Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé jeudi soir à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine et discuter de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) et le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'el-Qaëda. Photo AFP / ALEXANDER NEMENOV
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé jeudi soir à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine et discuter de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) et le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'el-Qaëda.
Selon des informations du quotidien Washington Post, M. Kerry va proposer au président russe une coopération militaire en Syrie contre ces deux organisations jihadistes.
Avant de partir pour Moscou après les célébrations de la fête nationale du 14 juillet à Paris, le chef de la diplomatie américaine n'a pas apporté de démenti à ce sujet mais a refusé de fournir plus de détails sur cette proposition.
Pour sa part, la Russie n'a pas souhaité commenter les informations de la presse américaine mais a pris soin de rappeler que "le président Poutine a, de manière répétée, déclaré que le Kremlin considérait que la lutte contre le terrorisme en Syrie et dans les Etats voisins ne pouvait être menée qu'en commun", selon son porte-parole Dmitri Peskov.
Tout accord entre Moscou et Washington risque d'être fortement controversé car il pourrait être perçu, notamment par les critiques de Barack Obama, comme une approbation tacite donnée au maintien de Bachar el-Assad au pouvoir.
Or, le sort du président syrien reste la principale pierre d'achoppement dans les différents cycles de pourparlers organisés jusqu'à présent sous l'égide de l'Onu à Genève.
Dans une interview diffusée jeudi matin par la chaîne de télévision américaine NBC News, le président syrien affirme que les Russes "n'ont jamais dit un mot" sur son départ du pouvoir. M. Assad assure par ailleurs ne pas nourrir d'inquiétudes quant à la possibilité que Russes et Américains décident un jour qu'il doit quitter ses fonctions.
(Lire aussi : Assad affirme que Moscou n'a jamais évoqué avec lui son départ)
Centre de commandement commun
Selon le Washington Post, la proposition américaine consiste à établir un centre de commandement commun pour diriger une intense offensive aérienne contre les combattants de l'EI et d'Al-Nosra, qualifiés de groupes terroristes par le Conseil de sécurité de l'Onu.
Exclus du cessez-le-feu convenu fin février entre l'armée régulière et les rebelles plus modérés sous le parrainage de la Russie et des Etats-Unis, ils sont la cible de bombardements de l'aviation russe.
Mais Washington accuse Moscou d'également cibler au cours de ces raids aériens des rebelles modérés opposés au président Assad, dont le Kremlin est le principal allié et qui le soutient militairement depuis le 30 septembre.
La Russie dément et exige que les Etats-Unis demandent aux rebelles de se retirer des lieux occupés par Al-Nosra et l'EI.
"C'est une promesse faite par les Etats-Unis", a martelé mardi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui doit rencontrer M. Kerry vendredi, au lendemain des entretiens jeudi soir au Kremlin.
M. Kerry "discutera avec les Russes de l'importance de focaliser leurs efforts sur l'EI et el-Qaëda", a dit à l'AFP un haut responsable du Département d'Etat américain, estimant néanmoins qu'on "ignore si (Washington) obtiendra un accord dans ce sens".
Jusqu'à présent, les Etats-Unis, à la tête d'une large coalition internationale, concentrent leurs efforts sur la lutte contre l'EI et ont toujours refusé de procéder à des frappes communes avec l'armée russe.
Concernant le processus de paix au point mort depuis des mois, l'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, accusé par Moscou de "se défausser de ses responsabilités", a affirmé jeudi qu'il visait une troisième session de pourparlers en "août". Il avait auparavant espéré une reprise des discussions en juillet, afin d'amorcer une transition politique en août.
Repère
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Quand on en arrive à faire des comparaisons aussi désuètes que stupides, que va til rester comme argument crédible pour nos temps modernes. Attention quand on fait référence à l'antiquité on risque d'y rester.
23 h 05, le 14 juillet 2016