Jihad el-Arab remporte deux fois le même appel d’offres... à 12 millions de dollars d’écart

Peut-on remporter deux fois un appel d'offres pour le même projet, dont les critères n'ont pas changé, et pour un budget de plus de 12 millions de dollars de moins ? La société al-Jihad, appartenant à l'homme d'affaires Jihad el-Arab, l'a fait. Elle a une nouvelle fois remporté hier l'appel d'offres pour l'aménagement de la décharge dite du Costa Brava (à l'embouchure du fleuve Ghadir, littoral de Choueifate), après l'annulation de la même adjudication qui avait eu lieu le 12 mai, a confirmé à L'Orient-Le Jour une source proche du dossier.
Se pose ainsi le problème de savoir si la première offre était surévaluée ou, si ce n'est pas le cas, si la seconde offre va rogner sur la qualité des prestations.
Toujours est-il qu'à l'ouverture des plis hier au siège du Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), la nouvelle offre proposée par Jihad el-Arab s'est avérée être une nouvelle fois la moins chère : elle se chiffre à 59,5 millions de dollars selon les informations de L'Orient-Le Jour, soit quelque 12,5 millions de dollars de moins que la première offre proposée par la même entreprise, qui s'élevait en mai à 72 millions de dollars. Le CDR avait décidé, fin juin, d'annuler l'appel d'offres puis de le relancer, après la clôture de l'appel d'offres de la seconde décharge, celle de Bourj Hammoud, pour laquelle les estimations des prix étaient plus basses pour des prestations similaires. La décharge de Bourj Hammoud a été confiée, le 29 juin dernier, à l'entreprise de Dany Khoury, pour le prix de 109 millions de dollars.
La décharge de Costa Brava est l'une de deux décidées par le Conseil des ministres dans le cadre de son plan de gestion des déchets pour Beyrouth et le Mont-Liban, annoncé en mars dernier – l'autre décharge étant à Bourj Hammoud-Jdeidé. Les deux décharges nécessitent la construction d'un brise-lames en mer et celle de cellules d'enfouissement, mais à Bourj Hammoud, il faudra ajouter la réhabilitation de l'ancien dépotoir. Les deux projets supposent un enfouissement dans l'eau et un remblayage de la mer, ce qui les a rendus d'emblée très controversés, en raison du risque de pollution de la mer et des dégâts irréversibles causés par le remblayage de la côte.