La population de Amchit massée sur l’autoroute hier matin pour dénoncer l’interpellation de policiers municipaux. Photos Nasser Traboulsi
L'interpellation, mercredi soir, de cinq policiers municipaux jugés responsables de mesures de sécurité « musclées » prises à Amchit à l'encontre de réfugiés syriens a suscité des remous hier matin.
Mercredi, deux photos avaient circulé sur les réseaux sociaux, l'une montrant de dos plus d'une quinzaine de réfugiés se tenant debout, alignés et surveillés par un agent municipal, et l'autre montrant ces mêmes personnes toujours de dos, mais accroupies, les mains sur la tête. À la vue de ces images, qui en apparence témoignent d'un abus de pouvoir, le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, avait ordonné sur-le-champ l'ouverture d'une enquête et sommé le président du conseil municipal « de cesser immédiatement ce type de violations, sous peine de sanctions disciplinaires qui seraient prises à l'encontre de leurs auteurs ».
Dans le même esprit, les cinq policiers municipaux ont été interpellés le soir même, passant toute la nuit au sérail de Jbeil. Ayant exhorté en vain les autorités à les relâcher, une partie de la population s'est rassemblée dans la matinée près du principal carrefour de la ville, provoquant l'obstruction de la voie publique.
La tension n'est retombée que vers 15h30, après que Walid Khoury, député de Jbeil, et Antoine Issa, président de la municipalité de Amchit, se sont rendus sur le lieu du sit-in pour informer les protestataires que les agents municipaux avaient été relaxés.
« Un film de science-fiction »
Les deux responsables, ainsi qu'un autre député de la région, Simon Abi Ramia, se sont employés hier à défendre les policiers interpellés. Walid Khoury a ainsi souligné à L'Orient-Le Jour que « ces mesures sécuritaires s'inscrivent dans le cadre des compétences et du rôle de la municipalité ». Relatant les circonstances de l'incident, il affirme que cela s'est passé en fait il y a deux semaines, et non mercredi comme l'ont laissé croire les personnes qui ont fait circuler les images sur les réseaux sociaux.
« Il y a 15 jours, la municipalité de Amchit a été informée de la présence, dans un appartement, de Syriens en situation illégale et présentant un danger au niveau sécuritaire. Dépêchés sur les lieux, les agents de la police municipale ont alors, dans le cadre de leurs fonctions, opéré une descente dans ledit appartement, en l'occurrence une chambre, pour découvrir que... plus de 30 jeunes gens y étaient confinés », raconte M. Khoury, qui insiste sur « l'absence, dans cette pièce, de femmes et d'enfants ».
« Cette rafle surprise n'a pas empêché que cinq ou six de ces occupants s'échappent, ce qui a poussé les policiers municipaux à enjoindre à leurs camarades de s'aligner contre le mur et même de s'accroupir », indique le député, qui estime que « ces agents, non armés, ne pouvaient utiliser un autre procédé pour parvenir à contrôler un groupe qui était en net surnombre ».
« D'ailleurs, indique-t-il, ces postures fixées par les photographes ne se sont pas prolongées au-delà de deux heures, les policiers ayant été contraints de relâcher les réfugiés en situation illégale après avoir en vain sollicité le renfort de la gendarmerie. » Et de faire observer : « Les policiers qui remplissent leur mission ont été emprisonnés, alors que des individus entrés clandestinement dans le pays se trouvent dans la nature. » « N'est-ce pas là un film de science-fiction ? » s'exclame-t-il.
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Fermeté, non racisme
Simon Abi Ramia, député de Jbeil, a de son côté affirmé que « la lutte contre le terrorisme impose une part de fermeté des services de sécurité ». Il a estimé que « les habitants de la région sont loin d'être racistes, mais (que) leurs réactions ou même celles des agents de sécurité sont le résultat d'obsessions sécuritaires qui hantent tous les Libanais ».
M. Abi Ramia a en outre souligné que « les policiers de la municipalité de Amchit se sont mobilisés en coordination avec les services sécuritaires dans l'objectif de préserver la sûreté des Libanais ». Il a prôné dans ce cadre « un équilibre entre, d'une part, les droits de l'homme et, de l'autre, la sécurité et la vie des Libanais ».
Enfin, le président de la municipalité de Amchit, Antoine Issa, a fait observer que « les policiers n'auraient pas été relâchés s'ils avaient commis une quelconque infraction à la loi dans le cadre de leurs fonctions », mettant en garde contre « toute tentative de donner des policiers une image confessionnelle ou raciste ». M. Issa a enfin affirmé que les habitants de Amchit sont hospitaliers et qu'ils accueillent plus de 3 000 déplacés syriens.
Pour mémoire
Un million de réfugiés enregistrés à la fin du premier trimestre
Perquisitions, couvre-feu et mesures restrictives pour réglementer la présence des réfugiés syriens
DANS LE CONTEXTE ACTUEL DES CHOSES... ILS ONT FAIT PLUS QUE PROPREMENT LEUR TRAVAIL POUR LA SECURITE DES LIBANAIS... QUE CA PLAISE OU NON A CERTAINS ABRUTIS...
10 h 13, le 15 juillet 2016