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Liban - Flânerie

Une après-midi sur la corniche de Beyrouth

Un espace morcelé en bord de mer, dans lequel différents groupes sociaux se croisent, se toisent parfois, sans véritablement se côtoyer.

Un espace public où des gens de tous âges, de toutes classes sociales et communautés se côtoient au quotidien.

Manara, la corniche du bord de mer, ou l'un des rares espaces véritablement publics à Beyrouth... Ici, il est encore possible de déambuler sur un sol régulier, dans une allée relativement large et espacée, bordée de quelques élégants palmiers. Une échappatoire, permettant de fuir l'étouffement beyrouthin, d'entrevoir le temps d'une promenade un horizon plus lointain. Le joggeur et le cycliste pourraient un instant se croire sur la Côte d'Azur, s'ils n'étaient ramenés à la réalité par les effluves s'échappant de la mer polluée.
Depuis la fin de la guerre civile, la corniche est aussi un lieu de rassemblement fréquenté par tous ceux qui habituellement se fuient et se retrouvent ici, par inadvertance, malgré leurs stratégies. « N'y va surtout pas le dimanche soir, il y a trop de monde, il est impossible de marcher », entend-on parfois chez les habitués. Il ne s'agit pas là d'une simple question d'espace : le dimanche soir, toute la banlieue sud semble déferler sur la corniche. Toutefois, une journée ne compte pas assez d'heures pour éviter les rencontres indésirables.
En déambulant un mardi après-midi, on aperçoit un rassemblement sur le trottoir d'en face. Un homme fait un discours sur un ton emporté, presque religieux, attirant quelques promeneurs qui s'arrêtent pour l'écouter. « Qui est-ce ? » demande-t-on. « Un rassemblement de nassériens », nous répond un vieillard assis sur un banc, un sourire aux lèvres. Un peu plus loin, un homme exhibe fièrement à ses amis le poisson luisant qu'il vient de pêcher, mais ceux-là, adossés à la barrière, ont le regard amorphe, noyé dans le décolleté d'une jeune fille à la peau dénudée. Celle-ci, des écouteurs dans les oreilles, se dandine dans son nouveau jogging trop serré, tout en affectant de marcher d'un air assuré.
La corniche, un espace morcelé donc, dans lequel différents groupes sociaux se croisent, se toisent parfois, sans véritablement se côtoyer. Depuis la crise syrienne, les réfugiés se sont ajoutés à la mosaïque. Lorsque le promeneur se penche par-dessus la clôture pour contempler la mer, il ne peut échapper au spectacle, parfois oppressant, de la misère. Partout gisent des tentes et des campements, des enfants empêtrés dans leur couche se baignent parmi les bouteilles en plastique négligemment balancées, quelques tchadors noirs découpent les vagues et les rochers. Assis en tailleur sur le sable, un homme fait de son sceau en plastique une derbakké. Il bat la mesure et chante sur une musique de Abdelhalim – dérangeant spectacle de gaieté. Les notes joyeuses résonnent à l'oreille des promeneurs, certains se penchent par-dessus la barrière. L'homme lève la tête, lance un regard à ceux qui l'observent, et continue de chanter.
Au loin, le soleil s'est couché et les réverbères sont éteints. Les promeneurs ne sont plus que des silhouettes indistinctes : ils cessent enfin de s'observer.

Manara, la corniche du bord de mer, ou l'un des rares espaces véritablement publics à Beyrouth... Ici, il est encore possible de déambuler sur un sol régulier, dans une allée relativement large et espacée, bordée de quelques élégants palmiers. Une échappatoire, permettant de fuir l'étouffement beyrouthin, d'entrevoir le temps d'une promenade un horizon plus lointain. Le joggeur et le...
commentaires (1)

Moi je trouve que la corniche de Beyrouth est un lieu magique. Y aller l'été au coucher du soleil, quand la chaleur est tombée, pour se promener parmi les joggeurs, les vendeurs de kaak, les cyclistes, les piétons, les poussettes, les amoureux énamourés, les couples qui s'engueulent et les esseulés en quête de l'âme sœur; s'accouder au garde-corps pour regarder les gamins plonger dans l'eau, nager parmi les rochers; regarder la nuit tomber, les yachts au loin... Bizarrement, je ne retrouve rien de cette ambiance dans cet article snob et dédaigneux. C'est bien dommage. La poésie est là. Il suffit d'écouter sa petite musique, même si c'est du "Abdelhalim".

Marionet

00 h 12, le 24 juillet 2016

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Commentaires (1)

  • Moi je trouve que la corniche de Beyrouth est un lieu magique. Y aller l'été au coucher du soleil, quand la chaleur est tombée, pour se promener parmi les joggeurs, les vendeurs de kaak, les cyclistes, les piétons, les poussettes, les amoureux énamourés, les couples qui s'engueulent et les esseulés en quête de l'âme sœur; s'accouder au garde-corps pour regarder les gamins plonger dans l'eau, nager parmi les rochers; regarder la nuit tomber, les yachts au loin... Bizarrement, je ne retrouve rien de cette ambiance dans cet article snob et dédaigneux. C'est bien dommage. La poésie est là. Il suffit d'écouter sa petite musique, même si c'est du "Abdelhalim".

    Marionet

    00 h 12, le 24 juillet 2016

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