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Santé - Endocrinologie

Diabète : la glycosurie ne fait plus peur

Une nouvelle classe d'antidiabétiques oraux fait baisser le taux de glycémie dans le sang, en augmentant la perte de glucose dans les urines.

Le diabète constitue une préoccupation majeure à l’échelle mondiale avec plus de 387 millions de personnes qui en souffrent dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé. Photo Bigstock

Soigner le mal par le mal semble être la nouvelle tendance dans la prise en charge du diabète. En effet, jusqu'à une période récente, la présence de glucose dans les urines était un indicateur de la maladie et nécessitait un traitement. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Chez un grand nombre de patients, la maladie est justement traitée par une accentuation de la perte du glucose dans les urines, ce qui permet de baisser le taux de glycémie dans le sang. Une nouvelle classe d'antidiabétiques oraux, dits inhibiteurs de SGLT2, agit dans ce sens. Elle vient s'ajouter au traitement oral ou à l'insuline chez la personne souffrant d'un diabète de type 2. Mais aucune indication n'a encore été faite pour l'utilisation de ces médicaments chez les diabétiques de type 1.
Rappelons que le diabète de type 1 est dû à un déficit total de l'insuline sécrétée par le pancréas. Il est diagnostiqué principalement chez les personnes jeunes, ayant des prédispositions génétiques. Il constitue 10 % de l'ensemble des cas de diabète. Le diabète de type 2, en revanche, est dû à une résistance à l'insuline. Pour éviter une élévation du taux du glucose dans le sang, le pancréas sécrète une plus grande quantité d'insuline et finit par s'épuiser. De ce fait, la quantité d'insuline qu'il sécrète devient insuffisante pour réguler le taux de glucose dans le sang. Cette forme de diabète est essentiellement due à un mode de vie malsain. Généralement, elle apparaît après l'âge de 40 ans, mais de plus en plus de cas sont diagnostiqués à un âge jeune en raison de l'obésité abdominale, de la sédentarité, du tabagisme et de la mauvaise alimentation.

Réduction des risques cardio-vasculaires
« La SGLT2 ou cotransporteur sodium-glucose de type 2 est une protéine qui réabsorbe dans les reins le glucose pour empêcher qu'il ne se concentre dans les urines », explique le Dr Sélim Jambart, professeur émérite d'endocrinologie, en marge d'une conférence organisée récemment par les laboratoires Boehringer Ingelheim sur les avancées dans la prise en charge du diabète.
« Normalement, quelque 180 g de glucose passent tous les jours par les reins, poursuit-il. Chez la personne diabétique, la quantité de sucre présente dans le sang est supérieure à 180 g. La SGLT2 ne pouvant pas tout absorber, l'excès de sucre passe dans les urines. En bloquant cette protéine, le sucre passera en plus grande quantité dans les urines, entraînant une baisse du taux de glucose dans le sang. Cela entraîne une amélioration immédiate des fonctions pancréatiques, notamment de la cellule bêta qui sécrète l'insuline. »
Le diabète constitue une préoccupation majeure pour les autorités sanitaires à l'échelle mondiale, d'autant qu'il est accompagné de nombreuses complications. Quel que soit le type de la maladie, le diabète, qui touche plus de 387 millions de personnes dans le monde selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), peut en fait entraîner une rétinopathie (atteinte de la rétine), une néphropathie ou insuffisance rénale, comme il peut toucher les petits vaisseaux et les gros vaisseaux de l'organisme.
« Les risques de maladies cardio-vasculaires augmentent chez la personne diabétique, constate le Dr Jambart. Il est important donc dans la prise en charge de la maladie de réduire ces risques. Malheureusement, nous n'avons jamais réussi à obtenir à ce jour les résultats souhaités à ce niveau. Or une étude menée sur une molécule de cette classe de médicaments, dont les résultats ont été rendus publics en septembre dernier, a montré une baisse significative des risques cardio-vasculaires chez les patients traités avec cet inhibiteur de SGLT2. Nous en ignorons toujours la cause. Nous attendons les résultats des nouvelles études menées dans ce sens pour voir s'il s'agit d'un effet de molécules ou de classe de médicaments. »

Contre-indications
Bien que prometteurs, les inhibiteurs de SGLT2 ont toutefois leurs limites et ne peuvent pas bénéficier à tous les diabétiques de type 2. « Cette classe d'antidiabétiques n'est pas indiquée en cas d'insuffisance rénale », précise le Dr Jambart. « Si la fonction rénale n'est pas optimale, il n'y a aucun intérêt à prescrire ces médicaments au patient d'autant que leur mode d'action n'est pas compatible avec des reins qui fonctionnent mal, ajoute-t-il. Cette classe de médicaments doit aussi être prescrite avec prudence chez les personnes qui présentent des infections urinaires à répétition ou des infections génitales, en raison de la hausse de la fréquence de miction. Les patients doivent donc faire une toilette intime très soignée et ne doivent pas se retenir. La vigilance est aussi de mise chez les personnes âgées diabétiques et hypertendues. Au cas où on leur prescrit des inhibiteurs de SGLT2, on doit souvent diminuer les doses de diurétiques ou même les arrêter. »

Soigner le mal par le mal semble être la nouvelle tendance dans la prise en charge du diabète. En effet, jusqu'à une période récente, la présence de glucose dans les urines était un indicateur de la maladie et nécessitait un traitement. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Chez un grand nombre de patients, la maladie est justement traitée par une accentuation de la perte du glucose dans les...

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