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Liban - Déchets ménagers

Crise des déchets : Des plans successifs ? Plutôt une stratégie...

Deux organismes de la société civile ont fait hier une proposition pour sortir le pays du cercle vicieux des solutions temporaires pour la gestion des ordures.

La crise des déchets, qui a pris fin avec un plan de gestion controversé en mars, montre la nécessité d’une stratégie globale. Ici, une photo d’archives prise à La Quarantaine. Photo Hassan Assal

Personne n'est près d'oublier le cafouillage qui a mené à la crise des déchets en 2015 et qui lui a assuré une funeste longévité. Un cafouillage né d'années de mauvaise planification et de primauté des intérêts individuels sur l'intérêt général, accouchant récemment d'un plan de décharges côtières controversées.
Selon deux associations de la société civile, Nahnoo et le Conseil libanais de l'environnement et du développement, le seul moyen de briser le cercle vicieux est de pousser le gouvernement à adopter une réelle stratégie globale de gestion des déchets, qui apporterait aux politiques adoptées dans ce domaine la cohérence qui s'impose.
Entre les plans de gestion des déchets et une stratégie, il y a un monde. C'est ce qu'a expliqué hier Mohammad Ayoub, président de Nahnoo, lors d'une rencontre-débat organisée avec le concours de la Fondation Friedrich Ebert. Il rappelle qu'une stratégie, contrairement à un simple plan, permet de mettre au point une vision à long terme qui façonnera les politiques à envisager dans ce domaine. « Est-ce notre mission d'élaborer des stratégies? se demande-t-il. À Nahnoo, nous sommes convaincus que la frontière entre les autorités et la société n'est pas si hermétique et que nous devons contribuer à la naissance d'une stratégie, ce qui est conforme à notre vision de la participation, sans pour autant endosser le rôle et la responsabilité des autorités. »

 

(Lire aussi : Plaidoyer pour un développement du recyclage en vue d'une société sans déchets)

 

Pour sa part, Habib Maalouf, journaliste et président du Conseil libanais de l'environnement et du développement, a énuméré ce qu'il pense être les étapes indispensables pour une bonne gestion des déchets. Pour lui, les déchets étant les résidus de notre vie moderne, il convient d'adopter, à leur propos, une vision « philosophique ». Une telle vision est cruciale, d'après lui, si l'on veut être en mesure de prendre les choix qui s'imposent : à titre d'exemple, si l'on donne la primeur à un choix tel que celui de la réduction des déchets à la base – décourager l'usage des sacs en plastique par exemple–, il conviendrait, dans le cadre d'une stratégie globale, d'adapter la politique tarifaire à ce choix.
En second lieu, sur la pyramide suggérée dans le texte rendu public hier, vient l'élaboration d'une stratégie environnementale, puis d'une stratégie de gestion des déchets, qui consacre tous les principes découlant des choix d'une société, comme la réduction ou le tri à la base, le recyclage, la protection des ressources... « Celui qui élabore la stratégie doit avoir une vision globale du problème – écologique, économique, sociétale... – et être dénué de tout intérêt personnel dans une entreprise en rapport avec la gestion des déchets, poursuit-il. Voilà pourquoi la vision doit être élaborée avant le choix de telle ou telle technologie. »
De la stratégie de gestion des déchets découlent donc les politiques, qui donnent lieu aux lois et décrets, suivis de plans exécutifs, puis aux mesures plus pratiques comme les cahiers des charges, les appels d'offres, les mécanismes de contrôle, puis la révision et les modifications. « Or la plupart du temps, on voit le gouvernement brûler toutes les étapes pour aller directement aux plans exécutifs, qui sont, depuis 1997, des plans d'urgence, comme le dernier en date d'ailleurs », a-t-il dit.

 

(Pour mémoire : Jihad el-Arab remporte deux fois le même appel d'offres... à 12 millions de dollars d'écart)

 

Du concret !
Ces nobles principes seront-ils mis en application ou resteront-ils des paroles vagues dans un pays où les préoccupations sont loin des stratégies dignes de ce nom et où la transparence manque cruellement aux politiques de gestion des déchets, comme aux autres politiques d'ailleurs ? Ne convient-il pas de mener des actions contre des projets ciblés de l'État, comme l'achat d'incinérateurs sans respect des différents critères requis ? De nombreuses remarques ont porté sur ces points au cours du débat.
Mohammad Ayoub et Habib Maalouf ont rétorqué que l'étude sur les propositions en vue d'une stratégie, présentée hier, est de loin plus extensive que les précédentes, offrant une alternative concrète dans laquelle il est possible de puiser. Ce texte devrait par ailleurs être discuté au ministère de l'Environnement qui, selon son représentant hier au débat, Bassam Sabbagh, responsable du dossier des déchets, est en passe de produire sa propre stratégie. Un comité de suivi a par ailleurs été constitué, pour suivre de plus près les actions gouvernementales.

S. B.

 

 

Rétrospective
Liban : retour sur un an de crise des déchets

 

Dossier
Dossier spécial : Historique et impact de la crise des déchets

Personne n'est près d'oublier le cafouillage qui a mené à la crise des déchets en 2015 et qui lui a assuré une funeste longévité. Un cafouillage né d'années de mauvaise planification et de primauté des intérêts individuels sur l'intérêt général, accouchant récemment d'un plan de décharges côtières controversées.Selon deux associations de la société civile, Nahnoo et le...

commentaires (1)

"...un comité de suivi a par ailleurs été constitué, pour suivre de plus près les actions gouvernementales..." Un comité de plus...le No combien dans la longue liste de tous les comités, commissions etc. constitués depuis le début de la crise des déchets ? Faudra vite créer un "MINISTERE DES COMITES ET COMMISSIONS", tant il y en a au sein de ce gouvernement ! Au fait, notre super-ministre de l'Environnement, à quoi sert-il dans son ministère ? Citez-nous une de ses solutions efficaces aux problèmes qui concernent son ministère ? Irène Saïd

Irene Said

10 h 33, le 27 juillet 2016

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Commentaires (1)

  • "...un comité de suivi a par ailleurs été constitué, pour suivre de plus près les actions gouvernementales..." Un comité de plus...le No combien dans la longue liste de tous les comités, commissions etc. constitués depuis le début de la crise des déchets ? Faudra vite créer un "MINISTERE DES COMITES ET COMMISSIONS", tant il y en a au sein de ce gouvernement ! Au fait, notre super-ministre de l'Environnement, à quoi sert-il dans son ministère ? Citez-nous une de ses solutions efficaces aux problèmes qui concernent son ministère ? Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 33, le 27 juillet 2016

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