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Actualités - REPORTAGES

Expositions - Dans l'atelier du peintre, à Bkenneya Isis Nassar : attirance pour les cultures primitives(photos)

À Bkenneya, sur les hauteurs de Jal el-Dib, une maison en pierre de taille, aux balustrades en fer forgé, abrite l’atelier du peintre Isis Nassar. C’est dans la maison de ses ancêtres que l’artiste donne à voir une cinquantaine de ses œuvres, souvenirs en couleurs de ses nombreux voyages. Insatiable, elle a le goût des choses exotiques, des mœurs, coutumes et formes artistiques des peuples lointains. Grande voyageuse, Isis Nassar nous emporte dans un monde parfumé d’effluves exotiques, traduisant l’ambiance colorée et chaude de sa touche pastellée. Multipliant les contrastes chromatiques et les jeux d’ombre, l’artiste compose des scènes d’une vitalité et d’une tendresse propice aux rêves. Tout d’abord, s’imprégner de l’atmosphère des lieux. Arpenter les salles, laisser le regard glisser sur les toiles bigarrées, puis, de temps en temps, se gorger la pupille de la grande bleue qui s’étend au pied de la colline. Prendre le pouls des lieux, de ce qui a pu inspirer l’artiste. Peintures, collages, tout est couleur, exubérance et exotisme. Globe-trotter incurable, Isis Nassar passe 6 mois par an en voyage. Parmi ses nombreuses escales : Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Nord, Chine, Vietnam, Oman, Qatar, Yémen, Bahreïn, Érythrée, Éthiopie, Chili, Argentine, Brésil. Marquée par ces multiples paysages, son œuvre reflète son attirance pour les cultures primitives ainsi que sa fascination pour la nature. Quittant son Angleterre natale, où elle a suivi ses études en beaux-arts, elle est en perpétuel déplacement pour peindre le bonheur de vivre, l’éclat des couleurs et leurs reflets. Il y a un romanesque propre à Isis Nassar. Chaque peinture qu’elle crée renvoie à une ville, à une atmosphère particulière, faite de lenteur et de nostalgie, perpétuellement évocatrice d’un exotisme flamboyant. Les couleurs se chevauchent, créant des perspectives. Les personnages dessinés se tiennent, dans une pose assez figée, devant une maison ou une construction typique. Chez elle, beaucoup passe par les regards plus que par les mouvements. «J’aime bien mettre en scène les gens que je rencontre au cours de mes voyages.. J’aime bien partir, être dans des villes où je suis complètement étrangère. Il y a un plaisir d’être ailleurs, de s’imprégner de nouvelles sensations, ressentir de nouvelles atmosphères. C’est ma source d’inspiration». Dans une ville étrangère, chaque coin de rue, chaque maison sont nouveaux, les gens ne parlent pas pareil, ne mangent pas la même chose. Que d’images, que de visages ! L’expression du visage, la physionomie des gens revêtent une importance primordiale pour l’artiste. «Je n’aime pas les visages stéréotypés». Elle croque les personnages, assemble un motif par des collages, ajoute un détail par ci, embellissant un brin le paysage. En adoptant cette démarche, Nassar tente de donner une apparence nouvelle à la réalité. C’est ainsi qu’elle nous donne à voir, là, souvenirs de ses séjours en Australie, des scènes de la vie familiale des aborigènes. En offrant ce panorama au spectateur, elle a voulu montrer ce qu’un simple regard ne pouvait révéler. «L’important, dit-elle, ce n’est pas le sujet du tableau, mais c’est la façon dont on le regarde». Chaque spectateur est invité à reconstruire le site, en se déplaçant un peu comme sur un puzzle. D’autres paysages sont présentés, notamment ceux qu’elle a peints au Yémen. Les regards s’y teintent d’une certaine tristesse à laquelle Isis Nassar pourtant refuse de succomber. «La vie est ainsi faite : il y a le bon et le mauvais». Ailleurs, cette campagne anglaise qui paraît si étrange, si luxuriante, presque fantasmagorique sous l’excès des couleurs : «Je voulais montrer, dit-elle, combien le monde est beau». Avide de grands espaces et de nouveaux horizons, Isis Nassar part à la découverte de ces gens qui vivent à l’écart de la civilisation. «Ces peuples là sont très traditionnels, remarque-t-elle. Et ils sont aussi très accueillants». Au gré de ses pérégrinations dans les rues, les marchés, elle rencontre une figure intéressante. «Ce sont souvent les enfants qui m’emmènent chez les parents. Ces derniers m’accueillent, m’offrent une boisson ou un café. Je leur propose de les peindre. Ils acceptent tout simplement». Nassar s’adapte facilement à la culture du pays qu’elle visite. Au Yemen, elle a porté le voile. Au Vietnam, elle a appris la langue du pays. La qualité la plus importante chez l’artiste ? La réponse fuse : «La sincérité». La leçon qu’elle tire de ses nombreux déplacements ? «Faire confiance aux êtres et aux capacités incroyables de chacun d’affirmer son identité au regard de l’Histoire. Cela veut dire encore que chacun est en charge d’écrire sa propre musique, de dessiner sa peinture pour inscrire son nom sur les registres du monde. Et ne pas décevoir». Qui ? «Soi-même».
À Bkenneya, sur les hauteurs de Jal el-Dib, une maison en pierre de taille, aux balustrades en fer forgé, abrite l’atelier du peintre Isis Nassar. C’est dans la maison de ses ancêtres que l’artiste donne à voir une cinquantaine de ses œuvres, souvenirs en couleurs de ses nombreux voyages. Insatiable, elle a le goût des choses exotiques, des mœurs, coutumes et formes artistiques des...