Nabih Berry, une personnalité incontournable pour tout compromis.
Le président du Parlement, Nabih Berry, s'évertue depuis quelques jours à expliquer à ses visiteurs la portée du package deal évoqué lors de la dernière réunion du dialogue national et qui devrait être longuement discuté lors du prochain rendez-vous du dialogue, soit les 2, 3 et 4 août.
Pour le locataire de Aïn el-Tiné, sa vision de ce package deal – qui porte sur la loi électorale, les élections municipales, l'échéance présidentielle et le gouvernement, soit un mini-Doha à l'instar du scénario qui s'est déroulé dans la capitale du Qatar en 2008 – n'est pas à confondre avec l'idée de la Constituante, une proposition attribuée au Hezbollah. Pour M. Berry, le package deal n'est pas un prélude à autre chose que les têtes de chapitre précitées, la seule solution étant, selon lui, l'attachement à Taëf, un avis que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a lui-même réitéré en soulignant que la période actuelle n'est pas propice aux changements.
Le président de la Chambre tient également à préciser que même si l'échéance présidentielle est l'un des sujets à débattre dans le cadre du « package deal », cela ne veut pas dire pour autant que les échanges porteront sur la promotion d'un candidat précis aux dépens d'un autre. D'ailleurs, c'est un point que Nabih Berry a indirectement tenu à clarifier devant le chef du CPL, Gebran Bassil, en lui signifiant qu'il faudrait désormais se défaire de l'idée de vouloir imposer le « quartette » des candidats en lice, sans considérer d'autres options. Quant au blocage de l'élection présidentielle, M. Berry l'a clairement imputé à l'impossibilité pour les parties concernées à parvenir à une entente sur le sujet.
Selon certains milieux politiques, les « fuites » de Aïn el-Tiné visent par ailleurs à apporter une clarification au lendemain des interprétations multiples dont a fait l'objet la visite du chef du bloc du Changement et de la Réforme, Michel Aoun, auprès de M. Berry, à l'occasion de la fête du Fitr. Elles visent également à faire le point sur « l'accord conclu » entre ce dernier et M. Bassil autour du dossier du pétrole, mettant fin à une paralysie qui aura duré plus de quatre ans. Le blocage était vraisemblablement dû à une divergence des points de vue entre les deux hommes autour du nombre des « blocs » qui doivent faire l'objet d'adjudications, M. Bassil proposant de commencer par deux blocs uniquement, de sorte à ce que les autres adjudications soient effectuées à la lumière de cette première expérience. Le président du Parlement défendait pour sa part l'idée de l'adjudication des dix blocs d'un seul coup. Ce serait finalement l'avis de M. Bassil qui l'aurait remporté, notamment au lendemain des échanges qui ont eu lieu entre M. Berry et le secrétaire d'État adjoint américain à l'Énergie, Amos Hochstein.
(Lire aussi : Pétrole et gaz : les véritables enjeux de l'accord surprise, le décryptage de Scarlett Haddad)
Entre-temps, l'échéance présidentielle fait du surplace localement mais aussi internationalement, puisque les réunions qui ont eu lieu entre les responsables français et leurs interlocuteurs iraniens, d'une part, et saoudiens, d'autre part, non pas abouti à ce jour. Et ce en dépit d'une attitude « positive » qu'auraient exprimée les deux parties, les Iraniens ayant invité les Libanais à s'entendre entre eux sur la question, et les Saoudiens affirmant n'avoir aucun veto contre l'un ou l'autre des candidats. En bref, ils avaliseraient toute entente interlibanaise.
À ce propos, des sources politiques au sein du 8 Mars insistent à dire pour leur part que les rumeurs au sujet de conditions qu'aurait placées l'Iran pour l'élection d'un chef de l'État sont infondées, d'autant que les deux candidats actuellement en lice sont des alliés de la République islamique et représentent tous deux une garantie sûre aussi bien pour l'Iran que pour son pendant libanais, le Hezbollah.
C'est dans ce climat d'incertitude que s'inscrit donc la prochaine visite à Beyrouth du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, chargé d'une énième tentative de trancher ce nœud gordien. Le chef de la diplomatie française, dont l'objectif est de sonder une fois de plus les avis des protagonistes en présence dans l'espoir de pouvoir relancer la dynamique, n'apporte pas avec lui une solution précise, encore moins des suggestions en matière de candidatures, mais plutôt une mise en garde française contre les risques que comporte cette phase et du danger de voir la fragile stabilité du pays sérieusement remise en cause, assurent des sources françaises.
Pour mémoire
L'initiative de Berry à mi-chemin entre les pressions françaises et l'agenda iranien
L'accord Berry-Bassil : une entente locale pour des motifs régionaux ?
effectivement ils sont entrain de voir comment se partager ce gateau hautement lucratif ... ET LA JE PARLE DE TOUS LES MEMBRES AU GOUV !! sans exception aucune
14 h 50, le 10 juillet 2016