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Nos Lecteurs ont la Parole - Karim NAJJAR

Nous n’avons pas peur !

Du rouge, des membres, des poupées maculées d'horreur, des corps par dizaines, éparpillés, jonchent la large chaussée de la Promenade des Anglais. En ce beau matin, le soleil brille, le ciel est bleu, la mer scintille. Mais la ville saigne.
La France entière s'est réveillée la tête engourdie par ce nouveau carnage, cette nouvelle frappe émanant d'illuminés pensant accomplir un acte grandiose. Il s'imaginent en sauveurs, ou je ne sais quels annonciateurs d'une vérité dont ils sont les seuls à détenir le secret. Sur plus de deux kilomètres, là où des centaines de joyeux lurons admiraient les magnifiques feux d'artifice en ce 14 juillet, là où des enfants ouvraient leurs grands yeux pour mieux apprécier le spectacle, une vague de violence a déferlé, emportant des innocents, sans distinction. La folie humaine a de nouveau frappé. Elle frappe beaucoup trop souvent d'ailleurs. La France n'avait plus connu autant de violence depuis très longtemps.
Tels des petits soldats enivrés par une idéologie meurtrière, ils déferlent par dizaines pour tuer, faire mal, terroriser, sacrifiant leur vie pour leur cause. C'est quand même bête d'abandonner sa vie pour une cause, quelle qu'en soit la nature. Leurs gourous leur promettent le paradis s'ils accomplissent de grands actes et des tueries de masse chez les mécréants. Mais comment ces jeunes gens peuvent-ils croire ces gourous ? Comment peut-on croire qu'en tuant 10 enfants et 90 autres personnes et en en blessant gravement des dizaines d'autres, on peut avoir une chance d'aller au paradis ?
Comment se présenteront-ils au paradis ? Arriveront-ils en disant : bonjour, je m'appelle Daeshman, j'ai tué 100 personnes sur la corniche hier soir, je mérite bien une place au paradis ? Quel genre de paradis est-ce donc ?
Un endroit qui accueillerait de tels assassins ne peut être qu'un enfer. Au minimum, car je ne connais pas une classification divine plus dure que l'enfer. Mais ayant confiance en l'Éternel, cela doit forcément exister.
Que cherchent-ils alors? À nous terroriser ? À vrai dire, la France a peur quand Griezmann frappe le ballon et ne met pas de but. La France a peur et retient son souffle quand un grand homme qu'elle aime est sur le point de mourir. Mais pas d'une bande de terroristes désaxés.
Témoin au Liban au cours de mon enfance de nombreux épisodes violents et de beaucoup d'attentats sanglants qui ont endeuillé notre peuple, je ne me souviens à aucun moment d'avoir eu peur de mourir.
Les Libanais hier, les Français aujourd'hui ne peuvent pas avoir peur devant cette haine, cette inhumanité si pauvre qu'elle ne sait plus s'exprimer qu'à travers une arme. Nous n'avons que faire de cette bande de fous qui cherchent à nous faire peur. Je tremble devant un malade qui agonise et qui lutte pour la vie. Je frémis devant une femme en pleurs qui a perdu son enfant. Je pâlis devant ces millions de personnes qui sont dans le besoin et qui ne mangent pas à leur faim. Mais jamais je ne pourrai avoir peur d'une bande de cinglés qui ne représentent rien. Jamais !
Nous pourrions avoir peur de tout, sauf de vous.

Karim NAJJAR

Du rouge, des membres, des poupées maculées d'horreur, des corps par dizaines, éparpillés, jonchent la large chaussée de la Promenade des Anglais. En ce beau matin, le soleil brille, le ciel est bleu, la mer scintille. Mais la ville saigne.La France entière s'est réveillée la tête engourdie par ce nouveau carnage, cette nouvelle frappe émanant d'illuminés pensant accomplir...

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