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Moyen Orient et Monde - Entretien express

« La question cruciale est : quelle sera l’attitude de l’UE par rapport à l’Écosse ? »

Des citoyens de Glasgow dépouillent les votes du Brexit, le jeudi 23 juin. Robert Perry/AFP

La Grande-Bretagne a voté à 52 % contre 48 pour le Brexit. Sa sortie de l'UE soulève plusieurs questions, notamment celle de l'indépendance de l'Écosse, opposée à cette sortie. Le Scottish National Party (SNP) compte d'ailleurs réclamer la tenue d'un nouveau référendum sur l'indépendance de l'Écosse. « Nous avons voté pour rester dans l'Union européenne. L'Écosse a délivré un vote fort et sans équivoque pour rester dans l'UE, et je salue cette approbation de notre statut européen. L'Écosse a parlé, et de façon décisive », a déclaré la Première ministre Nicola Sturgeon.
John Curtice, professeur de politique à l'Université de Strathclyde à Glasgow, apporte son éclairage pour L'Orient-Le Jour.

 

(Reportage : Au QG de campagne des pro-Brexit, on fête "l'indépendance" du Royaume-Uni)

 

L'Écosse a voté à 62 % pour le « remain ». Comment expliquer ce score ? Pourquoi les Écossais sont-ils plus europhiles que leurs compatriotes ?
En Écosse, être membre de l'Union européenne (UE) est vu comme un moyen pour les souverainistes de voir leurs aspirations se réaliser. En tant que petit pays, ils pensent pouvoir prospérer en ayant accès à un plus grand marché, celui de l'UE. En Grande-Bretagne, au contraire, leur argument est qu'ils devraient pouvoir se débrouiller seuls, sans l'aide de Bruxelles. Pour les Anglais, être membre de l'UE est vu, par les nombreux citoyens pro-Brexit, comme une entrave à la souveraineté. Ils pensent qu'en sortir les libérera de cette entrave. Le SNP est le parti dominant en Écosse. Il dispose de la moitié des votes et il tient à rester dans l'UE pour devenir un pays indépendant efficace.

 

Quelles sont les différences entre le vote pour le « remain » de l'Écosse et celui de Londres ?
Leurs raisons de voter « remain » sont tout à fait différentes. Londres est une ville jeune, sa population est relativement éduquée et il y a beaucoup de minorités ethniques dans cette métropole. Ces trois éléments justifient la volonté de rester au sein de l'Union européenne, surtout dans un contexte de divisions sociales profondes. Diplômés contre non-diplômés, jeunes contre personnes âgées... Mais ce sont surtout les minorités ethniques qui tiennent à rester dans l'UE.

 

(Lire aussi : Comment les Libanais au Royaume-Uni vivent le choc du Brexit)

 

L'ancien Premier ministre écossais Alex Salmond a estimé le 9 mai dernier que l'Écosse pourrait devenir indépendante deux ans après le Brexit. Aujourd'hui on y est. Pensez-vous que son hypothèse s'avérera juste ? Le Brexit entraînera-t-il une désunion du royaume ?
Pour que cela arrive, certaines choses sont à régler, car il est possible qu'un référendum ait lieu pour aboutir à cette indépendance. Il faudrait d'abord que l'opinion publique change. Pour l'instant, et surtout après ce Brexit, les sondages montrent qu'une petite majorité désire rester au sein du Royaume-Uni.
Ensuite, il faudrait que le SNP fasse passer une loi pour que ce référendum se tienne, mais il n'est pas clair qu'il ait la possibilité de le faire, et comme tous les parlementaires ne sont pas d'accord à ce sujet, une bataille juridique pourrait s'ensuivre.
Enfin, si l'Écosse essaye d'organiser un référendum au cours des deux prochaines années, il faudra, pour maintenir son statut au sein de l'UE, que Bruxelles affirme que l'Écosse doit être indépendante si elle veut rester en son sein. Donc la question cruciale est : quelle sera l'attitude de l'UE à ce sujet ?

 

 

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