qui, à l'époque, firent son prestige et suscitèrent l'émerveillement. Derrière les quatre façades en granit poli se dresse un intérieur foisonnant de richesse, où la variété des marbres crée des effets de polychromie remarquables et dispute aux bois précieux (tels le palissandre, l'acajou de Cuba massif ou encore le noyer de Birmanie posé en aile de papillon) la palme du raffinement ; le bronze, notamment celui de la très belle clôture séparant le grand hall de la réception, est travaillé avec le plus grand soin, de même que l'incroyable verrière gravée du rez-de-chaussée (un système pour contrôler l'éclairage intérieur)... Tout a été réalisé à l'identique et selon les techniques de l'époque, de sorte que même la piscine et sa pergola ont été reconstituées ! Cette renaissance a été possible grâce à un énorme travail de recherche, dont une étude de 600 pages sur la villa réalisée par l'historien Carlo Chapelle.
La mission des architectes incluait également la modernisation de ce lieu, de façon à ce qu'il soit adapté à sa nouvelle fonction de musée et de Centre d'art et de dialogue entre l'Orient et l'Occident. Ce centre accueille actuellement une exposition intitulée « Itinéraires de l'élégance entre l'Orient et l'Occident ». Évoquant les modes d'expression et les multiples échanges entre les différentes cultures, l'événement, organisé par la commissaire Diane Hennebert, permet de découvrir des pièces rares et anciennes provenant des collections publiques et privées, belges et internationales : soies, broderies de l'Inde et bijoux (dont le somptueux collier du maharadja de Patiala, composé de près de 3 000 diamants, créé en 1928 par la maison Cartier) ; tapis d'Orient ; art
du hammam à travers les époques ; miniatures, calligraphies et céramiques islamiques ;
estampes et céramiques japonaises ; peintures, sculptures, bijoux et design de la période Art nouveau et Art déco. L'exposition propose également les créations de nombreux artistes et stylistes, dont la grande sculpture de verre soufflé de Murano, de près de quatre mètres de Jean-Michel Othoniel ; les colliers fous de Daniel Von Weinberger ; les sculptures de la Coréenne Lee Bul ; des œuvres d'Anish Kapoor, de Masao Yamamoto, d'Issey Miyake et « la mariée » de Rabih Keyrouz, pour n'en citer que quelques-uns.
Ne reste aux Libanais férus d'art qu'à s'y rendre pour constater de visu la merveille culturelle qu'ont réalisée les frères Boghossian.
Temple de l'Art déco inscrit sur la liste de sauvegarde des monuments et sites historiques de Bruxelles, la villa du baron Louis Empain abrite désormais le siège de la Fondation Boghossian et un « Centre d'art et de dialogue entre l'Orient et l'Occident ». Achetée en 2006 par Jean et Albert Boghossian, libanais d'origine...
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