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Moyen Orient et Monde - Terrorisme

Dacca, Istanbul, Paris : comment arrêter les tueurs ?

Tout ce que les forces spécialisées peuvent faire est intervenir au plus vite pour limiter le nombre de victimes, estiment les experts.

En France, comme dans les autres pays aux prises avec la menace terroriste, les modes d’intervention sont en train d’être revus. Philippe Lopez/AFP

Si un travail de renseignements en amont n'a pas permis de les repérer, des tueurs comme ceux du restaurant de Dacca, de l'aéroport d'Istanbul ou du Bataclan à Paris sont quasiment impossibles à arrêter, jugent des experts. Face à des jihadistes bien armés, entraînés et résolus à mourir en emportant avec eux le maximum d'« infidèles », tout ce que les forces spécialisées peuvent faire est intervenir au plus vite pour limiter le nombre de victimes, ajoutent-ils.
Face à une telle menace, multiplier aux entrées vigiles, détecteurs de métaux ou fouilles de bagages ne sert pratiquement à rien. « Un simple policier ou un garde en uniforme même armé sera bien sûr la première cible, le premier mort », dit à l'AFP Frédéric Gallois, ancien chef du GIGN (unité d'élite de la gendarmerie française), aujourd'hui reconverti dans la sécurité privée. « Il n'y a pas de solution tactique idéale : il y aura toujours des victimes. Il faut qu'il y en ait le moins possible. »
« À Istanbul, la police turque a limité les dégâts : il y a eu 45 morts, mais il y aurait pu en avoir des centaines », poursuit-il. « Un homme armé a neutralisé un premier agresseur rapidement, ça les a obligés à passer à l'acte. Ils n'ont pas pu s'installer pour tuer, comme ils l'ont fait dans le restaurant au Bangladesh. »
Selon la presse turque, le plan des kamikazes était d'entrer dans l'un des terminaux, de prendre des otages, d'attendre les forces de l'ordre avant de se faire sauter. Les manteaux qu'ils portaient malgré la chaleur, pour cacher leurs gilets d'explosifs, ont éveillé les soupçons d'un policier.
Dans la Holey Artisan Bakery de Dacca, en revanche, rien n'a arrêté les tueurs, qui se sont barricadés avec les otages. Ils ont séparé les locaux des étrangers, qu'ils ont égorgés. L'assaut n'a eu lieu que onze heures plus tard.
« Pour être franc : face à des assaillants pareils, en matière de sécurité statique, il n'y a aucun moyen de faire face », confie à l'AFP un ancien chef d'un service français de renseignements, qui demande à rester anonyme. « Un simple vigile ne sert à rien. Même un flic entraîné va se barrer en courant parce qu'il craint que le mec n'actionne sa ceinture explosive. Quel que soit l'obstacle, ils le surmonteront. » « Donc le but est de limiter les dégâts le plus possible, et d'avoir des équipes d'intervention équipées, bien entraînées, qui arrivent le plus vite possible », ajoute-t-il.

Une part de chance
En France, comme dans les autres pays aux prises avec cette menace, les modes d'intervention sont en train d'être revus : plus question d'attendre la mise en place d'un dispositif lourd, l'ouverture d'un canal de négociations, l'optimisation des conditions d'intervention. Les forces de l'ordre sont ou vont être équipées et entraînées à intervenir sans attendre.
« Le seul moyen efficace serait de multiplier les équipes de protection armées banalisées, discrètes », estime Frédéric Gallois. « Il faut autoriser policiers et gendarmes à être armés en permanence, s'inspirer des Israéliens. Il suffit parfois d'un homme en civil, discret, avec une arme de poing pour faire dérailler le scénario d'une attaque. Si on leur tire dessus, on renverse l'effet de surprise. C'est délicat en termes de contrôle, c'est vrai, mais il n'y a pas d'autre choix. »
Bien évidemment, l'idéal est de parvenir à déjouer l'attaque quand elle se planifie, par un travail de renseignement. « Il faut surveiller les réseaux, les approvisionnements en armes, la logistique », explique l'ancien maître espion. « Mais il y a tellement de mecs à suivre que ça ne peut pas marcher à tous les coups. Il y a une part de chance. Quand vous tombez sur un réseau et vous vous rendez compte qu'ils préparaient quelque chose. Ça arrive souvent. Mais le renseignement ne sera jamais efficace à cent pour cent. Il est très difficile de savoir quand une équipe va passer à l'action : en fait, ils improvisent beaucoup, et c'est une de leurs forces. »
Pour Frédéric Gallois, « il faut infiltrer, suivre, poser des écoutes, des balises, utiliser des outils tactiques. Il faut contrer le travail de clandestinité de ces groupes. Tout en sachant que les mailles du filet ne seront jamais assez fines pour arrêter tout le monde ».

Michel MOUTOT/AFP

Si un travail de renseignements en amont n'a pas permis de les repérer, des tueurs comme ceux du restaurant de Dacca, de l'aéroport d'Istanbul ou du Bataclan à Paris sont quasiment impossibles à arrêter, jugent des experts. Face à des jihadistes bien armés, entraînés et résolus à mourir en emportant avec eux le maximum d'« infidèles », tout ce que les forces spécialisées peuvent...
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